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Lundi 1er avril – Lundi de Pâques – Saint Hugues, Évêque de Grenoble (1053-1132) – Bienheureux César de Spire, Confesseur, Premier Ordre Franciscain

Lundi de Pâques

Lundi de Pâques – Station à Saint-Pierre – Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent.

Le mystère de la glorieuse Pâque est si vaste et si profond, que nous n’aurons pas trop des sept jours de cette semaine pour le méditer et l’approfondir. Dans la journée d’hier, nous n’avons fait autre chose que contempler notre Rédempteur sortant du tombeau, et se manifestant aux siens jusqu’à six fois, dans sa bonté et dans sa puissance. Nous continuerons à lui rendre les hommages d’adoration, de reconnaissance et d’amour auxquels il a droit pour ce triomphe qui est le nôtre en même temps que le sien ; mais il nous faut aussi pénétrer respectueusement l’ensemble merveilleux de doctrine et de faits dont la Résurrection de notre divin libérateur est le centre glorieux, afin que la lumière céleste nous illumine de plus en plus, et que notre joie croisse toujours.

A LA MESSE. L’Introït, tiré de l’Exode, s’adresse aux nouveau-nés de l’Église. Il leur rappelle le lait et le miel mystérieux qui leur furent donnes dans la nuit sacrée du Samedi, après qu’ils eurent participé au divin banquet. Ils sont le véritable Israël, introduit dans la véritable Terre promise. Qu’ils louent donc le Seigneur, qui les a choisis du sein de la gentilité pour faire d’eux son peuple de prédilection. A la vue du Christ, son Époux, délivré des liens de la mort, la sainte Église demande à Dieu que nous, les membres de ce divin Chef, nous arrivions à l’heureux affranchissement dont Jésus nous offre le modèle. Trop longtemps asservis par le péché, nous devons comprendre maintenant le prix de cette liberté des enfants de Dieu qui nous a été rendue par la Pâque.

ÉPÎTRE. Saint Pierre adressa ce discours au centurion Corneille, et aux parents et amis de ce gentil, qui les avait rassemblés autour de lui pour recevoir l’Apôtre que Dieu lui envoyait. Il s’agissait de disposer tout cet auditoire à recevoir le Baptême et à devenir les prémices de la gentilité ; car jusque-là l’Évangile n’avait été annoncé qu’aux Juifs. Remarquons que c’est saint Pierre, et non un autre Apôtre, qui nous ouvre aujourd’hui, à nous gentils, les portes de l’Église que le Fils de Dieu a établie sur lui comme sur le roc inébranlable. Voilà pourquoi ce passage du livre des Actes des Apôtres se lit aujourd’hui, dans la Basilique de Saint-Pierre, près de sa glorieuse Confession, et en présence des néophytes qui sont autant de conquêtes de la foi sur les derniers sectateurs de l’idolâtrie païenne Observons ensuite la méthode qu’emploie l’Apôtre pour inculquer à Corneille et aux autres gentils la vérité du christianisme. Il commence par leur parler de Jésus-Christ ; il rappelle les prodiges qui ont accompagné sa mission ; puis ayant raconté sa mort ignominieuse sur la croix, il montre le fait de la Résurrection de l’Homme-Dieu comme la plus haute garantie de la vérité de son divin caractère. Vient ensuite la mission des Apôtres qu’il faut accepter, ainsi que leur témoignage si solennel et si désintéressé, puisqu’il ne leur a valu que des persécutions. Celui-là donc qui confesse le Fils de Dieu revêtu de la chair, passant en ce monde en faisant le bien, opérant toutes sortes de prodiges, mourant sur la croix, ressuscité du tombeau, et confiant aux hommes qu’il a choisis la mission de continuer sur la terre le ministère qu’il y a commencé ; celui qui confesse toute cette doctrine est prêt à recevoir, dans le saint Baptême, la rémission de ses péchés ; tel fut l’heureux sort de Corneille et de ses compagnons ; tel a été celui de nos néophytes. On chante ensuite le Graduel, qui présente l’expression ordinaire de la joie pascale ; le Verset seulement est différent de celui d’hier, et variera chaque jour, jusqu’à Vendredi. Le Verset de l’Alléluia nous retrace l’Ange descendu du ciel pour ouvrir le sépulcre vide, et manifester la sortie victorieuse et spontanée du Rédempteur.

ÉVANGILE. Contemplons ces trois pèlerins qui conversent sur la route d’Emmaüs, et joignons-les par le cœur et par la pensée. Deux d’entre eux sont des hommes fragiles comme nous, qui tremblent devant la tribulation, que la croix a déconcertés, à qui il faut de la gloire et des prospérités, pour qu’ils puissent continuer à croire, « O insensés et cœurs tardifs, » leur dit le troisième voyageur ; « vous ne saviez donc pas qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il n’entrât dans sa gloire que par cette voie ? » Jusqu’ici, nous avons trop ressemblé à ces deux hommes ; le Juif s’est montré en nous plus que le chrétien ; et c’est pour cela que l’amour des choses terrestres qui nous entraînait nous a rendus insensibles à l’attrait céleste, et par là même exposés au péché. Nous ne pouvons plus désormais penser ainsi. Les splendeurs de la Résurrection de notre Maître nous montrent assez vivement quel est le but de la tribulation, lorsque Dieu nous l’envoie. Quelles que soient nos épreuves, il n’y a pas d’apparence que nous soyons cloués à un gibet, ni crucifiés entre deux scélérats. Le Fils de Dieu a éprouvé ce sort ; et voyez aujourd’hui si les supplices du Vendredi ont arrêté l’essor qu’il devait prendre le Dimanche vers sa royauté immortelle. Sa gloire n’est-elle pas d’autant plus éclatante que son humiliation avait été plus profonde ? Ne tremblons donc plus tant à la vue du sacrifice ; pensons à la félicité éternelle qui le paiera. Jésus, que les deux disciples ne reconnaissaient pas, n’a eu qu’à leur faire entendre sa voix, qu’à déduire devant eux les plans de la sagesse et de la bonté divines, et le jour se faisait à mesure dans leurs esprits. Que dis-je ? Leur cœur s’échauffait et brûlait dans leur poitrine, en l’entendant discourir à propos de la croix qui conduit à la gloire ; et si déjà ils ne l’avaient pas découvert, c’est qu’il retenait leurs yeux, afin qu’ils ne le reconnussent pas. De même en sera-t-il pour nous, si nous laissons, comme eux, parler Jésus. Nous comprendrons alors que « le disciple n’est pas au-dessus du maître » ; et en voyant l’éclat immortel dont ce Maître resplendit aujourd’hui, nous nous sentirons inclinés à dire aussi à notre tour : « Non, les souffrances de ce monde passager n’ont rien de comparable avec la gloire qui doit plus tard se manifester en nous. ». En ces jours où les efforts du chrétien pour sa régénération sont payés par l’honneur de s’asseoir, avec la robe nuptiale, à la table du festin du Christ, nous ne manquerons pas de remarquer que ce fut au moment de la fraction du pain que les yeux des deux disciples s’ouvrirent, et qu’ils reconnurent leur maître. La nourriture céleste, dont toute la vertu procède de la parole du Christ, donne la lumière aux âmes ; et elles voient alors ce qu’elles ne voyaient pas avant de s’en être nourries. Il en sera ainsi de nous, par l’effet merveilleux du divin sacrement de la Pâque ; mais considérons ce que nous dit à ce sujet le pieux auteur de l’Imitation : « Ceux-là connaissent véritablement le Seigneur au moment de la fraction du pain, dont le cœur était ardent lorsque Jésus cheminait avec eux sur la route. ». Livrons-nous donc à notre divin ressuscité ; désormais nous sommes à lui plus que jamais, non plus seulement en vertu de sa mort pour nous, mais à cause de sa résurrection, qui est aussi pour nous. Devenons semblables aux disciples d’Emmaüs, fidèles comme eux, joyeux comme eux, empressés, à leur exemple, de montrer dans nos œuvres cette nouveauté de vie que nous recommande l’Apôtre, et qui seule convient à ceux que le Christ a aimés jusqu’à ne vouloir ressusciter qu’avec eux. La sainte Église a placé en ce jour ce passage de l’Évangile préférablement à tout autre, à raison de la Station qui se tient dans la Basilique de Saint-Pierre. Saint Luc y raconte, en effet, que les deux disciples trouvèrent les Apôtres déjà instruits de la résurrection de leur Maître ; « car, disaient-ils, il a apparu à Simon. » Nous avons parle hier de cette faveur faite au prince des Apôtres, et que l’Église romaine proclame avec tant de raison aujourd’hui.

L’Offertoire est formé d’un passage du saint Évangile relatif aux circonstances de la Résurrection du Christ. Dans la Secrète, l’Église demande en faveur de ses enfants que la nourriture pascale soit pour eux un aliment d’immortalité, qui unisse les membres à leur divin Chef, non seulement pour le temps, mais jusque dans la vie éternelle. Pendant la Communion, l’Église rappelle aux fidèles le souvenir de Pierre, qui fut favorisé de la visite du Sauveur ressuscité. La foi de la Résurrection est la foi de Pierre, et la foi de Pierre est le fondement de l’Église et le lien de l’unité catholique. Dans la Postcommunion, l’Église continue à demander pour tous ses enfants, convives du même festin de l’Agneau, l’esprit de concorde qui doit les unir comme les membres d’une même famille dont la nouvelle Pâque est venue sceller l’inviolable fraternité.

Rendons gloire au Fils de Dieu pour l’œuvre qu’il a accomplie dans ce second jour de la création, en séparant les eaux inférieures des eaux supérieures, et en établissant le firmament qui s’étend entre les unes et les autres ; paroles mystérieuses que les Pères ont commentées avec respect, s’attachant au sens spirituel qu’elles présentent de préférence au sens matériel. On y reconnaît la puissance d’un bras divin qui affermit son œuvre, et maintient en équilibre des forces qui demeuraient confondues dans le chaos. La Liturgie Mozarabe nous fournit cette belle prière pour glorifier notre créateur, en ce jour où son œuvre acquiert un nouveau développement.

Il passa dans la solitude plusieurs années de sa vie, et, rendu célèbre par ses glorieux miracles, s’en alla vers le Seigneur.

Sanctoral

Saint Hugues, Évêque de Grenoble (1053-1132)

Saint Hugues naquit à Châteauneuf-d’Isère, près de Valence, en Dauphiné. Pendant que sa mère le portait dans son sein, elle eut un songe où il lui semblait mettre au monde un bel enfant que saint Pierre, accompagné d’autres saints, emportait dans le Ciel et présentait devant le trône de Dieu. Cette vision fut pour ses parents un présage de hautes et saintes destinées; aussi soignèrent-ils son éducation et n’hésitèrent-ils pas à favoriser sa vocation ecclésiastique.  Choisi, jeune encore, par l’évêque de Valence, pour être chanoine de sa cathédrale, il se vit, à vingt-sept ans, obligé d’accepter le siège épiscopal de Grenoble, devenu vacant. Il voulut recevoir l’onction épiscopale des mains du Pape Grégoire VII, qui, connaissant à l’avance son mérite et ses vertus, lui dévoila toute son âme et lui inspira un zèle ardent pour la liberté de l’Église et pour la sanctification du clergé. Hugues trouva son évêché dans le plus lamentable état; tous les abus de l’époque y régnaient en maîtres. Le nouveau Pontife fit d’incroyables efforts pour raviver la foi et relever les moeurs; ses efforts étant infructueux, il résolut de quitter sa charge et se réfugia au monastère de la Chaise-Dieu; mais bientôt le Pape, instruit de ce qui se passait, lui ordonna de retourner à son évêché et de préférer le salut des âmes à son repos personnel.

C’est dans les années suivantes que saint Bruno vint fonder dans son diocèse l’admirable institution de la Chartreuse. Hugues allait souvent dans cet ermitage et vivait avec les Chartreux comme le dernier d’entre eux; son attrait pour la solitude était si fort, qu’il ne pouvait se décider à quitter cette austère retraite, et Bruno se voyait obligé de lui dire: « Allez à votre troupeau; il a besoin de vous; donnez-lui ce que vous lui devez. » Cependant Hugues, par la puissance de sa sainteté, opérait un grand bien dans les âmes; ses prédications véhémentes remuaient les foules et touchaient les coeurs; au confessionnal, il pleurait souvent avec ses pénitents et les excitait à une plus grande contrition. Après quelques années d’épiscopat, son diocèse avait changé de face. Parmi ses hautes vertus, on remarqua particulièrement sa modestie et sa charité.

Dur pour lui-même, il se montrait prodigue pour les pauvres et alla jusqu’à vendre pour eux son anneau et son calice. Toujours il se montra d’une énergie indomptable pour la défense des intérêts de l’Église; il restera toujours comme l’un des beaux modèles de noble indépendance et de fier courage. Son exemple apprend aussi que si le salut des âmes est une chose inestimable, il ne s’opère souvent qu’au prix d’une longue persévérance et d’une grande abnégation. Mort le 1er avril 1132.

Sur l’ordre de saint François, César en choisit vingt-cinq, douze prêtres et treize frères convers, avec lesquels il partit après avoir été fortifié par la bénédiction de leur Père séraphique.

Bienheureux César de Spire, Confesseur, Premier Ordre Franciscain

César est né à Spire sur le Rhin et avait déjà été ordonné prêtre lorsqu’il entra dans l’Ordre des Frères Mineurs. Un sermon du frère Elias qu’il avait entendu une fois l’avait tellement impressionné qu’il rejoignit l’ordre. Lorsqu’il vint à Assise chez le saint Père François, il se sentit fortement attiré par lui, parce qu’il le voyait si plein d’amour pour la méditation et pour la sainte pauvreté. Notre Père Séraphique, en revanche, tenait son nouveau disciple en grande estime, non seulement en raison de son talent extraordinaire et de sa capacité à accomplir la tâche de prédication, mais surtout en raison de ses efforts exemplaires pour observer la règle de l’ordre même dans les moindres détails. détails. Plein de sainte joie, il lui dit un jour : « Tu es prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédek, et toutes les promesses que le Christ m’a faites s’accompliront en toi et en tous ceux qui observeront à la lettre notre sainte règle. et avec une sainte disponibilité.

Lors du chapitre général de l’ordre tenu à la Portioncule en 1221, saint François exprima son intention d’envoyer à nouveau des frères en Allemagne, où à deux reprises l’entreprise s’était révélée infructueuse. Les frères ne comprenaient pas la langue allemande et avaient subi de tels mauvais traitements que le simple nom de l’Allemagne faisait trembler leurs cœurs. Mais le saint Fondateur, qui appliquait à lui-même les paroles du Seigneur à ses Apôtres : « Enseignez à toutes les nations », et qui avait souvent été édifié par les Germains venus en pèlerinage dans les lieux saints d’Italie, encouragea de nouveau les frères à volontaire pour les missions allemandes, qu’il peut désormais confier à la tête de l’Allemand César de Spire. Quatre-vingt-dix frères se portèrent volontaires, prêts à tout souffrir pour le nom du Christ. Sur l’ordre de saint François, César en choisit vingt-cinq, douze prêtres et treize frères convers, avec lesquels il partit après avoir été fortifié par la bénédiction de leur Père séraphique.

A Trente, ils furent gracieusement reçus par l’évêque. Au milieu de grandes difficultés, ils traversèrent ensuite les Alpes. Néanmoins, en octobre 1221, ils arrivèrent sains et saufs à Augsbourg. De là, César envoya ses frères dans les différentes régions de l’Allemagne. Jean de Piano de Carpine et Barnabas l’Allemand se rendirent à Wurtzbourg, Spire, Worms et jusqu’à Cologne sur le Rhin. D’autres furent envoyés à Salzbourg, d’autres en Saxe, où furent bientôt fondés les premiers couvents de la province saxonne, qui existent encore, à Magdebourg et à Halberstadt. En 1222, tant de couvents avaient été fondés et tant de novices d’Allemagne avaient été reçus, que César, en tant que premier provincial d’Allemagne, tenait un chapitre à Worms dans le but d’organiser les couvents individuels et les frères.

Après cela, César de Spire désirait ardemment retourner en Italie auprès de son saint père François. Il nomma Thomas de Celano comme son vicaire puis repartit à travers les Alpes pour Assise, où il comparut en 1223 au chapitre de Pentecôte pour rendre compte de sa mission. À sa demande pressante, César fut libéré de ses obligations de provincial et resta en Italie, où il vécut de nombreuses années après la mort de saint François, comme chef et soutien des véritables observateurs de la sainte règle. Il mourut en odeur de sainteté en 1239.

Martyrologe

A Rome, la passion de sainte Théodora, sœur du très illustre martyr Hermès. Sous l’empereur Adrien et le juge Aurélien, elle reçut la grâce du martyre et fut inhumée auprès de son frère, sur la voie Salaria, non loin de la Ville.

Le même jour, saint Venance, évêque et martyr.

En Egypte, les saints martyrs Victor et Étienne.

En Arménie, les saints martyrs Quintien et Irénée.

A Constantinople, saint Macaire confesseur, qui sous l’empereur Léon, finit sa vie en exil, pour la défense des saintes images.

A Ard-Patrick, dans la province de Munster, en Irlande, saint Celse évêque, qui précéda le bienheureux Malachie dans l’épiscopat.

A Grenoble, en France, saint Hugues évêque. Il passa dans la solitude plusieurs années de sa vie, et, rendu célèbre par ses glorieux miracles, s’en alla vers le Seigneur.

Près d’Amiens, en France, saint Valéry abbé, dont le tombeau est rendu célèbre par de fréquents miracles.

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