Rigoristes, rigides, pélagiens, intellectuels de la religion, casuistes, vaniteux, orgueilleux, sans miséricorde… le père ne manque pas d’épithètes mal-sonnants pour décrire, depuis 3 ans, ses fils en soutane. Pire encore, il utilise, de façon fort malhonnête, le cas de Juda l’Iscariote, qu’il surnomma auparavant « l’icône de la brebis perdue », pour dénoncer le cléricalisme des pasteurs qui, sous le pontificat de François, devient le mal suprême à combattre au sein du monde ecclésiastique.
Si l’on écoute le pape, Judas se serait repenti mais n’aurait pas trouvé la miséricorde chez les prêtres de l’époque, les rabbins de la Synagogue, et donc « abusé », « seul », « écarté », il se serait pendu.
«Judas a été un traître, il a lourdement péché». «Mais ensuite l’Évangile dit : « repens-toi, et va leur rendre l’argent. » Et eux, qu’est-ce qu’ils ont fait ? « Mais, tu as été des nôtres. Sois tranquille… Nous, nous avons le pouvoir de tout pardonner. » Non ! « Arrange-toi comme tu peux. C’est ton problème! » Et ils l’ont laissé seul, écarté! » explique le pape François. Le pauvre Judas, traître et repenti, n’a pas été accueilli par les pasteurs, parce que ceux-ci avaient oublié ce qu’était un pasteur. Ils étaient les intellectuels de la religion, ceux qui avaient le pouvoir, qui faisaient avancer la catéchèse du peuple avec une morale faite par leur intelligence et non par la révélation de Dieu.»
Le pape François a une vision fort étrange de Judas due à une lecture réellement fantaisiste de l’Évangile. Quant à son explication, à demi-mot, du suicide de Judas, elle a de quoi étonner et s’écarte totalement de la tradition de l’Église.
Si l’on lit les passages des Évangile qui parlent de Judas, on y lit :
«N’est-ce pas moi qui vous ai choisis tous les douze? Et l’un de vous est un démon ! » (Jn 6, 70-71). « Au cours du repas, alors que le démon a déjà inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon, l’intention de le livrer» (Jn 13, 2) et plus loin il est écrit : « quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui» (Jn 13, 27). Puis Jésus dans saint Luc affirme au sujet de Judas : « la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre !» (Lc 22, 21-22)
Judas se laisse donc envahir par le démon. Pourtant le Seigneur, qui lit dans les âmes, le laisse prendre part à la Cène. Quand Judas le livre, le Seigneur l’appelle encore « Ami » (Saint Matthieu, 26, 49). Tous ces actes du Seigneur sont des gestes de miséricorde envers Judas. Jésus ne l’abandonne pas, c’est Judas qui s’éloigne volontairement de Jésus.
Plus loin saint Matthieu, 27, 3, évoque le remords de Judas et son suicide :
« Alors, en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, fut pris de remords ; il rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens. Il leur dit : « J’ai péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Que nous importe ? Cela te regarde ! » Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre. Les grands prêtres ramassèrent l’argent et dirent : « Il n’est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c’est le prix du sang. »
Les pasteurs juifs n’ont eu, il est vrai, aucune pitié de Judas mais ces grands prêtres de la Synagogue n’avaient pas voulu croire que Jésus-Christ était le Messie attendu, ils avaient renié le Fils de Dieu et avaient voté sa mort en secret. Quelle miséricorde divine, quel pardon, pouvaient-ils donc dispenser à Judas qui leur livrait le Christ, eux qui étaient sous l’emprise du Malin, qui faisaient les œuvres de Satan, comme l’Iscariote ? Leur cœur, comme celui de Judas, était fermé à Dieu et au prochain. Balivernes donc que toutes ces paroles creuses bergogliennes, sans fondement théologique, à propos des grands prêtres juifs qui « avaient oublié ce qu’était un pasteur. Ils étaient les intellectuels de la religion, ceux qui avaient le pouvoir… »
Quant au repentir de Judas et à son suicide, l’explication de François est tout aussi absurde. L’évangile parle bien du remord de Judas, mais l’orgueil l’a tenu enfermer dans son péché et son erreur et l’a fait désespéré de la miséricorde de Dieu. Là fut son grand malheur. La Tradition millénaire de l’Église a affirmé comme vérité révélée la damnation de Judas. Origène explique :
« après s’être repenti, il ne sut pas mettre son cœur à l’abri du désespoir, et il y laissa entrer cette tristesse excessive, que le démon lui inspira pour l’accabler entièrement: «Et il se retira, et alla se pendre». S’il eût pris le temps de se repentir et qu’il eût épié le temps favorable pour faire pénitence, il aurait, sans doute, rencontré celui qui a dit: «Je ne veux pas la mort du pécheur». (Ez 33,11). » Et encore : « Bien qu’il dise: «J’ai péché en livrant le sang innocent», il persévère dans la perfidie de son impiété, en continuant de croire, jusque dans les derniers moments de sa vie, et aux approches de la mort, que Jésus n’était pas le Fils de Dieu, mais seulement un homme d’une condition semblable à la nôtre, car il aurait certainement fléchi sa miséricorde, s’il n’avait pas refusé de reconnaître sa toute-puissance. »
Le Concile de Trente affirme également que « Judas n’a pas profité de la Rédemption et qu’il a perdu son âme. »
De cet enseignement, le pape François ne veut plus :
«Il y a une parole dans la Bible qui dit que Judas s’est pendu et repenti. Je crois que le Seigneur prendra cette parole et la portera avec lui… »
a-t-il affirmé le 6 décembre 2016 dans une autre de ces homélies « marthiennes ». « Pendu et repenti » (sic et resic) : faux ! Judas a eu du remord et, ensuite, s’est tué ! Bientôt on pourra publier l’Evangile selon Jorge Maria Bergoglio tellement il réécrit le récit évangélique à sa manière !
Pourtant il est une autre figure du traître dans l’Évangile qui se repentit et ensuite, au lieu de se suicider, pleura son péché : Saint Pierre. Par trois fois, l’apôtre par peur, affirme qu’il ne connaît pas Jésus, accomplissant ainsi les paroles de Jésus : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois.» (Mt 26, 35). Et la suite on la connaît : « [Pierre] sortit et pleura amèrement. » (Mt 26, 75). Il est singulièrement étonnant que le pape François, successeur du grand Saint Pierre, ne prend pas comme exemple la trahison du premier pape et son repentir tourné vers Dieu quand il évoque le pardon divin mais subvertit au contraire le cas de Judas pour l’adapter à sa fausse conception de la miséricorde divine qui s’applique automatiquement… à tous. Sans pénitence, sans pardon, sans réparation, juste un vague remord envers on ne sait même pas qui !
Manifestement, Jorge Maria Bergoglio, en parlant si souvent de Judas comme d’un pauvre repenti mal-compris par les pasteurs tant à son époque que pendant les 2000 ans qui ont suivi, veut accréditer, en travestissant les écrits des Évangiles et en parlant de manière sibylline, l’idée distillée à petites et savantes doses depuis le concile Vatican II que Judas s’est sauvé tout simplement parce qu’il fut « pris de remords ». Et il interprète abusivement le suicide de l’Iscariote comme le symbole du cléricalisme afin de mieux taper sur les prêtres qui essayent d’être fidèles à la doctrine et à la morale catholiques. Judas pour lui c’est l’image du « peuple humble, écarté et bastonné par ces gens », « abusé » par les clercs. Rien de moins ! Ce sont les prêtres d’hier, comparables à ceux d’aujourd’hui, qui sont responsables des faillites humaines dont Judas est l’archétype. Basta !
Toute cette homélie du pape François ne reflète aucunement la saine doctrine catholique mais une vision protestante de la miséricorde divine. Difficile surtout de ne pas voir dans cette harangue contre les prêtres, ces « intellectuels de la religion », une attaque en règle envers ces clercs qui ne veulent pas appliquer la nouvelle pastorale d’Amoris Laetitia concernant l’accès aux sacrements pour les divorcés en état d’adultère !
Pas de miséricorde pour les ennemis de la miséricorde bergoglienne !
Francesca de Villasmundo
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