Jacques Dufaux est un scénariste qui compte déjà près de 200 albums à son actif. Il est par exemple l’auteur de la série Murena. Il a aussi succédé à Jean Van Hamme pour proposer une suite à Blake et Mortimer, les héros créés par E.P. Jacobs.
Jacques Terpant, illustrateur et dessinateur de bandes dessinées, s’est fait connaître en adaptant Sept Cavaliers et Le royaume de Borée, deux ouvrages de Jean Raspail. Il a confirmé son talent en étant à la fois le dessinateur et le scénariste de Capitaine perdu.
Ensemble, Dufaux et Terpant ont eu l’audace de consacrer une bande dessinée à Louis-Ferdinand Céline, l’écrivain aussi talentueux que controversé. Le résultat est tout simplement prodigieux.
Nous sommes en 1960. Céline travaille chez lui, à Meudon, à la rédaction de son dernier roman, Rigodon, qui clôturera sa trilogie allemande après D’un château l’autre et Nord. Alors que son épouse Lucette donne un cours de danse à l’étage de la maison, un orage éclate et replonge l’écrivain dans son passé, ce qui permet de balayer son existence, d’un flash-back à un autre. Une charge de cuirassiers vient nous rappeler qu’avant d’être un écrivain, Céline fut le maréchal des logis Destouches, éternellement marqué par ses souvenirs horribles de la Première Guerre mondiale. Le survivant de la boucherie de 1914 fait place au médecin soucieux des plus démunis. Louis-Ferdinand Céline se replonge aussi bien sûr dans la seconde guerre mondiale qui l’entraîne jusqu’à Sigmaringen. Au fil des pages, sont évoquées les relations entre Céline et diverses célébrités telles que Georges Simenon, Robert Denoël, Michel Simon, Arletty, Roger Nimier,… Le lecteur découvre également la place occupée par Lucette, cette épouse qui l’a tellement aimé qu’elle a tout supporté et l’a suivi dans tous ses cheminements.
On est frappé d’emblée par le réalisme du trait. Jacques Terpant maîtrise parfaitement l’art du portrait et restitue Céline à la perfection. Grâce à la documentation photographique d’époque, les atmosphères et les décors apparaissent plus vrais que nature.
La grande réussite de cette BD est d’avoir réussi, en 72 pages, à faire apparaître toute la complexité de Louis-Ferdinand Céline.
Le chien de Dieu, Jean Dufaux (scénario) & Jacques Terpant (dessin), éditions Futuropolis, 72 pages, 17 euros
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