À Lima au Pérou, la Marche pour la Vie rassemble chaque année 800.000 participants : la plus grande manifestation de cette nature de toute l’Amérique du Sud. Ce succès tient en grande partie au fait que le cardinal du lieu Juan Luis Cipriani implique l’archevêché dans l’organisation. Le comité s’occupant de la marche fonctionne comme une branche de l’archidiocèse et il est effectivement sous son contrôle. Elle devait avoir lieu le 25 mars dernier. Or deux jours plus tôt, elle a été annulée par un communiqué de presse d’une phrase en trois courtes lignes, pas plus. Ce texte est à l’en-tête de l’archevêché et signé de ces mots (écrits par ordinateur) : « Bureau de presse de l’archevêché ». Il n’a pas été communiqué sur Facebook ni Twitter. Que s’était-il passé ?
Le cardinal Cipriani le lendemain publia un autre communiqué disant qu’il fallait « célébrer la vie ». Il a rappelé le rôle de la famille et ajouté : « Il est très facile d’annuler et de détruire ; construire est difficile. Le droit à la vie de l’enfant à naître a besoin d’une expression publique forte. » Or le cardinal qui venait d’avoir 75 ans était en fin d’exercice en décembre 2018. Le pape lui avait ainsi supprimé son mandat à Lima. Il l’avait remplacé par un dénommé Castillo qui en février 2019 avait déclaré qu’il « s’opposait à l’opposition de l’Eglise catholique » sur la question de l’avortement. Deux négations valant une affirmation : en clair il était pour l’avortement. Il fallait « éclaircir le dialogue et ne pas en faire un combat politique » en matière de « droits à l’avortement » et de «droits en matière de sexualité et de procréation». Castillo allait réviser la position prise par son prédécesseur Cipriani, selon ses déclarations au magazine péruvien Caritas. « Ce que je pense, c’est que le pape François a inauguré une période au cours de laquelle il est nécessaire de voir à quel point ce que nous disons contient des aspects importants que nous devons maintenir et dans quelle mesure de nouvelles choses doivent être clarifiées, car il y a beaucoup de questions plus complexes ». En clair l’avortement était une affaire secondaire. D’où l’annulation de La Marche pour la Vie.
Cipriani qui lui-même prenait toujours la tête de la manifestation a rétorqué : « Nous ne pouvons pas rester silencieux….Une église qui veut s’adapter à l’ère du relativisme mondial (…) est très inquiétante ». «L’Église est ici pour prêcher la vérité du Christ et offrir les moyens du salut.» Il a rappelé que le 25 mars, jour le la marche, était la fête de l’Annonciation, rappelant que la Vierge avait conçu Le Fils de Dieu : c’était aussi la Journée officielle de l’enfant à naître inaugurée par l’Argentine en 1999. Il a ajouté aussi que les non-catholiques participaient à cette manifestation désormais abolie par Castillo.
La nomination de Castillo est un puissant acte de réprimande du pape François contre le cardinal Cipriani considéré comme « conservateur ». Celui-ci était engagé depuis de nombreuses années dans une lutte pour le contrôle de l’université catholique pontificale ultra-libérale du Pérou : les professeurs ont la réputation d’approuver l’avortement, les points de vue pro-LGBT ; elle refuse de se soumettre à la gouvernance de l’Église qui d’ailleurs lui avait retiré le nom de catholique. Or Castillo y était professeur de théologie ; il est un ardent défenseur de la « théologie de la libération » d’inspiration marxiste. Selon InfoVaticana il était entré en conflit avec le cardinal Cipriani, ce qui est compréhensible.
Ainsi le pape a nommé un destructeur de la morale catholique qui laisse désemparé tout un peuple.
Jean-Pierre Dickès
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