Marcel De Corte (1905-1994) est un philosophe belge aristotélicien. Professeur à l’Université de Liège jusqu’en 1975, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages de réflexions philosophiques de haut niveau. Il a également rédigé de très nombreux articles pour des journaux catholiques et des revues contre-révolutionnaires, en Belgique et en France.
Cet ouvrage publié pour la première fois en 1969 s’inscrit dans la série de travaux que Marcel De Corte a consacrés à la crise de la civilisation contemporaine : Incarnation de l’homme, Philosophie des mœurs contemporaines, Essai sur la fin d’une civilisation, L’homme contre lui-même.
Au cours de cette longue méditation, le diagnostic de l’auteur s’est peu à peu précisé, approchant aussi près que possible de l’origine de cette étrange maladie qui affecte l’homme moderne et qui l’infecte à la jointure même de l’âme et du corps, là où il est spécifiquement homme.
L’homme contemporain, dévalant sa pente sous la poussée de l’homme du dix-huitième siècle et de la Révolution, a de plus en plus sacrifié son intelligence spéculative (qui s’efforce de correspondre à la réalité des choses) ainsi que son intelligence pratique (qui tente d’accorder les moyens qu’elle utilise, à la fin ultime d’une vie humaine, dont elle subit l’attraction) à son intelligence ouvrière, fabricatrice d’un monde, d’une société, d’un type d’homme artificiel.
Marcel De Corte considère que nous sommes au dernier stade de ce changement, de cette « mutation », mortelle comme le sont toutes les mutations biologiques illustrées par le mouton à cinq pattes, où les notions de vérité et de bien saisies par l’intelligence spéculative et par l’intelligence pratique sont immolées au profit de la volonté de puissance de l’homme, désormais aveugle intellectuellement et moralement, qui déploie son efficacité sur l’univers et sur le genre humain lui-même.
L’ignorance parfaite et l’immoralité absolue se révèlent dans le refus de la condition humaine. Armé de toutes les possibilités techniques de reniement et de construction d’un « monde nouveau » qui justifiera cette « mutation », l’homme tue en lui l’intelligence qui lui reproche inlassablement d’avoir franchi les bornes du réel. Nous sommes de plus en plus dans un monde d’artifices, dans une société utopique.
Marcel De Corte observe également que la solidarité entre le réalisme surnaturel de la foi et le réalisme naturel de l’intelligence humaine a duré deux millénaires environ et, avec diverses péripéties, a constitué l’axe du christianisme et le pivot de l’Eglise constituée en dépositaire et gardienne vigilante de la foi, de l’intelligence et des mœurs, avant d’être rompue par Vatican II.
Ce livre majeur étudie avec soin trois secteurs parmi les plus atteints de la société contemporaine : l’intelligentsia, la Science et les médias. Ce sont les forces qui travaillent le plus à la désintégration du monde et de l’homme de la civilisation traditionnelle ainsi qu’au pétrissage, au modelage du « monde nouveau » et de « l’homme nouveau ».
Un livre indispensable, parfaitement actuel au regard des artifices tels que la théorie du genre, le transhumanisme et autre nouvel ordre mondial.
L’intelligence en péril de mort, Marcel De Corte, éditions de L’Homme Nouveau, 259 pages, 17 euros
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