La situation économique de l’Ukraine est plus que précaire comme on le sait déjà puisque c’est elle qui a provoqué ce mouvement de révolte. Or le gouvernement ukrainien cherche désespérément à régler sa facture de gaz à la Russie qui s’élèverait à environ 2 milliards de dollars. Gazprom a annoncé par ailleurs qu’à partir d’avril, les tarifs préférentiels qui avaient été conclus avec le gouvernement Ianoukovitch  seraient supprimés. Or l’Ukraine a de grosses échéances dans les mois qui viennent alors que la situation politique reste plus que trouble. Les USA et l’UE accourent déjà en sauveur.

En visite à Kiev hier, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a promis une aide de un milliard de dollars sous forme de prêt au pouvoir ukrainien. Doit-on se poser la question sur la possibilité des Américains à pouvoir débloquer un tel fond ? En octobre dernier, les USA étaient encore sous la menace d’une cessation de paiement en plein shutdown alors que Démocrates et Républicains s’affrontaient sur l’Obamacare. Plus de 800.000 employés fédéraux avaient été mis en congé temporaire. Le 12 février dernier, La Chambre des représentants a approuvé le relèvement du plafond de la dette des États-Unis jusqu’au 15 mars 2015 pour éviter tout défaut de paiement. On se demande quand on va arrêter d’augmenter le plafond de cette dette, une dette qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années surtout avec les dépenses liées à la guerre en Irak mais aussi à cause de la crise économique. Cependant, le gouvernement américain semble avoir trouvé le moyen de dégager un milliard de dollars…

La question est plus complexe du côté de l’UE. La Commission Européenne a annoncé la mise en place d’une aide qui s’élèverait à 11 milliards d’euros sur les deux prochaines années. Ils viendraient de structures différentes. Il y a 1,6 milliard sous forme de prêts, 1,4 milliard de dons, dont 600 millions au cours des deux prochaines années, trois milliards de la Banque d’investissement européenne (BEI). La Commission espère aussi dégager 5 milliards d’euros via la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Elle va mobiliser 250 millions de fonds de la politique de voisinage afin de lever 3,5 milliards de prêts. Les pays de l’UE vont donc être mis à contribution indirectement via les banques ainsi que les dons et les prêts. L’Allemagne, elle, s’est montrée réticente à accorder de nouveaux crédits puisés dans les fonds européens. Nul doute que le sommet européen de demain risque d’être animé pour s’entendre sur les conditions exactes. Pendant ce temps, la France a été placée sous surveillance renforcée par cette même Commission à cause entre autre du niveau de la dette.

On comprend donc que l’UE tente de rattraper sa première erreur qui a été de ne pas accorder une aide suffisante, éloignant le gouvernement d’Ianoukovitch de l’UE pour le rapprocher de la Russie. Le gouvernement de Poutine avait promis début février d’octroyer à l’Ukraine une deuxième tranche d’aide de 15 milliards de dollars après la première de 3 milliards de dollars en décembre dernier. Toute cette aide avait été suspendue après le renversement du gouvernement d’Ianoukovitch, la Russie attendant de savoir comment cela se passerait avec le nouveau pouvoir en place. On connait la suite avec les événements de Crimée et notamment la décision de l’Ukraine d’interdire la langue russe. La Russie continue d’exercer une pression économique via Gazprom et voudrait des garanties. Toutefois le premier ministre Medvedev a évoqué la possibilité d’octroyer à l’Ukraine 2 à 3 milliards de crédits pour pouvoir payer le gaz russe.

Les USA et l’UE tentent donc de reprendre de l’influence en Ukraine, après avoir laissé passer une première occasion, et pour cela ils sont prêts à tout. Les contribuables vont pouvoir mettre la main à la poche. D’ailleurs il n’y a pas que sur le plan économique. Le parlement ukrainien a annoncé qu’il allait réfléchir en vue d’une éventuelle adhésion à l’OTAN. Les USA et l’UE étendraient ainsi leur zone d’influence aux portes de la Russie et Poutine est décidé à la contrecarrer au maximum.

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