Une proposition de loi, déposée par un député UDI de la Mayenne Yannick Favennec, portant  sur la création de « Maisons de Naissance », est passée inaperçue. Elle a été acceptée au Sénat par une forte majorité ( seuls les communistes et les radicaux de gauche ont voté contre), et devrait repasser à l’Assemblée Nationale le 28 novembre, avec de fortes chances d’être adoptée.
Un peu d’Histoire…

Il y a 50 ans en France, les naissances avaient lieu encore à domicile dans une faible proportion, mais surtout dans les cliniques privées – souvent tenues par des religieuses – les petits hôpitaux publics et les maternités rurales. Ces établissements couvraient la totalité du territoire national, à la satisfaction générale.

Il faut rappeler que l’accouchement est un acte naturel, relativement simple, mais qui peut être long, et se déroule normalement dans 90% des cas. Les accouchements étaient pratiqués soit par des sage-femmes installées « en libéral », soit par des médecins généralistes ou spécialisés en obstétrique (à cette époque où « la pilule » n’existait pas, les « gynécos » étaient pratiquement tous obstétriciens).

C’est à partir des années 70 avec madame Veil, qu’a commencé l’offensive contre les petites maternités au nom de la « Sécurité », visant d’abord les maternités rurales dites « dangereuses » parce qu’on n’y pratiquait pas de césariennes, et non sans taxer au passage « d’incompétence » un personnel dévoué et efficace. Comme si les médecins et sage-femmes ne prévoyaient pas les difficultés en dirigeant vers un centre mieux équipés les cas difficiles, et comme si les ambulances médicalisées n’existaient pas pour les transports en urgence…

Le ministère a exigé progressivement comme « critère de sécurité » : 300 naissances par an, puis 500, 600, 700, 1000… Et des régions entières se sont retrouvées privées de centres obstétricaux proches. Le dernier scandale – car il faut appeler les choses par leur nom – a été la fermeture, finalement annulée grâce à la mobilisation de toute la population locale, de la maternité de Valréas, dont l’activité restait pourtant florissante dans une région d’immigration magrébine importante.

Les conséquences d’un dirigisme dogmatique.

La concentration de soins médicaux et chirurgicaux dans des « Grands Centres », dotés de tous les moyens les plus sophistiqués, est une idée anglo-saxonne. Ce qui compte c’est « le plateau technique », pas les besoins ou les désirs de la population. Pour l’obstétrique un hôpital doit couvrir non seulement un département mais une Région, et pouvoir pratiquer 10.000 voire 20.000 accouchements par an.

Avec à la clef : l’inflation du nombre des césariennes (moins de 10% en 1950, 30% dans la plupart des centres actuellement), les maladies nosocomiales, et un coût multiplié par 3.

Un projet déjà financé.

C’est donc une bonne nouvelle que ces « Maisons de Naissance » qui augurent d’un retour à la réalité de nos politiques : tout peut arriver ! Elle seront confiées aux sage-femmes, qui sont nombreuses et bien formées en France, mais dont le statut est toujours mal défini, bien que ce soient elles qui, depuis toujours, connaissent le mieux l’obstétrique… Elles sont environ 20.000 en activité en France. Ces maisons seront situées à proximité d’un hôpital, possédant le fameux « plateau technique » nécessaire, ce qui est raisonnable. Leur financement est prévu par le projet de loi : 150.000€ par structure, dans le cadre des « missions d’intérêt général ». Les premières « maisons » devraient alors rapidement fonctionner  – à titre expérimental – pour 5 ans. On peut leur garantir un brillant avenir.

Docteur Luc Perrel.

Source Ouest-France du 23/11/2013

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