Pour le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, l’Italie doit fermer ses ports aux bateaux des ONG qui font entrer illégalement des clandestins en Europe.
Samedi dernier, il avait promis que cet été ne serait pas un énième été de débarquements d’illégaux. Il avait notamment condamné l’attitude de l’île de Malte :
« Elle ne donne pas de possibilité d’amarrage dans ses ports et donc les bateaux arrivent tous chez nous. Mais ici ou on suit les règles ou on les change. Je ne resterai pas à regarder parce que les Italiens en ont assez. »
Et ainsi, l’affrontement avec l’île-État est arrivé à son apogée. Le motif du contentieux sont 629 autres « migrants », « sauvés » en pleine nuit et montés à bord du bateau l’Aquarius de l’ONG « SOS Méditerranée » qui bat pavillon de Gibraltar et dépend de Médecins sans Frontières. L’Aquarius, distant de 43 milles de Malte, a sollicité des autorités maltaises l’autorisation de rentrer dans le port de La Valetta, la capitale de l’île de Malte. L’Italie a fait savoir de son côté aux Maltais qu’elle n’offrira pas d’autorisation de débarquements.
Les maltais ont répondu en marchands :
« Nous sommes trop petits pour soutenir les coûts des débarquements. »
Dans ce cas, les autorités ont par ailleurs soutenu que « le sauvetage de l’Aquarius a eu lieu dans les eaux libyennes et a été coordonné par le centre de coordination des secours à Rome. Donc Malte, n ‘étant pas l’autorité coordinatrice, n’est pas compétente pour ce cas. »
#chiudiamoiporti pic.twitter.com/TusUnoHUiw
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 10 juin 2018
Matteo Salvini a dûment répliqué. D’abord sur les réseaux sociaux, précédé du mot d’ordre #fermonslesports :
« A partir d’aujourd’hui, l’Italie aussi commence à dire NON au trafic d’êtres humains, NON au business de l’immigration clandestine. Mon objectif est de garantir une sécurité sereine à ces garçons en Afrique et à nos enfants en Italie. »
Ensuite il a publié un communiqué ferme avec le ministre des Infrastructures Danilo Toninelli :
« Malte ne peut pas continuer à regarder ailleurs lorsqu’il s’agit de respecter des conventions internationales précises sur la protection de la vie humaine. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de La Valette de recevoir l’Aquarius afin de fournir une première aide aux migrants qui sont à bord. La Méditerranée est la mer de tous les pays riverains et on ne peut imaginer que l’Italie continue seule à affronter ce phénomène gigantesque. »
Cette ligne de conduite a été soutenue par l’autre personnalité importante du nouveau gouvernement italien, Luigi Di Maio :
« Nous avons été laissés seuls, l’Union Européenne n’est pas solidaire. »
Ce ne fut pas le dernier mot : le premier ministre maltais Jospeh Muscat a rétorqué :
« L’Italie va contre les lois internationales. Nous n’accueillerons pas de bateaux dans nos ports. »
Il s’agit bien d‘un affrontement entre les deux pays qui pourrait avoir comme conséquence bénéfique une volte-face sur le thème de l’accueil. Pendant que 629 personnes jouent leur peau en mer, l’Europe se tait, l’ONU se limite à dire comme un disque rayé que « les sauver est une priorité » et SOS Méditerranée essaye de forcer le barrage :
« L’Aquarius se dirige vers le nord en suivant les instructions reçues après les secours sous la coordination de Rome. Nous attendons les instructions définitives concernant le port de débarquement. »
Mais cette nuit de Rome est venu une fin de non-recevoir :
« L’Aquarius doit rester en stand-by à 35 milles de l’Italie et 27 milles de Malte. »
C’est finalement l’Espagne qui a décidé d’ouvrir son port de Valence au bateau de l’ONG et aux plus de 600 clandestins à son bord.
Matteo Salvini a gagné là sa première bataille contre l’accueil inconditionnel.
Francesca de Villasmundo
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