Plusieurs médias israéliens évoquent ces jours-ci la mémoire de Boris Nemtsov, « un politicien juif anti-Poutine » retrouvé assassiné.
C’est à l’occasion de la présentation de deux documentaires réalisés par des cinéastes juifs russes que les médias israéliens reviennent sur ce personnage trouble transformé en héros post-mortem.
Le premier reportage, intitulé « Mon ami Boris Nemtsov », a remporté le prix du meilleur documentaire au Festival de cinéma de Cracovie en Pologne et a remporté la Mention spéciale du jury au Festival international du film d’Odessa en Ukraine. Il est réalisé par la cinéaste Zosya Rodkevich, sur base des interviews de Nemtsov qu’elle a suivi pendant trois ans, jusque dans son intimité.
« 80 % du temps, il ne parlait que de lui-même », avoue la réalisatrice Rodkevich. « Il ne souffrait pas d’une faible estime de soi. Il était très narcissique. Il était amoureux de lui-même. Dans la vie normale, je ne m’entends pas avec de telles personnes ».
La réalisatrice Rodkevich décrit le moment où elle apprend que Nemtsov a été abattu devant le Kremlin.
« J’ai reçu un SMS m’informant qu’il avait été tué et je ne l’ai pas cru. » « J’ai éprouvé deux sentiments : l’un, je devais faire un film pour que ce soit le premier à sortir… Je devais aller filmer les funérailles. D’autre part, j’ai perdu mon ami et j’ai pleuré. »
Au final, le documentaire nous montre un bonhomme assez ridicule.
« J’étais très inquiète parce que Nemtsov est devenu un symbole. Les gens écrivent des poèmes et des chansons sur lui. Mais dans mon film, il n’est pas un super-héros. Il est sexiste, il essaie de flirter avec toutes les femmes qui se promènent, il jure beaucoup », confie Rodkevich.
Vera Krichevskaya, co-fondatrice de Dojd TV, est la réalisatrice d’un second documentaire sur Nemtsov. Vera Krichevskaya et Mikhail Fishman, le rédacteur en chef du Moscow Times qui a écrit le scénario du film, « sont tous les deux juifs« , insiste Times of Israël.
Titré, « L’homme qui était trop libre », ce reportage de plus de deux heures, choisit clairement de participer à la création du mythe d’un Nemtsov héroïque.
Dans son reportage, la réalisatrice Krichevskaya fait référence à la première campagne politique de Nemtsov en 1989 pour être élu au Congrès des députés de l’Union soviétique. Ses tracts indiquaient : « Boris Nemtsov, Juif ».
Mais aucun des deux reportages ne s’attarde sur ses relations avec les oligarques, sur ses liens avec les Etats-Unis, sur ses sources de financement ou sur ses frasques avec des prostituées de luxe.
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