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Les responsables de la persécution des chrétiens d’Irak?

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Le 10 juin l’Etat Islamique s’est déclaré officiellement maître d’une partie de l’Irak, et la chasse aux chrétiens a été officialisée le 28 juillet. Mais il a fallu que les Kurdes soient à leur tour persécutés (Yazidis) pour que le président américain, Barack Obama, prenne la décision d’intervenir par des frappes aériennes pour les soutenir à partir du 08 août dernier. Durant ce long espace de temps, aucune aide militaire, policière ou humanitaire n’est intervenue pour secourir les chrétiens jetés sur les routes, les djihadistes ne leur ayant donné que le choix de se convertir, payer un lourd tribu sous forme d’impôt, fuir ou mourir. Les Chrétiens qui n’ont pas voulu renier leur foi, l’immense majorité, ont été spoliés de leurs biens et chassés. On leur a promis la protection des Kurdes, mais dans la pratique les Kurdes n’ont pas protégé les villages chrétiens et aucune autre mesure n’a été prise pour y suppléer. « Pourquoi a-t-on laissé ces islamistes à Mossoul, et de là s’avancer vers les villages chrétiens? » s’indigne sur France 5 Yako Elish, Président de l’Association d’Entraide aux Chrétiens d’Orient.

La prise de Qaraqosh, le 7 août, a ouvert la voie à l’armée de l’Etat Islamique vers Erbil, la plus importante ville du Kurdistan irakien. Or lorsque Qaraqosh (50 000 habitants), plus importante ville chrétienne d’Irak, était menacée personne n’a bougé. C’est pour faire barrage à l’avancée de l’armée de l’Etat Islamique vers Erbil que les Américains sont venus au secours de leurs alliés kurdes. Aujourd’hui la persécution des assyro-chaldéens semble passer aux oubliettes. Les médias n’ont plus d’yeux que pour les kurdes. Alors cependant, que les troupes kurdes, aidés par les frappes américaines, ont délivré aujourd’hui même deux de leurs villages. Laurent Fabius, sur place aujourd’hui, n’a eu de mots de soutien que pour les Kurdes, alors que 100 000 chrétiens sont toujours sur les routes.

Mais qui sont les vrais responsables de cette situation de chaos ? sinon les agresseurs de l’Irak de Saddam Hussein en 2003: les Américains ? Ceux-là mêmes qui se sont lancés en « croisade », selon le mot de Georges Bush! Se présenter en nouveaux croisés, c’était dés l’abord désigner les chrétiens à la vindicte de leurs compatriotes musulmans. Mais dans le même temps, la diabolisation de Saddam Hussein, protecteur des minorités, a fait des Chrétiens les boucs émissaires de ceux qui voulaient le renverser. De sorte que les chrétiens se sont retrouvés pris en étau entre les deux, sans avoir jamais été pris en compte dans ce conflit qu’ils redoutaient et dont ils ne voulaient à aucun prix.

C’est au nom du gouvernement américain que le « proconsul » Paul Bremer, en 2003, a démantelé l’armée et l’administration de ce pays. Le fragile équilibre entre les différentes composantes de la population, façonné par le parti laïc Baas, a volé en éclats. les officiers ont tous été chassés de leur poste et le matériel militaire abandonné. Ces officiers forment aujourd’hui les cadres de l’armée djihadiste, alors que leur matériel provient en partie des dépôts de l’armée irakienne dissoute.

Paul Bremer a imposé une structure fédéraliste complètement étrangère à la société irakienne, ainsi qu’un découpage du territoire entre zones Kurdes, Sunnites, ou chiites, de sorte que les chrétiens minoritaires se sont retrouvés dépourvus de protection et boucs émissaires désignés. La nouvelle armée irakienne formée en grande part de recrues récentes, a été fédéralisée en fonction des différentes confessions en vertu de quotas, ce que le précédent régime s’était évertué à évité. Cela la rend complètement inopérante face aux djihadistes sunnites, les sunnites de l’armée ne voulant pas lutter contre d’autres sunnites. C’est ainsi que cette armée très onéreuse, forte d’un effectif de 900 000 hommes est complètement démobilisée face à l’armée de l’EI, qui n’a qu’un effectif de 10 000 hommes en Irak (5 000 en Syrie).

Cette fédéralisation de toutes les structures étatiques a ôté toute autorité au pouvoir central déjà en position de faiblesse puisque imposé par la puissance occupante. Paul Bremer, au nom du gouvernement américain, a organisé le chaos dans ce pays autrefois stable et florissant.

Les répercutions de cette agression américaine de 2003, sans aucun mandat international, sans aucune justification -hormis des accusations mensongères démasquées depuis- , n’a certainement pas finie de dévaster cette région du monde: l’afflux des réfugiés au Liban et en Jordanie désigne ces pays à l’attention de l’armée djihadiste qui n’a pas attendu longtemps pour les menacer à leur tour. Nul ne sait combien de souffrances, de morts et de dégâts l’agression américaine va encore provoquer dans les années à venir, sans compter un nouvel afflux probable d’immigrés en Europe.

On est donc étonné que François Hollande se soit empressé, dés l’annonce des bombardements américains, de déclarer sa solidarité avec l’oncle Sam, alors que la France est complètement étrangère au chaos engendré par les Américains. Jamais l’Etat Français n’a soutenu l’agression américaine de l’Irak en 2003. Ce sont les médias , en France, qui se sont livrés à une honteuse et coupable propagande pour soutenir l’agression américaine. Depuis, il est vrai, Nicolas Sarkozy a trouvé bon de réintégrer la France à l’Alliance Atlantique dont l’avait dégagé De Gaulle… Et François Hollande suit le mouvement avec empressement.

Mais les victimes désignées par les prétendus croisés, sont en première ligne les chrétiens et si leur situation s’est aggravée ces derniers temps, elle n’est cependant pas nouvelle. Entre 2003 et 2014, la population chrétienne d’Irak est passée d’un million de personnes, à 400 000 sans compter l’exode en cours actuellement.

A Bagdad, ville encore « libre », une chrétienne ne peut pas sortir dans la rue sans voile, sinon elle se fait insulter et menacer. Deux hommes de 70 et 72 ans ont été abattus hier par les Islamistes dans un village proche de Mossoul, parce qu’ils refusaient de prononcer la chahada, cette profession de foi musulmane que Mgr Barbarin, archevêque de Lyon, se vantait de réciter. Mgr Barbarin qui, s’étant rendu en Irak sous haute protection, a déclaré face aux caméras et devant une assemblée de chrétiens irakiens, qu’il allait désormais réciter chaque jour le Notre-Père en langue liturgique chaldéenne jusqu’au retour des chrétiens à Mossoul… Quelle valeur doit-on accorder aux prières du primat des Gaules ?

Le 8 août, précise encore M. Yako Elish, des chrétiens d’un village proche de Qaraqosh disaient que leurs « voisins musulmans ont participé à l’attaque contre leur ville. Ceux-là avec lesquels ils vivaient en bonne entente depuis toujours. » La vie des chrétiens en Irak est un enfer, certains d’entre eux meurent de saisissement à force de faire face au harcèlement et à la peur quotidienne, nuit et jour…

Emilie Defresne

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