La tête offusquée du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin aux propos de Mgr de Moluins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, sur le secret de la confession, témoigne de la déchristianisation de la société française mais également de l’ignorance crasse de l’autorité civile en question.

Qu’a donc dit de si scandaleux le prélat français pour faire monter sur ses grands chevaux le petit Darmanin ? Mercredi dernier, en réponse au rapport Sauvé émis par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) demandant que le secret de la confession soit levé dans le cas de violences sexuelles, Mgr de Moulins-Beaufort a affirmé que le secret de la confession « s’imposait » aux prêtres et était « plus fort que les lois de la République ». Cette déclaration affirme que même si un clerc vient confesser être l’auteur d’une agression sexuelle sur un enfant, le prêtre recevant ces aveux est tenu au secret par la loi de l’Eglise et ne peut le dénoncer à la police.

 

Que n’avait-il pas dit ! Tous les petits coqs macroniens se sont dressés sur leurs ergots et ont levé la crête : « Il n’y a rien de plus fort que les lois de la République dans notre pays, ça tient en une phrase, et c’est très clair », a réagi jeudi l’efféminé porte-parole Gabriel Attal à l’issue du Conseil des ministres. « Le président de la République a demandé au ministre de l’Intérieur de recevoir le président de la Conférence des évêques de France pour que les choses soient claires », a-t-il assuré, confirmant l’information de l’entourage de Gérald Darmanin.

Indépendamment du fait que c’est un sacrement régi par des lois divines intemporelles qui ont subsisté à travers le temps à la différence des régimes politiques temporels, -et la République est mortelle comme les autres-, et ayant un caractère religieux auquel est probablement totalement hermétique le ministre de l’Intérieur, et son pendant d’ignorance Gabriel Attal, des professions civiles bénéficient de ce même respect du secret professionnel. Les médecins en tout premier lieu : « il n’y a pas de soins sans confidences, de confidences sans confiance, de confiance sans secret » indique le professeur de cancérologie et chef de service Bernard Hoerni dans son livre Ethique et déontologie médicale ; l’ordre des avocats ensuite, profession qui a profité dernièrement d’un renforcement légal visant à garantir le secret professionnel entre l’avocat et son client : la commission des lois de l’Assemblée nationale, qui examinait, mercredi 5 et jeudi 6 mai 2021, le projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire, a voté, le 7 mai, une série d’amendements protégeant le secret professionnel de l’avocat, « l’entretien d’un client avec son avocat, le conseil, qu’il soit suivi d’une procédure pénale ou pas, doit être secret » expliquait alors Olivier Cousi, le bâtonnier de Paris. Et ce quelles que puissent en être les conséquences pour autrui.

Dans un communiqué publié hier jeudi, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a affirmé qu’il acceptait « l’invitation » du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et qu’il le rencontrera mardi à 14 heures. « Ce sera pour lui l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004 » (sur le secret professionnel des ministres du culte), indique le communiqué. Selon le président de la CEF, « le secret de la confession a toujours été respecté par la République française. C’est l’honneur de la République française que de respecter ainsi la dignité de la conscience de chacun ».

Il précise également dans ce communiqué, en développant un argument qui rejoint celui du médecin Hoerni, que « la confession est aussi un moment durant lequel une personne victime, par exemple un enfant, peut évoquer ce qu’elle a subi et être rassurée sur son innocence… Parce que la certitude du secret lui permet de livrer ce qui lui est le plus difficile. Ce temps peut être alors, sur les encouragements du prêtre qui reçoit cette confession, une première étape dans la libération de la parole, en dehors du sacrement ».

Malgré ces déclarations, Mgr de Moulins-Beaufort a cependant ouvert la porte à la nouveauté : il a assuré être à la recherche d’une alternative à la levée de ce secret. « Il faut que nous trouvions un moyen de le faire autrement », a-t-il expliqué, précisant que la Conférence des évêques de France (CEF) regarderait « de très près la recommandation de la Ciase » (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église).

Francesca de Villasmundo

Pour approfondir le sujet sur le secret de la confession : https://laportelatine.org/documents/theologie/une-exception-au-secret-de-confession

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