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L’Institut « catholique » de Lille a vendu l’évangéliaire dit de Saint-Mihiel daté de 1040

L’évangéliaire dit de Saint-Mihiel – appelé aussi le Codex Irmengard, du nom de sa commanditaire – est l’est un des manuscrits médiévaux les plus importants au monde.

Il a été classé trésor national le 1er mars 2020 car selon l’avis de la Commission, il est « l’un des plus beaux témoins de l’ultime période de création de l’école de Reichenau », composé de 254 feuillets et de 15 peintures en pleine page.

C’est un trésor inestimable, inconnu du grand public, que recèle la bibliothèque de l’Institut catholique de Lille. Réalisé vers 1040, l’évangéliaire servait à la proclamation des quatre Evangiles lors des principales fêtes liturgiques et des messes de l’année. Il résidait dans les murs de la Catho depuis 1881. « C’est un chef-d’œuvre de l’enluminure », explique Éric Palazzo, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’université de Poitiers.

L’histoire de ce manuscrit débute au scriptorium de l’abbaye bénédictine de Reichenau, située dans une île du lac de Constance, au XIe siècle. Cet atelier de moines copistes attire parmi les plus grands enlumineurs de l’époque, dont les luxueux manuscrits sont envoyés à la cour du Saint Empire romain germanique. « Dans la théologie médiévale et dans la liturgie, l’évangéliaire est une représentation réelle du corps du Christ, à travers la Parole, avant même la consécration de l’eucharistie », précise Éric Palazzo.

Une fois de plus donc, un trésor national majeur sort de notre pays, bradé par un Institut qui n’a plus rien de catholique sans que les pouvoirs publics n’exercent leur droit de préemption !

En effet, le 16 mars 2023, le J. Paul Getty Museum a annoncé avoir acquis « le codex d’Irmengard, un manuscrit réalisé pour la noble du XIe siècle Irmengard de Nellenburg, membre de la maison d’Egisheim-Dagsburg en Allemagne (1) ».

Nos confrères de la « Tribune de l’Art » n’en reviennent pas et ne cachant pas leur colère :

« Et si nous ne connaissons pas le prix de vente, celui-ci semble être extrêmement élevé. Les marchands du temple ne sont plus hors de l’Église, ils sont désormais dans l’Église. Et la responsabilité de l’archevêché de Lille (l’archevêque est désormais celui de Paris) est immense, comme celle de la Catho qui a préféré vendre ce manuscrit pour récolter un maximum d’argent que de privilégier son maintien en France. »

Bienvenue dans « l’église qui est en France », comme ils disent, fille de la conciliaire église qui est à Rome…

Paul DEROGIS

(1) Irmengard de Nellenburg, la commanditaire du codex, était membre d’une puissante famille dirigeante locale, la maison d’Egisheim-Dagsburg. Elle était apparentée au pape Léon IX (1002-1054) et était la nièce de l’empereur ottonien Henri II (973-1024).

Sources : La Vie / Tribune de l’Art / J. Paul Getty Museum

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