La puissance subversive du langage tient dans la puissance d’un esprit en rupture avec ce qui l’entoure mais en phase avec l’idée qu’il se fait de ce qui l’entoure. C’est à son imagination que tout s’ordonne ; à l’exaltation de son horizon intellectuel dominé par l’image ou le fantasme que la raison tient confinés dans les limites de son étroit habitacle.
L’idéologue est un subversif. Il est en phase avec lui-même, il est en désaccord avec le monde. G K Chesterton disait cela du fou : « Le fou n’est pas celui qui a perdu sa raison. Le fou est celui qui a tout perdu sauf la raison. » (1). L’idéologue est un fou. Un fou qui dit le monde tel qu’il se l’imagine et qui le refuse tel qu’il est. Il n’est pas ce Corneille qui peignait les hommes tels qu’ils devraient être en y ajoutant une note d’éloquence et d’héroïsme. Il n’est pas davantage ce Racine qui les peignait tels qu’ils sont en soulignant les portraits d’accents nobles et tragiques. Il est ce Pantagruel du fantasme. Il est cet affamé du scandale qui décide de faire des hommes ce qu’ils ne sont pas. Il poursuit le projet d’en faire des « homos », des « bi » ou des « trans » parce que l’homme n’est plus que le produit de son imagination, celui de son délire spéculatif enfermé dans le cercle de sa raison.
L’idéologue est un fou qui multiplie les occasions de folie. Il est un démiurge diabolique qui conquiert le genre humain pour le transformer en un autre que lui-même. La communication planétaire est son outil de propagande ; la publicité, la mode, le cinéma, la série télévisée ou la télé-réalité, ses instruments de perversion. Le tout réuni sous l’enseigne du divertissement : subvertir c’est renverser l’ordre en buvant un verre à la santé du désordre ; pervertir c’est donner du sens à l’interdit en s’amusant de la débauche qu’il engendre. Il faut singer le bien pour le corrompre. Il faut de la grimace et du déguisement pour s’enticher du monde du bas résille ou de la plume dans le séant. Il y faut aussi du culot et de l’audace mais, par-dessus tout, il faut la langueur de la foule. Le fou a besoin de la résignation de la foule. Or la foule a montré à différentes périodes de l’Histoire qu’elle pouvait se laisser violer par des fous. Les totalitarismes, tous socialistes, qu’ils soient communistes ou nazis, ont montré qu’ils savaient violer les foules. On dira que le consentement au viol n’est plus du viol. Sauf que la foule consent moins par assentiment que par manque de jugement ou par un jugement faussé. Elle se laisse mener de guerre lasse. Manipulée, elle n’a plus la force du combat parce que les armes lui ont été ôtées. Elle se laisse séduire, tromper dans son appréciation des évènements, des situations ou des hommes. Elle se laisse convaincre que la Lune ou Mars sont des terres à conquérir pour y parfaire son bonheur et qu’il vaut mieux rêver d’un tas de sable en apesanteur que de cultiver son jardin en courbant le dos.
Mais l’idéologue n’est pas un être abstrait, au dessus de tout et par-dessus tous, tirant les ficelles du monde. Il n’est pas qu’un mouvement, une marche ou une association. Il les compose et les préside. Il est au devant la foule, il la conduit et il porte un nom. Il est Georges Soros qui finance des projets de déstabilisation locale ou régionale en Europe avec sa nébuleuse de l’Open Society, la « Société Ouverte » chère à Karl Popper. Il est Attali ou BHL qui suscitent les mouvements migratoires intercontinentaux dans leurs interventions publiques ou occultes. Il est Cohn-Bendit, Frédéric Mitterrand, Jack Lang ou Jean Luc Romero pour les plus ringards ; il est Anne Hidalgo, Louis-Georges Tin, François de Rugy, Benjamin Griveaux, Christophe Castaner ou Marlène Schiappa pour les plus actuels qui, ensemble, cautionnent et participent aux initiatives du collectif de la « Marche de fiertés » en France. Ainsi, plusieurs dizaines voire, selon le Monde, plusieurs centaines de milliers de personnes LGBT ont défilé samedi 30 juin dans les rues de Paris et dans les villes de France pour « pour l’égalité des droits et contre les discriminations dans une ambiance festive ». Le Figaro nous indique que « la capitale était sous les couleurs arc-en-ciel ce samedi après-midi. Comme tous les ans, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblés à Paris dans le cadre de la Marche des fiertés, pour «s’amuser» et «continuer le combat». Le défilé est parti sous un soleil de plomb de la place de la Concorde pour rejoindre la place de la République, sous les couleurs de l’arc-en-ciel, symbole des lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes (LGBTI). «Vous n’avez pas le monopole de la famille», «Fermez le Vatican, Guantanamo mental», «Ni la Terre ni les femmes ne sont des conquêtes»: les pancartes multipliaient les slogans.
L’idéologue s’est aussi emparé de l’Eglise catholique depuis son ouverture au monde, il y a cinquante six ans. Traditionnel rempart contre les perversions humaines, la voici devenue la proie des mêmes sycophantes au service de la culture du progrès et de la nécessaire révolution doctrinale qu’elle suppose. Aujourd’hui, le lobby subversif homosexuel travaille en profondeur l’esprit épiscopal ou cardinalice de l’Eglise au point de lui faire fermer les yeux sur la perversion intrinsèque de ses auteurs. Là encore les noms des promoteurs de la cause LGBT dans l’Eglise doivent être redonnés : Krzysztof Charamsa, ce Monsignore polonais, secrétaire adjoint de la Commission théologique internationale, qui annonça publiquement son homosexualité, en 2015, à la veille du Synode sur la Famille. Monsignore Luigi Capozzi, du diocèse de Palestrina, secrétaire du cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pour les textes législatifs, soutien fervent du pape François, qui a été arrêté en flagrant délit d’orgie homosexuelle lors d’une opération éclair de la gendarmerie vaticane dans un appartement du bâtiment de la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome. Le cardinal Lorenzo Baldisseri, un des hommes de toute confiance du pape, organisateur des synodes qui ont préparé la révolution d’Amoris lætitia, et l’incontournable Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie Pontificale pour la Vie et grand-chancelier de l’Institut Jean-Paul II, qui a fait réaliser dans sa cathédrale, à Terni, une immense fresque aux motifs masculins scandaleux, dans laquelle il s’est fait lui-même représenter. Il faut citer aussi le fébrile Jésuite américain James Martin, nommé l’année dernière consulteur officiel pour le service de communication du Vatican, auteur de Building a Bridge : How the Catholic Church and the LGBT Community Can Enter into a Relationship of Respect, Compassion and Sensitivity : « Construire un pont : comment l’Eglise catholique et la communauté LGBT peuvent s’engager dans une relation de respect, de compassion et de tact. » Un livre soutenu par plusieurs cardinaux progressistes américains, tels Kevin Farrell, élevé à la pourpre cardinalice par le pape François et que ce dernier a placé à la tête du nouveau dicastère pour la vie et la famille, ou Joseph Tobin, créé lui aussi cardinal par le pape François. N’oublions pas non plus, le cardinal Joseph de Kesel, Primat de Belgique, Mgr Bonny, évêque d’Anvers, ni le désastreux collège épiscopal Chilien qui, récemment encore, défrayait la chronique avec ses vieux scandales sexuels remontant à la surface.
La liste est incomplète mais la souillure, elle, est complète, car les tentacules de la pieuvre LGBT s’agitent en eau profonde pour la dépravation de l’Eglise et celle de la société occidentale.
Gilles Colroy
G.K. Chesterton, Orthodoxie, « Idée » Gallimard 1984, p 27.
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