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Dès 2011, je présentais pour Médias Presse Info le travail effectué en génétique l’année précédente par l’américain Craig Venter, co-fondateur de Synthetic Genomics à La Jolla en Californie. Les détails ont été donnés dans mon ouvrage L’Ultime Transgression. Essayons de résumer.

Ce biotechnologiste a pris un microbe du nom de Mycoplasma Genitalium ; il en a détricoté l’ADN du génome, comme on pourrait le faire d’une gigantesque maison réalisée avec des pièces de Lego. Puis il a reconstruit ce génome de manière légèrement différente. Il a obtenu un autre microbe nouveau n’existant pas dans la nature et appelé familièrement du nom de Synthia. Il avait reconstitué ainsi les chromosomes et créé une nouvelle espèce vivante. D’une certaine manière Venter prenait la place de Dieu. Il annonce ainsi l’arrivée d’une science nouvelle : la biologie de synthèse. Qu’allait-il faire ensuite ?

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Craig Venter fit alors la synthèse d’un autre génome d’un microbe appelé mycoplasma mycoïdes. Mais implanté dans un autre mycoplasme, le nouveau microbe obtenu appelé Syn 1.0 n’était pas viable.

En 2014, Craig Venter prend un autre microbe du nom de hémophilus influenzae donnant une maladie ressemblant à la grippe mais n’étant pas la grippe. L’avantage est que ce type de microbes et les mycoplasmes ont des génomes très courts donc faciles à séquencer. Il identifia 256 gènes en commun entre Hémophilus influenzae et mycoplasma mycoïdes. Il les a appelés « essentiels » à la création de la vie ; les autres sont appelés « non essentiels », soit environ 150.

À ce niveau, on pense tout naturellement au fameux couteau CRISPCa9 capable de couper les génomes et les chaînes d’ADN ; nous en avons parlé plusieurs fois. Rappelons qu’une Française du nom d’Emmanuelle Charpentier (université d’Oumea en Suède), avait remarqué une séquence dans les chaînes d’ADN dont on pensait depuis toujours qu’elle ne servait à rien. Personne ne s’y intéressait. Elle l’a extrait et modifié génétiquement. Elle sert littéralement de ciseau permettant des copier-coller dans les chaînes d’ADN.

La question est que les gènes « essentiels » et « non essentiels » sont mélangés. Il va falloir les trier ; déterminer le rôle et la fonction de chacun. Cela ne sera pas facile et prendra du temps ; rassembler, organiser, mettre en relation ceux qui sont nécessaires à la vie. Craig Venter dit alors qu’il ressent une véritable leçon d’humilité ; s’il a créé de nouvelles espèces microbiennes, il n’a pas encore créé la vie. «  La vie ressemble d’avantage à un orchestre symphonique qu’à un joueur de piccolo » déclare-t-il. Lui-même se considérant comme joueur de piccolo.

Dr Jean-Pierre Dickès

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