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L’UMP: A gauche toute, mais pas trop !

A propos des candidats à la présidence de l’UMP, la version en ligne du journal Le Figaro vient de titrer “Le coup de barre à gauche d’Alain Juppé”. Ce titre et cette évolution méritent un certain nombre de développements pour être mis en perspective.

Pour bien comprendre cet ancrage de plus en plus à gauche d’Alain Juppé, il faut mener l’analyse suivante. De façon générale, la France n’est plus un pays indépendant, ni même peut-être plus un pays,  plutôt une sorte de zone, une zone sous domination Etats-Unienne, administrée de façon indirecte par l’Union Européenne et l’OTAN pour le compte de l’oligarchie financière mondiale. Mais, pour éviter de réveiller la belle endormie, il convient que l’apparence de la démocratie légitime un gouvernement de collabos qui asservit la France et ses habitants à des intérêts qui ne sont pas les siens. Le vernis de cette onction démocratique tend à s’écailler sévèrement, mais le propos n’est pas là. Il faut maintenir l’apparence de la démocratie, en tout cas, aussi longtemps que les Français voudront bien y croire.

La politique française doit donc s’analyser par rapport aux intentions Etats-Uniennes. Il y a longtemps déjà que les Etats-Unis s’intéressent à Alain Juppé. Pour s’en convaincre, on peut regarder avec profit la vidéo suivante, où Hillary Clinton présente (par inadvertance) Alain Juppé comme étant “Président” de la France (ici à 2mn) :

Ce lapsus montre que, dès le 6 juin 2011, Hillary Clinton avait déjà à l’esprit qu’Alain Juppé puisse être président. Elle sort de l’embarras provoqué par ce lapsus avec une pirouette qui amuse le parterre de journalistes. Mais le fait demeure : dans son esprit, Alain Juppé est président(iable).

Les USA ont donc en main la carte « Juppé ». La question est de savoir quand et comment la jouer, d’autant que ce n’est pas la seule carte. A “droite”, il y a aussi la carte « Sarkozy ». Dans la perspective de la future présidentielle de 2017, les élections européennes de mai 2014 représentent un tremblement de terre très sérieux. Malgré le matraquage insidieux des médias pour inciter les électeurs à ne pas voter et à s’abstenir, la participation s’est redressée par rapport aux précédentes européennes. Le FN a réalisé une percée remarquée à plus de 25%, avec une avance confortable sur la 2ème liste, à savoir l’UMP. Les récents sondages montrent une adhésion de plus en plus forte à la personne et au programme de Marine Le Pen. Avec la tectonique des plaques en cours, l’espace politique à droite est de plus en plus largement occupée par un FN hégémonique, fort de ses électeurs de plus en plus nombreux et fidèles. La 1ère conclusion est donc que la carte « Sarkozy » ne peut plus servir. En 2007, elle avait bien fonctionné, face à un FN plus fragile, représenté par le controversé et incorrigible Jean-Marie Le Pen. Nicolas Sarkozy avait “siphonné” les voix du FN. En 2012, la même stratégie avait presque fonctionné, Nicolas Sarkozy ratant de peu sa réélection. Mais de toute façon, les Etats-Unis avaient aussi en main la carte « Hollande ». La situation était donc sous contrôle en 2012. Cela est moins vrai aujourd’hui.

Pour la prochaine présidentielle, quelles sont les cartes en main ?

François Hollande et Nicolas Sarkozy sont grillés, Manuel Valls trop brutal, Ségolène Royal trop erratique, Jean-Luc Mélenchon ou Martine Aubry trop à gauche, François Bayrou trop insignifiant. Donc la réponse à la 1ère question “Quand faut-il jouer la carte Juppé ?” est simple : Juppé, c’est maintenant ! Ma prédiction est qu’Alain Juppé, fort du soutien des Etats-Unis, sera candidat dans tous les cas de figure. Le corollaire est que les Etats-Unis ont lâché Nicolas Sarkozy qu’ils considèrent comme un mauvais candidat. Il est en effet probable que dans une triangulaire au 1er tour entre Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, le maillon faible serait Sarkozy. Et tout le monde le sait. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la panique qui a saisi Nicolas Sarkozy et ses fidèles en fin d’été.

La séquence est limpide : secousse tellurique aux Européennes, en mai 2014 => décision des Etats-Unis de miser sur Alain Juppé, durant l’été => panique chez les Sarkozystes, depuis lors.

Reste la 2ème question “Comment faut-il jouer la carte Juppé ?”. On notera le remarquable exercice d’équilibrisme du Figaro qui titre “Le coup de barre à gauche de Juppé” et écrit dans le corps de l’article qu’Alain Juppé représente “la droite à visage humain”. Un coup à gauche, un coup à droite. La manœuvre est en fait assez délicate, car la place prise à droite par le FN oblige à repositionner Alain Juppé à gauche mais cela ne peut vraiment bien fonctionner qu’à deux conditions :

1: que cela ne se voit pas trop, 2: que les électeurs de “droite” qui votent UMP d’habitude n’aillent pas voter ailleurs, par exemple pour le FN. Il faut donc rassurer les électeurs de “droite” en disant qu’Alain Juppé est à la fois à “droite” et au “centre”, alors qu’en réalité il vise numériquement et électoralement la moitié gauche de l’électorat. D’autre part, il faut aussi diaboliser le FN en créant une sorte d’épouvantail, la “droite à visage non humain”, Juppé étant censé incarner “la droite à visage humain”, c’est-à-dire en clair la fausse droite de gauche.

Par ailleurs, les opposants au faux mariage dit pour tous apprécieront de savoir que “le candidat à la primaire Juppé » récuse le terme «mariage» pour les personnes de même sexe mais assure qu’«on ne démariera pas les couples homosexuels».” On récuse le mot mariage mais on assure dans le même temps ne pas démarier. Cohérence ? Mais de toute façon, cela fait partie de la mutation d’Alain Juppé vers la gauche.

En résumé, la prochaine élection présidentielle en France est un exercice difficile pour la mascarade démocratique entretenue par nos maîtres Etats-uniens. Il n’y a pas de bon candidat très à gauche, il y a une bonne candidate à droite. Les candidats habituellement à droite, comme Alain Juppé, doivent se reconvertir en opposants de gauche, face à Marine Le Pen. Le résultat sera au final probablement plus ouvert que les sondages actuels ne veulent bien le faire croire, quand les électeurs comprendront mieux les enjeux et les stratégies.

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