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Les nouveaux esclaves de l’Arabie

Pendant des siècles, les pays de la péninsule arabique ont usé d’esclaves ramenés d’Afrique, d’Europe ou d’Asie par les guerres menées par l’Islam conquérant. Aujourd’hui encore, les employeurs des pays du Golfe arabique sont impitoyables avec les miséreux qui viennent travailler chez eux. Les plaintes peuvent bien se multiplier sur les abus sexuels perpétrés sur les domestiques, les photos circuler sur les taudis dans lesquels sont logés les travailleurs non qualifiés, peu a été fait. Le dernier rapport d’Amnesty International, qui dénonce toujours et encore les conditions de travail au Qatar, est  un petit coup de pied dans la fourmilière méprisante des opulents du Golfe. C’est peut-être un « catalyseur de changements » au Qatar mais rien ne bouge dans les riches pays voisins.

Les pratiques de travail au Qatar sont régulièrement sous les feux de la rampe depuis que le royaume a été choisi comme hôte de la Coupe du Monde de football en 2022. Le gouvernement qatari vient d’annoncer une mesure symbolique : l’emploi, pour l’été prochain, de ventilateurs sous les casques de chantier des ouvriers qui travaillent en plein soleil. Plus de 5000 personnes sont concernées, qui travaillent à l’édification des différents stades destinés à accueillir la Coupe du monde au Qatar. Ce nombre est appelé à augmenter à 36.000 au cours des deux prochaines années.

Amnesty International a, entre février et mai 2015, interrogé 132 travailleurs impliqués dans la reconstruction du stade Khalifa, un complexe sportif à Doha. L’enquête accuse le Qatar d’utiliser des «travailleurs forcés» sur au moins un site de la Coupe du monde, l’International Stadium Khalifa. Les travailleurs qui rénovent un stade pour la Coupe du Monde, en 2022, ont subis plusieurs violations de leurs droits, même après qu’il ait été rédigé des normes officielles de « bien-être des travailleurs » . Selon le rapport, des dizaines d’ouvriers du Népal et de l’Inde ont été logés dans des logements sordides, interdits de quitter le pays par des employeurs qataris qui avaient confisqué leurs passeports. D’autres ouvriers ont été menacés de retenues sur leurs salaires ou de représailles auprès de la police qatarie par des agences d’emploi qataries.

« L’abus des travailleurs migrants est une tache sur la conscience du football mondial », a déclaré le secrétaire général d’Amnesty international, Salil Shetty, « « Pour les joueurs et les fans, un stade de la Coupe du monde est un endroit de rêve. Pour certains des travailleurs qui nous ont parlé, c’est un cauchemar. »

Le Comité qatari, organisateur de la Coupe du Monde 2022, a déclaré que «les conditions rapportées n’étaient pas représentatives »  et qu’il y avait un « parti pris » contre le Qatar. Le Bureau de Communication du Gouvernement du Qatar a confirmé que deux des entrepreneurs cités dans le rapport « ne sont plus admissibles à travailler sur des projets futurs». Des changements sont également annoncés sur certains points de la législation du travail au Qatar comme le paiement électronique des salaires et une procédure d’appel pour les droits des travailleurs étrangers. «Nous avons toujours reconnu ne nous n’avons pas une baguette magique qui pourrait résoudre la question dès le début », a déclaré aux journalistes M.Thawadi, le responsable du Comité olympique qatari, « mais la Coupe du Monde est un catalyseur de changement ».

Ce changement est urgent pour le Qatar, dont la candidature avait fait l’objet de sérieuses réserves de la part de nombreux pays, non seulement en raison des violations présumées des droits de l’homme dans le pays, mais également de la chaleur extrême qui y règne en été, rendant très pénibles les matches en plein air. La FIFA avait pourtant confirmé que les dates ne seraient pas déplacées vers des mois plus cléments et que la finale du tournoi serait bien jouée le 18 Décembre, pour la journée nationale du Qatar. Les autorités suisses sont en train d’enquêter sur la régularité du processus d’appel d’offres pour les coupes du monde de football de 2018 et 2022. Les autorités américaines ont, elles, déjà inculpé neufs officiels de la FIFA.

En savoir plus : https://www.amnesty.org/en/documents/mde22/3548/2016/en/

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