Dernièrement, une jeune américaine, professeur d’histoire, assistante à l’université de l’Iowa, spécialisée dans l’art classique, le professeur Sarah Bond a essayé de démontrer dans un article paru sur Hyperallergic que le « marbre blanc » des statues antiques favorise, à tord, l’exaltation de l’homme blanc, du suprémacisme blanc et du mâle blanc.
S’appuyant sur ses recherches, elle dresse un réquisitoire contre la prédominance de la statuaire gréco-romaine en marbre blanc des musées mondiaux : « beaucoup de statues, de bas-reliefs et de sarcophages réalisés dans l’antiqué étaient en fait peints» ce qui veut dire « que le marbre blanc » de ces œuvres d’art « était destiné à être coloré ». L’omniprésence du marbre blanc entraîne donc une fausse conception de la beauté qu’il faut combattre : «le rapport entre le marbre blanc et la beauté n’est pas une vérité universelle inhérente » explique-t-elle mais «c’est un idée dangereuse qui continue d’influencer les idées des suprématistes blancs aujourd’hui. » « Beaucoup de musées et de livres d’histoire de l’art illustrent une couleur de peau blanche » qui génère « un impact sur notre façon de voir le monde antique» car « cet assemblage de blancheur crée une fausse idée de homogénéité – tout le monde était blanc – dans le bassin méditerranéen ! »
Pour le professeur Sarah Bond cette conception d’un monde blanc méditerranéen est abusive et entraîne « d’avantage de munitions pour les suprématistes blancs tels Identity Europa qui utilise la statuaire classique comme un symbole de la supériorité du mâle blanc. »
Elle prétend d’ailleurs qu’« Il a fallu peut-être qu’une seule statue classique pour influencer une fausse construction de la race » « mais il va falloir, déclare-t-elle, que nous soyons beaucoup pour la détruire. » « Nous avons le pouvoir de recolorer l’ancien monde, mais il faut que nous commencions» conclut-elle.
Quand on lui demande cependant d’expliquer sa théorie elle explique que c’est au XVIIIe siècle qu’on a exalté le marbre blanc non peint : «Le fait est que les Grecs et les Romains coloraient leur art et donc le marbre blanc n’était que la toile et non pas l’œuvre finie. » «L’exaltation du blanc non peint était une construction XVIIIe de la beauté et n’était pas représentative de la conception classique de la beauté. »
Il est tout à fait possible que, tout autant que les murs de nos églises romanes et les portiques de nos cathédrales gothiques, certaines statues, certains bas-reliefs et sarcophages antiques grecs ou romains étaient polychromes, le temps en ayant peut-être détérioré les couleurs. Mais en quoi, on peut se demander, cette coloration des œuvres d’art antiques pourrait-elle donc transformer la morphologie « européenne » de la majorité des sujets représentés, expression par ailleurs de la conception philosophique, donc universelle, de la Beauté qu’en avait les artistes grecs influencés en cela par les penseurs hellènes ? Cette identité européenne est gravée dans le marbre antique, blanc ou coloré qu’importe, immortalisant à jamais la grandeur de la civilisation et de la culture gréco-latine, héritière des peuples indo-européens du bassin méditerranéen.
Faudrait-il dorénavant peindre toute la statuaire antique afin d’éliminer le blanc et exalter les anciens vases grecs en céramique rouge sur lesquels les sujets sont peints en noir ? Afin de faire preuve d’une discrimination positive anachronique et déconstruire l’identité européenne…
Francesca de Villasmundo
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