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L’Hermione : de l’imposture navale à la propagande idéologique

(une publicité motorisée pour la « démocrassie »)

https://www.metropoletpm.fr/tourisme/article/voyage-de-l-hermione-2018

A l’heure où l’Hermione boucle un nouveau voyage, il n’est peut-être pas inutile pour les lecteurs de MPI de reprendre un article écrit lors de son voyage inaugural il y a trois ans, qui en dévoilait les impostures et son but de propagande démocrasseuse et maçonnique… Il conserve aujourd’hui toute son actualité !

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Que n’aura-t-on pas dit et écrit au sujet de cette “reconstitution historique”…

Les journaleux divers et avariés s’en sont donné à cœur joie…

Et la réalité dépasse…l’affliction !

Un peu d’histoire… des frégates.

L’Hermione, la première Hermione, inaugure au milieu du XVIII eme siècle une nouvelle classe de navires de guerre : la « frégate de 12 » du nom du poids des boulets de fonte (ce qui donnera par calcul un calibre) des canons dont elle est équipée.

Elle est lancée en 1748 à Rochefort, portant 26 canons en entrepont.

Les frégates suivantes porteront presque toutes, en sus, 6 canons de 6 livres sur le pont (photo), en plus de la batterie de 26 canons de 12 livres.

Plus d’une centaine de ces frégates de 12 seront lancées par les Français jusqu’en 1799. (En cinquante ans : il fallait moins de deux ans pour les construire!)

On y comptera :

– la Boudeuse, la frégate de Bougainville, lancée en 1766, qui, après ses célèbres périples d’exploration, sera impliquée dans la guerre d’indépendance américaine en capturant le 13 janvier 1779 le sloop anglais Weazel. Le 28 février, elle prendra possession de l’île Saint-Barthélemy et le 6 juillet 1779 elle prendra part à la bataille de Grenade.

Durant la période révolutionnaire, la Boudeuse (re)capturera la frégate de 36 canons Alceste autrefois capturée par les Anglais dans le port de Toulon.

Elle finira peu glorieusement en bois de chauffage pour les boulangeries de Toulon en pénurie de bois en 1800.

– la Belle Poule (première du nom lancé en 1765) célèbre pour son combat contre le HMS Arethusa (ancien navire de course français du Havre « l’Aréthuse » capturé et incorporé rebaptisé à la flotte britannique) qui l’avait attaqué par surprise, en 1778.

C’est ce combat qui marquera un nouvel élan violemment anti-britannique et provoquera l’entrée en guerre de la France dans la guerre d’indépendance des États-Unis.

C’est l’époque où à Versailles les dames arborent les coiffures dites « à la Belle Poule » ou « à la frégate »… Capturée en 1780, elle sera incorporée à la marine britannique, désarmée en 1798 et démantelée à Chatham en 1808

-… la fameuse Hermione, seconde du nom, lancée en 1777 qui transportera Lafayette en 1780…

On lui prête une vitesse maximale de 12 nœuds, ce qui en faisait l’un des navires de sa catégorie les plus rapides de l’époque.

Pour avoir une idée de son équipage, on peut se référer au règlement militaire chronologiquement le plus proche, celui du 1er janvier 1786[] : l’équipage en temps de guerre doit être théoriquement de 270 hommes (et seulement 188 en temps de paix) : soit 6 officiers, 4 élèves ou volontaires, 30 officiers-mariniers, 20 canonniers (des troupes de marine), 4 timoniers, 131 matelots, 35 soldats (troupes de marine ou infanterie de ligne), 22 mousses, 9 surnuméraires et 6 valets.

En février 1782, la guerre bascule en faveur des insurgés américains que Louis XVI soutient, l’Hermione regagne alors la France. Elle accompagne une flottille en direction de l’océan Indien pour renforcer l’escadre de Pierre André de Suffren dans le conflit avec les Britanniques pour le contrôle du golfe de Bengale. La paix est cependant rapidement signée et le navire retournera à Rochefort en avril 1784.

En 1793, la France révolutionnaire se mobilise, à force de levées en masse, pour faire face à la Première Coalition, tandis que l’Ouest du pays s’embrase. La guerre de Vendée bat son plein avec ses atrocités, vidant les ports de marins et d’officiers, devenus hostiles à la Convention.

L’Hermione, amarrée à Nantes, reprend du service. Placée sous le commandement du récemment promu capitaine de vaisseau (et futur amiral) Pierre Martin, elle s’empare d’un corsaire puis est postée durant trois mois dans l’embouchure de la Loire pour appuyer les troupes républicaines contre les Vendéens.

Le 20 septembre 1793, dotée d’un équipage peu expérimenté, à peine sortie de l’estuaire de la Loire et par la faute d’un pilote local, la frégate se fracasse sur des rochers au large du Croisic, sur le plateau du Four.

On y repêchera son ancre d’une tonne et demi en 2005 !

Une fin peu glorieuse pour un navire de guerre à la carrière d’ailleurs plus qu’éphémère…

Mais qu’importe, dans un certain imaginaire, l’Hermione, c’est le navire qui transporta Lafayette aux futurs USA et qui donc participe de l’indépendance américaine…

Et c’est bien cela, et seulement cela qui a motivé ce projet de reconstruction !

Une « réplique » qui multiplie les anachronismes pour célébrer une idéologie lourde : l’instauration de la première application de la politique maçonnique de la démocratie !

Et c’est cela qui est célébré partout et par tous !

Un peu d’histoire de … Lafayette

Né en 1757, Gilbert du Mortier de Lafayette est un jeune aristocrate à la tête d’une fortune colossale constituée des héritages cumulés de son père et d’un de ses oncles…

Marié à 17 ans à Marie de Noailles, il est très soutenu par son beau-père le destinant au métier des armes : le marquis de Lafayette embrasse donc la carrière militaire.

En garnison à Metz où le comte de Broglie est gouverneur militaire, il décide, à la suite d’un dîner où il a rencontré des officiels anglais, de rejoindre les insurgés américains.

De retour à Paris à l’automne, il rencontre l’abbé de Raynal, et est reçu dans les salons parisiens (madame du Deffand) ainsi qu’à la loge maçonnique des Neufs Sœurs où il rencontre Voltaire, Benjamin Franklin futur vénérable de la loge, ainsi que John Paul Jones qui sera le héros de la marine des indépendantistes….

Il a 19 ans, il signe auprès de Benjamin Franklin son engagement en tant que « major général de l’armée des insurgés », et il finance de ses propres deniers, sur les conseils du comte de Broglie qui voit le projet d’un bon œil, un petit navire destiné à apporter des armes aux insurgés américains : Le « Victoire » armé de 2 canons et jaugeant 268 tonneaux. Il dispose de 30 hommes d’équipage !

Lafayette le charge de 6000 fusils.

C’est avec ce navire-là – à bord duquel il finira par embarquer après un épisode rocambolesque de fuite à travers la France et un faux départ pour l’Angleterre destiné à tromper les espions britanniques – que Lafayette part du port de Pauillac pour l’Amérique le 26 avril 1777. Il touche terre le 13 juin à South Inlet, près de Georgetown où les fusils sont vendus pour armer la milice de Géorgie.

C’est ce premier voyage emblématique de l’engagement personnel mais aussi de l’engagement de la France qui a approuvé ce projet qui devrait être célébré, d’autant que c’est celui qui marque le plus l’opinion américaine : l’engagement personnel d’un jeune homme de 20 ans qui a financé de ses propres deniers l’aide qu’il a apporté aux « américains »…

Mais ce n’est pas ce qui importe aux yeux des idéologues modernes transnationaux.

Ce qui importe à leurs yeux, c’est de rappeler la campagne de propagande menée ensuite en France par Lafayette pour les idées de cette démocratie tant célébrée par Tocqueville…

C’est d’y souligner le rôle des sociétés de pensée et des loges maçonniques à Paris comme à Philadelphie dans cette affaire : le traité d’alliance fut signé le 6 février 1778 à Paris entre la France et les États-Unis, grâce à l’action diplomatique de Benjamin Franklin et de Lafayette.

Les Français espéraient prendre ainsi leur revanche sur le règne colonial sans partage de la Grande-Bretagne (et ils s’étonneront de voir la Belle Poule attaquée par l’ex Arthuse rebaptisée Arethusa, le 7 juin suivant !)…

D’où l’importance donnée aujourd’hui au « voyage de l’Hermione ».

D’autant que l’escadre des six navires du futur amiral d’Estaing, envoyée précédemment en aide aux insurgés, n’avait eu que des résultats des plus mitigés face à la flotte britannique…

Jean Meyer écrivit à son sujet : « Colonel et corsaire, vice-amiral mais pas garde-marine, gentilhomme mais libéral, soldat et poète, d’Estaing n’a jamais réussi à se faire reconnaître par quiconque.

Détesté des officiers de vaisseau, haï pour sa démagogie, peu aimé des Révolutionnaires, il mourut comme il avait vécu, en homme de contradictions. » [Guillotiné par la Convention]

On ne peut pas en dire autant du corps expéditionnaire de Rochambeau parvenu le 15 juillet 1780 dont l’action s’avèrera déterminante.

La défaite britannique de Yorktown en Virginie (octobre 1781) marqua la fin de la guerre.

Les « patriotes » américains et leurs alliés français y ont remporté la bataille décisive contre l’armée anglaise du 18 septembre au le 19 octobre 1781.

Elle opposa les insurgés américains et leurs alliés français commandés par le comte de Rochambeau aux britanniques commandés par Lord Cornwallis.

Après 21 jours de combat, ce dernier se rend, avec le quart des forces britanniques engagées dans la guerre : la bataille de Yorktown a signé la défaite certaine de l’Angleterre.

La Chambre des communes se prononça pour l’arrêt de la guerre le 27 février 1782 et le Premier ministre britannique Lord North donna sa démission le 20 mars.

Savannah est évacuée par les troupes britanniques le 11 juillet 1782, Charleston le 14 décembre.

Les négociations s’engagèrent avec la Grande-Bretagne et un traité préliminaire fut conclu le 30 novembre 1782[].

Le traité de Paris signé le 3 septembre 1783 mettra officiellement fin aux hostilités et consacrera la reconnaissance officielle des États-Unis, dont la frontière était portée au fleuve Mississippi.

Le traité de Versailles régla les contentieux entre la Grande-Bretagne et les alliés européens de l’Amérique.

La France a donc joué un rôle diplomatique déterminant dans la naissance des Etats Unis d’Amérique.

Voilà ce pourquoi on a reconstruit l’Hermione !

Un peu d’histoire de l’Hermione…

Là l’enfumage le dispute à la démagogie…même sur le chantier naval!

Depuis 1997 la frégate est en construction dans une cale de radoube de Rochefort…

Il aura donc fallu plus de 15 ans pour réaliser avec tous les moyens modernes, et l’assistance de la marine nationale, la copie d’un navire qui fut réalisé…en 18 mois à l’époque !

Et que n’a-t-on pas raconté sur les manœuvres effectuées en public « avec les techniques d’époque » !

Au départ, il s’agissait – disait-on – de « recréer les conditions et les méthodes de construction navale sur un chantier du milieu du XVIIIeme siècle » !…

Mais le chantier de l’Hermione, ce n’est pas du tout le chantier du château de Guedelon…

http://www.guedelon.fr/

Très vite, en dehors des jours de visite, on y a remplacé les opérations de manutention par chèvres et palans par des…grutages, les débitages des bois ont été faits à la scie électrique, etc…

Bref on aura mis plus de quinze ans avec des techniques ultra modernes pour “reconstituer” un navire en bois, construit plus de deux cents ans avant, en moins de 18 mois, essais compris ! Chercher l’erreur…

Mais si on a finalement accepté de conserver une coque en bois (en boulonnant les planches !), des voiles en lin et des cordages en chanvre, et si on a fait beaucoup de foin autour des forgerons qui ont redécouvert là l’art du maréchal grossier, le reste s’avèrera plus “folklorique” :

– Une double motorisation par diesel électriques

http://www.hermione.com/media/chronique3groupes__copie__094587300_1505_05112013.pdf

« Cet été, les groupes électrogènes de propulsion sont arrivés des Etats-Unis après une première traversée rapide de l’Atlantique Nord, directement depuis l’usine KOHLER.

Ces groupes vont fournir l’énergie nécessaire pour les besoins électriques du bord mais surtout pour la propulsion. » (sic !)

« Malgré son imposante surface de voilure, la frégate a besoin de moteurs pour manœuvrer, entrer et sortir des ports, en cas de d’absence de vent en mer et surtout pour assurer sa sécurité en cas de forte tempête ou de calme plat à proximité de dangers. »

Chaque propulseur est alimenté par un générateur.

Les 2 groupes de propulsion KOHLER développent une puissance respective de 400 KW et de 300 kW.

Un groupe auxiliaire de 85 kW couvre les besoins courants.

Cette puissance permet une vitesse économique de transit à 7nd (12km/h) en utilisant 50% seulement de la puissance et permet d’étaler 50 nœuds de vent de face à 100% de la puissance totale !

Bref comme navigation à la voile en équipage, on fait mieux !

Car il ne s’agit en fait pas du tout d’un « moteur d’appoint », à mettre en route en cas de problème, comme tous les voiliers école en ont, mais bien d’un équipement complet de motorisation auxiliaire, susceptible d’assurer l’autonomie de la motricité de ce bateau et surtout d’assurer le respect des horaires pour les retransmissions par les chaînes de TV !

(Les cuves à fuel sont à gauche de la salle des machines)

Mais l’imposture ne s’arrête pas là !

– Le navire est entièrement électrifié !

– Le couchage est assuré en couchettes, avec tout le confort : douches, des toilettes, etc.

– Une cuisine ultra moderne…

(Certainement aux normes : enfin quelque chose de respecté !)

– Il y a même une assistance électrique sur les cabestans !

(Traduisons bien : à part le temps des prises de vue du journal télévisé, on hissera les voiles au moteur électrique !)

Du coup on comprend mieux que l’équipage prévu autrefois autour de 180 / 200 personnes puisse être réduit sans inconvénient à 85 passagers dont les trois quarts sont des touristes “passionnés” qui vont jouer aux marins…et dont 1/3 de femmes…

Il faudrait tout de même savoir ce qu’on veut faire !

Certes, de nos jours, les mers sont loin d’être sûres pour des voiliers.

Les navires de guerre sont omniprésents, les chalutiers traînent partout et les navires de commerce aussi.

Tous sont de très grande taille et ont une inertie proportionnellement colossale qui interdit des manœuvres rapides d’évitement…Et on n’évoquera pas les pétroliers…

On comprendra que dans ces conditions que l’Hermione dispose d’un radar, d’un sonar, d’une radio et d’un système de repérage de navigation, voire même de détecteurs de fumée : c’est effectivement une question de sécurité pour l’Hermione…

De là à naviguer à l’ordinateur il y a de la marge !

De là à transformer ce qui se veut être une « reconstitution historique » en succursale du club med, il y a tout de même des limites !

Et cela aura coûté 30 millions d’euros de subventions au contribuable !

Certains trouvent qu’on prend effectivement le public, comme les passionnés,…

un peu pour… des cons !

https://fr-fr.facebook.com/Hermione.Rochefort.Fregate.De.La.Honte

La Marine nationale française, partenaire du projet depuis l’origine, a fourni quatre marins pour la traversée et, pour l’escorter le jour du départ, la frégate de lutte anti-sous-marine « Latouche-Tréville », du nom du lieutenant de vaisseau et futur vice-amiral commandant de l' »Hermione » pendant la mission historique de 1780. (Délicate attention)

Yann Cariou, 53 ans, commandant de la réplique du XXIesiècle, a lui-même servi dans ses rangs plus de trente ans durant. Son équipage, outre des marins aguerris, comprend 59 bénévoles, dont de nombreux étrangers et un tiers de femmes.

Presque jour pour jour, 235 ans après l’original, la réplique de l’Hermione va parcourir 7.500 miles dans l’Atlantique nord. Coque de 45 m de long, grand mât culminant à 54 m, 2.200 m2 de voilure et une vitesse maximale de 14 nœuds (26 km/h) toutes voiles déployées, avec cette frégate, le capitaine table sur une vitesse moyenne de 4,5 nœuds.

Sauf « vents contraires », mais on peut faire alors totalement confiance aux moteurs (!), l’Hermione accostera donc le 5 juin à Yorktown pour la première de ses onze escales sur la côte est, avant Baltimore, New York, Annapolis, Philadelphie, Newport, Boston, etc.

Yorktown, bien sûr, l’escale la plus symbolique !

.Sauf « vents contraires », mais on peut faire alors totalement confiance aux moteurs (!), l’Hermione accostera donc le 5 juin à Yorktown pour la première de ses onze escales sur la côte est, avant Baltimore, New York, Annapolis, Philadelphie, Newport, Boston, etc. Yorktown, bien sûr, l’escale la plus symbolique !

Apothéose des célébrations côté américain : l’arrivée de l' »Hermione » dans la baie de New York, escortée de centaines de bateaux à voile ou à moteur, pour la grand parade du 4 juillet, jour de l’Indépendance américaine, sous le regard de la statue de la Liberté.

Soyez sûrs qu’elle y sera à l’heure pour les chaînes de TV, même vent debout !…

Les gogos aussi…

Jean Aymar de Toucéquon 22 / 04 / 15

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(L’article a été publié alors sur « Vu de France » sous ce pseudonyme que j’avais largement utilisé dans Le Libre Journal de la France Courtoise)

Claude Timmerman

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