Une exposition incontournable au Louvre à l’occasion des mille cinq cent ans de l’abbaye de Saint Maurice d’Agaune !
Sous le règne de l’empereur d’Occident Maximien, à la fin du IIIe siècle, une des plus terribles persécutions se déchaîna sur les Chrétiens. A l’instar de Dioclétien, son coempereur en Orient, Maximien avait décidé d’éradiquer le Christianisme de son empire.
Pour supprimer la menace des rebelles Bagaudes en Gaule et les menaces d’invasion des barbares Alamans dans les provinces rhénanes, Maximien fit appel à une troupe d’élite venant de Thèbes (Louxor en Egypte) commandée par Maurice. La légion thébaine était en grande partie chrétienne et refusa donc de sacrifier aux dieux et de persécuter leurs frères et sœurs dans la Foi sur l’ordre de Maximien. Furieux, ce dernier donna l’ordre d’exécuter Maurice et ses 6 000 hommes à Agaune (dans le Valais en Suisse), où la légion se tenait.
Le premier évêque du Valais, saint Théodule -dont le siège épiscopal se trouvait à l’actuel Martigny- rassembla les restes des martyrs thébains, au lieu dit Vérolliez, et les déposa dans un premier sanctuaire au pied de la falaise rocheuse d’Agaune, vers 370 après J.-C.
Bientôt les pèlerins accourent: le sanctuaire est agrandi et on construit un hospice pour les accueillir. Vers l’an 500, la communauté d’Agaune paraît avoir eu pour chef saint Séverin qui mourra à Château-Landon alors qu’il avait été appelé au chevet du roi Clovis, car il avait une réputation de thaumaturge.
A la domination romaine succéda bientôt le Royaume des Burgondes. L’un de ses princes, Sigismond, fonda le monastère qui intégra la première fondation de saint Théodule. Le monastère fut inauguré solennellement le 22 septembre 515. En 524, Sigismond fut massacré par le roi franc Clodomir. On rapporta d’Orléans ses restes pour les déposer dans la chapelle Saint-Jean, devenue plus tard l’église paroissiale Saint-Sigismond car Sigismond fut rapidement honoré comme un saint martyr.
Saint-Maurice d’Agaune est le plus ancien monastère d’Occident pouvant se vanter d’une activité ininterrompue. Le culte des saints martyrs thébains se propagent dans l’Europe entière et particulièrement en France comme en témoigne le nombre incroyable de villages qui se mirent sous la protection du saint en prenant son nom : Saint-Maurice. L’abbaye devint un grand centre spirituel en particulier de la dynastie de Savoie.
Particularité du monastère: Saint-Maurice est le premier monastère d’Occident à reprendre la coutume orientale de la « laus perennis » ou louange perpétuelle. Cinq à neuf chœurs de moines du monastère se relayaient jour et nuit pour chanter les louanges divines, suivant le précepte divin « il faut prier sans cesse ». Cet exemple fut repris dans des monastères prestigieux d’Occident et le roi Dagobert l’introduisit à l’abbaye de Saint-Denis en 634.
La ferveur du peuple et la faveur des princes tout au long de l’histoire dotèrent le monastère d’un trésor exceptionnellement riche et précieux.
Trésor dont les pièces les plus précieuses sont actuellement exposées au Musée du Louvre. Du Vase de Sardonix (IIe-Ier s. avt JC) offert par saint Martin de Tours…
…à la somptueuse chasse de Saint Maurice du XIIIe siècle ou l’aiguière de Charlemagne
…en passant par un calice de facture irano-mongolienne du XIIe siècle sans oublier les tissus précieux ou les manuscrits anciens.
Une exposition courte mais époustouflante tant par la qualité des œuvres présentées que par l’histoire deux fois millénaire qu’elle raconte à celui qui sait l’entendre. Attention, ce n’est pas réservé aux historiens pointus et spécialistes mais à tous ceux qui ont le goût du Beau et savent admirer l’héritage du passé.
Paris. Musée du Louvre, Aile Richelieu. Du 14 mars au 16 juin 2014.
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