Le pétrole finance l’Etat Islamique et dans le même temps le prix du baril de pétrole plonge. Y aurait-il un lien de cause à effet ?

Une question s’impose: comme pour Ben Laden qui avait mystérieusement disparu dans les grottes d’Afghanistan, les milliers de barils de pétrole du califat disparaissent-ils dans les entrailles de la terre d’où ils ont été tirés ? Sinon, où resurgissent-ils ?

Si on observe les plans stratégiques qui ressortent du chaos mondial machiavéliquement organisé actuellement, nous avons le plus puissant pays de la planète, les USA, qui a retrouvé son indépendance énergétique sur son sol grâce à l’exploitation de ses schistes bitumineux. Les mêmes qui abondent en France, mais dont les écologistes ne veulent pas de l’exploitation afin de préserver la planète. (La planète… ou bien la suprématie américaine ?!..)

Si l’Etat Islamique s’enrichit dans l’exploitation du pétrole sans que les frappes de la coalition occidentalo-sunnite ne réussissent à faire exploser ses pipe-lines, c’est sans doute qu’elles sont très mal ajustées, à moins  qu’il y ait là-dessous des intérêts cachés ? Mais lesquels ?

Pour le savoir, il suffit de connaître les acquéreurs; car enfin, un oléoduc part forcément d’un point pour aboutir à un autre, n’est-ce pas ? Non, l’Etat Islamique ne vend pas à la sauvette à des automobilistes son pétrole de contrebande, ni même à des pompistes malhonnêtes, ou encore à des entreprises privés. Non, selon Asia Times et diverses sources convergentes, ceux qui achètent le pétrole que l’Etat Islamique vole à la Syrie et à l’Irak et qu’il revend à des prix défiant toute concurrence ce sont, le grand sultanat ottoman, grand allié des Etats-Unis et membre de l’OTAN, en un mot la Turquie! Et… le royaume de Jordanie! Il n’y a pas de mystère! Les oléoducs de l’Etat Islamique traversent les frontières et rentrent dans les finances de pays de… la coalition contre l’Etat Islamique

On reste confondu devant l’inefficacité des dispositifs de l’OTAN, réputés les plus puissants et perfectionnés du monde, face à un ramassis de brigands terroristes…

Inutile de dire que ni les drones ni les satellites qui peuvent détecter une aiguille dans une botte de foin à partir de l’espace, ni aucun des appareils ultra perfectionnés, ni les services de renseignements de la coalition occidentalo-sunnite, n’ont été jusque-là capables d’interrompre ce vol juteux commis par les affreux barbaresques barbus… Lesquels ont été, à l’origine,  formés et armés par les USA & alliés, en gentils « opposants modérés du régime de Bachar al Assad », qui de doux musulmans se sont réveillés djihadistes un beau matin, ce qui leur a permis de faire main basse sur le pétrole syrien et irakien, tout en persécutant et chassant les chrétiens et les Yézidis et menant la vie très dure aux Kurdes du PKK, et à ceux de Syrie et d’Irak… Et donc pour Erdogan, dangereux alliés des  séparatistes kurdes de la Turquie.

Quand on sait que la Turquie a passé un accord avec l’OTAN pour former sur son territoire de nouveaux gentils « opposant modérés à Bachar el Assad »; quand on sait que de tels camps existent déjà en Arabie Saoudite et en Jordanie, on comprend que le Nouvel Ordre du Mensonge ne méprise pas la technique du chaos pour tenir sous sa coupe ses « alliés » d’Europe, pour abattre le régime de Bachar el Assad, pour soumettre l’Iran chiite et pour atteindre la Russie qui ose rivaliser face à lui.

Le général John Allen, émissaire spécial d’Obama pour la coalition contre l’État islamique, s’est rendu le mois dernier à Ankara pour peaufiner le pacte d’alliance de l’OTAN, qui prévoit une zone tampon en Syrie le long de la frontière turque. John Kerry, lui, s’est rendu au très démocratique, (n’est-ce pas ?) royaume d’Arabie pour, de son côté, peaufiner les règles de la coalition occidentalo-sunnite, règles très juteuses pour les deux parties prévoyant la vente de pétrole au rabais vers les USA, l’anéantissement de la Syrie, et de l’Iran autant que faire se peut, et la déstabilisation de la Russie pour évincer le régime de Vladimir Poutine et tenter de porter un coup d’arrêt à l’alliance eurasiatique prônée par le maître du Kremlin. Et comment mieux déstabiliser un pays qu’à travers son économie ? Or l’économie de la Russie dépend principalement de l’exportation de ses hydrocarbures. En faisant chuter le cours du pétrole, les USA atteignent directement la Russie, au point que le rouble avait perdu jusqu’à 30% de sa valeur. Ce qui a obligé ses autorités à renforcer sa production de 40%, afin de compenser ses pertes de revenu. Heureusement les ressources de l’immense Russie sont presque inépuisables et ce ne sont pas les énergies renouvelables qui risquent de libérer l’UE de ses besoins en gaz russe. Les solutions alternatives au gaz russe ne sont pas pour demain. De plus la Russie, menacée par les sanctions européennes s’est ouvert de nouveaux marchés vers l’Asie ou les a renforcé, qui seront peu à peu mis en activité. Sur le plan diplomatique, Vladimir Poutine a rencontré dernièrement à Ankara, Erdogan. La Turquie est l’une des plus grandes puissances régionales dans l’environnement direct des intérêts russes. Un éventuel rapprochement pourrait servir la diplomatie d’Erdogan face aux exigences américaines.

Si la baisse du prix du pétrole qu’entraine cet accord, risque fort de déstabiliser l’exploitation des schistes pétrolifères américains, qui en-dessous de 80 dollars ne sera plus rentable, elle sera compensée par le pétrole à bas coût des Saoud. Dans l’espoir que l’Iran, la Syrie et la Russie finissent par y succomber.

l'Empire du Mensonge

Ces tractations inquiétantes de marchands de tapis, -qui font chaque jour leur lot de victimes au Moyen-Orient comme, indirectement, en Ukraine-, s’articulent aussi dans la rivalité wahhabite du Qatar avec le royaume Saoudien. La solution pourrait être dans la contrepartie d’un gazoduc au bénéfice du Qatar… D’ailleurs, impossible d’énumérer tous les avantages que les complices pourraient tirer de ce plan machiavélique s’il venait à réussir: déstabilisation de l’alliance eurasiatique chère à Vladimir Poutine, de l’entente des Brics avec la mise en circulation d’une nouvelle monnaie-étalon, mais la récupération de parts de marchés du pétrole en Asie, perdues au profit de l’Irak et de l’Iran, la stabilisation du dollar et de la suprématie américaine, etc. etc. Sans oublier le renforcement de la domination sunnite au Moyen-Orient et… en Europe! Il se pourrait que les Américains ne centrent plus, momentanément, leurs hostilités contre l’Etat syrien ni même contre l’Iran pour leurs besoins stratégiques conjoncturels.  Certains observateurs le signalent comme le Saker Français. On est habitué à ces changements de cap de la part des Américains lorsque leurs intérêts le réclament. Cette temporisation ne signifie pas, si elle se vérifie, qu’ils abandonnent pour autant cet objectif à long terme. Ce serait même très surprenant et cela compromettrait les alliances locales sur lesquelles Washington appuie sa politique stratégique mondiale, vis-à-vis de la Russie et de l’Union Européenne. Dans le même ordre d’idées, John Kerry avait tenté cet été un rapprochement stratégique avec l’Iran, qui l’avait rejeté avec hauteur, sachant à quoi s’en tenir quant à la fiabilité d’une alliance avec Big Brother.

Ces tractations s’opèrent au mépris d’Etats souverains, dans l’indifférence de l’ONU, -ainsi que l’a développé récemment V. Poutine-, sans qu’on entende piper les grandes consciences si promptes à hurler contre la Crimée devenue russe.

Une fois de plus l’Empire du Mensonge, tente d’enfumer tout le monde. C’est en faisant pleurer les braves gens d’Occident sur les persécutions des chrétiens d’Irak, (et surtout pas sur celles plus anciennes de Syrie), et sur l’exécution de journalistes occidentaux, qu’il a lancé son simulacre de guerre contre l’Etat Islamique qu’il a lui-même suscité… Nos dirigeants complices et/ou financièrement pendus ne réagiront pas. N’oublions pas que c’est dans le contexte d’une France financée par la banque du protestant suisse Necker, imposé comme ministre à Louis XVI, que la Révolution de 1789 a pu prendre son essor…

Les nations d’Europe, sous leur forme abâtardie d’Union Européenne, sont pieds et points liés, à la merci du Grand remplacement que ces guerres n’ont pas fini d’alimenter avec leurs lots de migrants. Le calife Abou Bakr al-Baghdadi et son califat n’ont certainement pas fini de rendre de grands services à l’Empire des Ténèbres, comme le fit en son temps Ben Laden avec Al Qaïda. Même s’ils prennent par moment quelques libertés avec leur mentor au risque de l’agacer.

Malgré les abominations que cela occasionne et va encore occasionner, il faut remarquer que les plans de ces apprentis-sorciers échouent régulièrement, au moins en grande partie, ce qui ne le décourage pas… Mais ce qui laisse l’espoir qu’un jour le chaos ne leur retombe dessus et en délivre le monde.

Emilie Defresne

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