On critique toujours notre gouvernement, reconnaissons-lui une qualité: il ne manque pas d’imagination. Jamais à cours d’idées, Vincent Peillon, ministre de l’Education Nationale, a décidé, un triste jour de novembre, de s’en prendre … aux professeurs des classes préparatoires.

En quoi consiste ce nouveau projet de décret ? il prévoit de relever le volume horaire minimal passé devant les élèves et à rogner les heures supplémentaires. Or, c’est justement ces heures supplémentaires qui permettaient à un « prof de prépa » de gagner honorablement sa vie. Par cette réforme, ces professeurs perdront de 10 à 20% de leur revenu annuel (pour un travail équivalent) ! comme ça ! subitement ! Comme le constate amèrement Sébastien Cote, vice-président de l’association Khâgne-Hypokhâgne:  » notre rémunération est plus élevée que celle d’autres catégories de professeurs mais parce que c’est eux qui sont mal payés « (ou sous-payés ?  )

Pour imposer ce nouveau décret, le gouvernement a maintenant une méthode sûre et bien rodée, à savoir « l’absence totale de discussion et de négociation en amont. Les syndicats ont été consultés sur le chantier global mais n’ont pas vu venir le coup sur les prépas » (Sébastien Cote). La routine habituelle, quoi !

Peillon invoque le prétexte de « justice sociale »: on rogne sur les honoraires des professeurs de classes prépas et « on donne » aux professeurs de ZEP. Pour simplifier: on essaie de dresser ZEP contre Prépas. Parfum de lutte des classes …

Si Vincent Peillon pensait que ce plan (machiavélique?) réussirait sans accrocs, il se faisait des illusions – mais ça, on savait que c’était son point fort-. La solidarité dans certains corps de métiers est encore très forte. Les représentants des classes préparatoires clament haut et fort qu’ils sont les premiers à réclamer une valorisation de leurs collègues des ZEP (la plupart d’entre eux y ont d’ailleurs faits leurs premières armes) mais pas au détriment d’une baisse de moyens et donc de considération pour eux-mêmes et ce qu’ils représentent : la transmission d’un savoir de qualité.

Une pétition qui a recueilli 30 500 signatures (au 2 décembre) souligne avec raison l’injustice d’une telle réforme qui « donne le sentiment d’un incompréhensible et blessant manque de respect pour une catégorie d’agents de l’Etat dont le scrupule professionnel et l’engagement au service du public sont connus et reconnus ». Cette réforme s’attaque à « un système de formation qui contribue pourtant de façon significative à la création des forces vives de la Nation ».

Etudiants et enseignants de prestigieux lycées parisiens tels Louis-Le-Grand et Henri IV se sont rassemblés aujourd’hui devant le Lycée Saint-Louis et appellent à une nouvelle grève le 9 décembre.

Au-delà d’une simple réforme comptable comme la plupart semble le croire, ce projet est une gifle de plus à la France silencieuse et travailleuse, une nouvelle preuve du mépris que porte ce gouvernement à la France réellement productive, la France de l’Avenir.

 

 

 

 

 

 

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