Lundi Saint : messe « Judica Domine »
Sanctoral
St Léon Ier le Grand, Pape, Confesseur et Docteur
L’un des plus grands noms des fastes de l’Église apparaît aujourd’hui sur le Cycle. Léon, Pontife et Docteur, se lève à l’horizon pascal, et vient attirer notre admiration et notre amour. Son nom seul appelle déjà l’enthousiasme. Il est le Lion, selon la signification de son nom, le Lion de la sainte Église, reproduisant ainsi en sa personne l’un des plus nobles titres de notre divin Ressuscité. Déjà, dans la suite des siècles, treize pontifes ont porté ce même nom, et cinq d’entre eux sont inscrits au catalogue des Saints ; mais nul ne l’a rendu plus glorieux que l’illustre personnage que nous fêtons aujourd’hui : aussi est-il appelé Léon le Grand. Il a mérité ce titre par ses nobles travaux pour éclairer la foi des peuples sur le sublime mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu. La sainte Église avait triomphé des hérésies qui s’étaient attaquées au dogme de la Trinité ; les efforts de l’enfer se portèrent alors contre le dogme du Dieu fait homme. Un évêque de Constantinople, Nestorius, osa nier l’unité de personne en Jésus-Christ, et séparer en lui le Dieu de l’homme. Le concile d’Ephèse foudroya cette erreur qui anéantissait la Rédemption. Une nouvelle hérésie, opposée à la première, mais non moins destructive du christianisme, ne tarda pas à s’élever. Le moine Eutychès soutint que dans l’Incarnation la nature humaine avait été absorbée par la nature divine, et cette erreur s’étendait avec une effrayante rapidité. L’Église sentit le besoin d’un docteur qui résumât avec précision et autorité le dogme qui fait le fondement de nos espérances. Léon se leva alors, et du haut de la chaire apostolique où l’Esprit-Saint l’avait fait asseoir et proclama avec une éloquence et une clarté sans égales la formule de la foi antique, toujours la même, mais resplendissante d’un éclat nouveau. Un cri d’admiration partit du sein même du Concile œcuménique de Chalcédoine, rassemblé pour condamner le système impie d’Eutychès. « Pierre a parlé par la bouche de Léon ! » s’écrièrent les Pères ; et quatorze siècles n’ont pas effacé dans l’Église d’Orient, comme nous le verrons tout à l’heure, l’enthousiasme qu’excitèrent les enseignements préparés par Léon pour l’Église entière.
L’Occident, en proie à toutes les calamités de l’invasion des barbares, voyait s’écrouler les derniers débris de l’empire, et Attila, le Fléau de Dieu, était déjà aux portes de Rome. La barbarie recula devant la majesté de Léon, comme l’hérésie se dissipait devant l’autorité de sa parole. Le chef des Huns, qui avait fait céder les plus formidables remparts, conféra avec le Pontife sur les bords du Mincio, et il prit l’engagement de ne pas entrer dans Rome. Le calme et la dignité de Léon, qui affrontait sans défense le plus redoutable des vainqueurs de l’Empire, et exposait sa vie pour son troupeau, avaient ébranlé le barbare. En même temps son œil apercevait dans les airs l’apôtre Pierre, sous les traits d’un auguste personnage qui protégeait l’intercesseur de Rome. Dans le cœur d’Attila la terreur vint en aide à l’admiration. Moment sublime, où tout un monde nouveau se révèle ! Le Pontife désarmé affrontant les violences du barbare, le barbare ému à la vue d’un dévouement qu’il ne comprend pas encore, le ciel intervenant pour aider cette nature féroce à s’incliner devant la force morale. L’acte de dévouement accompli par Léon exprime dans un seul trait ce que plusieurs siècles virent s’opérer dans l’Europe entière ; mais l’auréole du Pontife n’en est que plus éclatante. Afin qu’aucun genre de gloire ne manquât à Léon, l’Esprit-Saint l’avait doué d’une éloquence que l’on pourrait appeler papale, tant elle est empreinte de majesté et de plénitude. La langue latine expirante y retrouve des accents et un tour qui rappellent parfois l’âge de sa vigueur ; et le dogme chrétien, formulé dans un style pompeux et nourri de la plus pure sève apostolique, y resplendit d’un merveilleux éclat. Léon a célébré, dans ses mémorables discours, le Christ sortant du tombeau, et conviant ses fidèles à ressusciter avec lui. Il a caractérisé entre autres la période de l’Année liturgique que nous parcourons en ce moment, quand il a dit : « Les jours qui s’écoulèrent entre la résurrection du Seigneur et son Ascension, ne furent pas des jours oisifs ; car c’est alors que furent confirmés les Sacrements et révélés les grands mystères. » Saint Léon mourut le 10 novembre 461. Le Pape Benoît XIV le proclama Docteur de l’Église universelle.
Sainte Gemma Galgani, Vierge (1878-1903)
Une vie d’holocauste, de prodiges et de douleurs, tel est le résumé du court passage de cette vierge de Lucques en Italie. Gemma naquit le 12 mars 1878, à Camigliana, en Italie. Sa mère tuberculeuse pressentant sa fin s’efforçait de diriger ses enfants vers Dieu. A peine âgée de trois ans, la petite Gemma était demi-pensionnaire à l’école; aussi, dès l’âge de cinq ans la fillette savait lire l’office de la Sainte Vierge et y mettait tout son coeur. Dieu marqua cette enfant de prédilection du sceau de Sa croix; dès ses huit ans, elle perdit sa chère mère. A cet âge, son plus ardent désir était de communier, mais la coutume ne le permettait pas. Voyant qu’elle dépérissait à vue d’oeil, son confesseur lui donna une autorisation spéciale et c’est avec joie qu’elle put s’approcher de la Sainte Table. A partir de ce moment, Gemma prit la résolution de se tenir toujours en présence de Dieu. La tuberculose dont moururent sa mère, son frère et son père avait déjà atteint Gemma dès l’âge de vingt ans. Orpheline, elle fut placée dans une famille amie où elle fut traitée comme une fille de la maison, et où elle pouvait mener dans le monde une vie cachée dans le Christ. Un premier vendredi du mois de mars 1899, après plusieurs neuvaines à Saint Gabriel de l’Addolorata, ce Saint lui apparut et la guérit miraculeusement. Délivrée de son mal, Gemma tient à réaliser le grand désir de sa vie: devenir religieuse passioniste. Hélas! ses démarches sont repoussées. Le 8 juin 1899, Gemma Galgani reçoit les stigmates. La voie de sa sanctification se dessine de plus en plus clairement. « Apprends à souffrir, car la souffrance apprend à aimer, » lui dit Jésus la veille de la fête du Sacré-Coeur. En même temps que les ravissements la faisaient vivre dans un état d’union extatique, la souffrance ne la quittait pas. Gemma participait aux douleurs du Christ; elle connut Sa sueur de Sang, Son couronnement d’épines et Ses stigmates. Le démon la harcelait, la rouait de coups; Gemma souffrait tout en esprit de réparation. Au cours de la dernière maladie qui la terrassa, elle apprit d’une manière surnaturelle qu’avant de voir s’ouvrir le ciel, il lui faudrait passer encore par un déchirant calvaire en expiation des péchés commis dans le sacerdoce. Les tourments qu’elle endura pendant plusieurs mois furent indicibles, mais sa patience ne faiblit point; elle s’offrait continuellement en victime d’holocauste. Béatifié le 14 mai 1933 à Rome par Pie XI. Canonisée le 2 mai 1940 par Pie XII.
Martyrologe
Saint Léon Ier pape, surnommé le Grand, confesseur et docteur de l’église. Son anniversaire est mentionné le 4 des ides de novembre (10 novembre).
A Pergame, en Asie, saint Antipas, le témoin fidèle dont parle saint Jean dans l’Apocalypse. Sous l’empereur Domitien, il fut enfermé dans un bœuf d’airain brûlant, et y consomma son martyre.
A Salone, en Dalmatie, les saints martyrs Domnion évêque et huit soldats.
A Gortyne, en Crète, saint Philippe évêque, très célèbre par sa sainteté et sa science. A l’époque de Marc Antonin Verus et de Lucius Aurèle Commode, il gouverna l’église confiée à ses soins, la défendant contre la fureur des païens et les pièges des hérétiques.
A Nicomédie, saint Eustorge prêtre.
A Spolète, saint Isaac, moine et confesseur, dont le pape saint Grégoire rappelle les vertus.
A Gaza, en Palestine, saint Barsanuphe anachorète, sous l’empereur Justinien.
A Lucques, en Toscane, sainte Gemma Galgani vierge. Admirable par sa contemplation de la Passion du Seigneur et la sainteté de sa vie, elle a été inscrite au nombre des Saintes par le pape Pie XII.
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