Un parti politique guidé par intelligence artificielle ? Ce n’est déjà plus de la science-fiction. En 2022, au Danemark, le Parti synthétique avait pour objectif de se présenter aux élections législatives. Sa particularité ? Son programme avait entièrement été rédigé par une intelligence artificielle. Et les citoyens intéressés pouvaient s’adresser à un robot conversationnel. Heureusement, cette initiative n’a pas obtenu le nombre de signatures d’électeurs nécessaire pour pouvoir participer à cette élection. Mais le principe est amorcé.
Plus discrètement, dans de nombreux pays d’Europe et d’Amérique, les partis politiques classiques font désormais appel à l’Intelligence Artificielle pour la création de textes utilisés par les parlements, les centres d’études ou les cabinets ministériels. En Belgique, une enquête menée il y a quelques jours par le quotidien La Dernière Heure a permis d’en obtenir l’inquiétante confirmation. L’attaché de presse du parti Ecolo explique sans embarras que son parti utilise déjà l’Intelligence Artificielle pour « écrire un brouillon de réponse à un email, rédiger une base de question parlementaire ou de discours politique ». Au cabinet d’une ministre, on répond que c’est l’Intelligence Artificielle qui synthétise des pages de discours en quelques tweets ainsi que pour rendre plus punchy certaines formules d’un discours. Un député bruxellois du parti Défi confie que l’usage de l’IA permet « la rédaction de textes parlementaires, pour aller plus vite ». Bref, le personnel politique s’en remet à l’IA dans des domaines les plus variés, ce qui ne devrait pas améliorer le caractère abscons de certains propos. Nous avons subi les technocrates. Nous devrons maintenant subir les robots « intelligents » qui, comme les technocrates, prétendront mieux savoir que nous ce qui nous convient.
Le premier des résultats de ce recours à l’Intelligence Artificielle dans les activités politiques sera probablement de renforcer l’uniformité des discours politiques, réduisant de plus en plus les différences entre les partis. Un phénomène déjà observé là-aussi avec l’importance accordée précédemment aux technocrates.
Deepfake et manipulation des électeurs
Mais l’Intelligence Artificielle devrait aussi banaliser l’usage du deepfake, manipulation troublante des images et des paroles qui peut facilement tromper une partie de l’opinion publique. En France, le 1er janvier, un tel montage réalisé par IA faisait parler Marine Le Pen en russe pour laisser entendre qu’elle serait inféodée au Kremlin. C’est Loïc Signor, porte-parole du parti Renaissance, qui est à l’origine de ce deepfake. Aux Etats-Unis le deepfake est déjà utilisé depuis plusieurs années dans le cadre des élections présidentielles et devrait prendre plus d’ampleur cette année.
Tout cela démontre qu’il faut se méfier en permanence des images mensongères que les médias et les gouvernements peuvent utiliser pour manipuler l’opinion publique.
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