Venise, la ville sur l’eau, chef d’œuvre architecturale et prouesse technique de ce Moyen-âge tant décrié et pourtant si civilisé et adroit, recèle des secrets, et des beautés, qui refont surface.                 

Au nord de la lagune de Venise, sur l’île de Torcello, des fragments de fresques datant du IXe siècle ont été mises au jour lors de travaux de restauration de la cathédrale Santa Maria Assunta. Une découverte d’une importance particulière, car ce sont les plus anciennes fresques trouvées dans la région vénitienne. Les fresques, conservées en haut vers le toit, au-dessus des voûtes, sont cachées depuis le Moyen Âge par une couche de gravats qui a rendu impossible l’étude et l’analyse de ces œuvres d’art jusqu’à aujourd’hui.  

Il s’agit là d’un « témoignage des profondes racines chrétiennes de Venise, dont l’art doit son coup d’envoi à l’Évangile apporté à ces terres dès les premiers siècles de notre ère», commente pour Vatican News le patriarche de Venise, Mgr Francesco Moraglia. Ces fragments de fresques du IXe siècle ont été trouvés sous les mosaïques de la cathédrale Santa Maria Assunta, le plus ancien ancien édifice religieux de la lagune, situé sur l’île de Torcello.

En marge de la conférence de presse qui s’est déroulée le 24 juillet dernier, le prélat a rappelé la valeur de l’art sacré, faisant office de « catéchèse y compris pour les non-croyants et, dans la liturgie, [étant] comme l’expression d’une foi chrétienne célébrée et admise ».

Vatican News qui commente cette magnifique découverte le décrit comme le « témoignage du Haut Moyen Âge à Venise : l’incroyable découverte a eu lieu lors de la restauration de la maçonnerie et des mosaïques des absides et absidioles de la cathédrale, construite sur un plan basilical à trois nefs. Avant la réalisation de la décoration en mosaïque, entre les XIIe et XIVe siècles, des peintures murales, datant des IXe et Xe siècles, décoraient l’église. Elles ont émergé au-dessus des voûtes, et se trouvaient cachées par des ruines depuis le Moyen Âge: leur existence avait été supposée, mais n’avait encore jamais été étudiée de plus près. Ces fresques constituent donc une pièce fondamentale pour mieux comprendre l’histoire artistique de la cathédrale de Torcello, et plus largement,  du Haut Moyen Âge à Venise et dans la région de l’Adriatique. »

L’origine de Venise est-elle byzantine? Oui, mais pas seulement. « Je crois pouvoir affirmer, après de récentes découvertes, que Venise est à la fois byzantine et carolingienne. Simplement, ce deuxième aspect a été très bien caché jusqu’ici sous le tapis de l’histoire », explique Diego Calaon, professeur de topographie au département des sciences humaines de Ca ‘Foscari. Une déclaration que Calaon se base sur ces découvertes archéologiques exceptionnelles qui ont maintenant été mises au jour à la basilique de Torcello. Calaon a dirigé l’équipe archéologique de l’Université vénitienne qui a fourni une collaboration scientifique lors des opérations de restauration et de contrôle archéologique de la basilique de Santa Maria Assunta, sur l’île de la lagune nord. L’une des églises avec l’histoire architecturale et archéologique la plus complexe et la plus fascinante du Moyen Âge dans toute la région méditerranéenne.

Les œuvres ont révélé deux cycles iconographiques distincts : un panneau pictural avec des scènes de la vie de la Vierge Marie, où apparaît une représentation vivante de Marie et d’une servante, et un second registre pictural avec les événements hagiographiques de saint Martin. Ce dernier est représenté comme un évêque dans les mosaïques, tandis que dans les peintures murales, il présente l’iconographie traditionnelle du soldat de la charité. « Cette découverte, a expliqué Mgr Moraglia, donne des résultats inattendus: d’une manière particulière, elle met en évidence une foi mariale enracinée dans le territoire de Venise. La présence de la figure de saint Martin de Tours dans un triangle qui relie la Pologne, l’ouest de la France et l’île de Torcello à la foi christologique et à la lutte contre l’arianisme est également importante. »

Des légendes peintes avec des personnages typiquement haut-médiévaux accompagnent les images. Selon les archéologues et les épigraphistes de l’Université Ca’ Foscari de Venise, ce qui a émergé permettra de reconstituer l’aspect décoratif de l’église avant qu’elle ne soit recouverte de mosaïques s’inspirant des canons de l’art byzantin. Les informations stratigraphiques recueillies permettent de retracer la chronologie des phases de construction de l’ensemble de la basilique, bâtie en 639 (comme l’indique une inscription à gauche du chœur, la plus ancienne trace écrite de la lagune), et remaniée aux IXe, XIe et XIVe siècles.

Don Gianmatteo Caputo, délégué patriarcal pour le patrimoine culturel, évoque quant à lui « la nouveauté qui vient du passé et des témoignages anciens qui confirment le rôle de Venise comme pont entre l’Orient et l’Occident ». « Les fresques ne seront pas visibles parce qu’elles sont sous le toit: néanmoins, elles seront sauvegardées et conservées comme témoignage de l’histoire de Venise », précise-t-il. « L’église de Torcello est contemporaine du Palais des Doges : nous parlons donc d’une époque où Venise se développait et montrait toute sa grandeur », souligne le prêtre.

Vatican News rappelle que « Ces travaux de conservation du patrimoine ont été rendus possibles dans le cadre d’un programme visant à sécuriser le bâtiment de l’édifice, partagé avec le Patriarcat de Venise, suite aux inondations de 2019 qui ont endommagé plus de 80 églises de la région. Les contributions reçues dans le cadre de la campagne #AmericaLovesVenice par des donateurs américains qui ont estimé que Torcello était un lieu central dans l’histoire de la lagune ont elles aussi constitué une aide importante ».   

Francesca de Villasmundo

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