La semaine dernière a eu lieu à Rome, selon la volonté du pape François, le pré-synode des jeunes. 300 d’entre eux avec l’aide de 15 000 autres connectés via les réseaux sociaux ont donc sélectionné les diverses questions qu’ils estiment devoir être affrontées par les évêques lors du synode d’octobre prochain qui a pour thème Les jeunes, la foi et le discernement des vocations.
Un document final de 15 pages vient d’être publié. Il dévoile les sujets adoptés qui témoignent d’un mélange des genres des plus bariolés : le cyberharcèlement côtoie la vocation ; la contraception, le concubinage, l’homosexualité vont de pair avec les demandes d’un plus grand investissement en faveur de l’écologie et d’une repentance pour les erreurs passées de l’Église, considérée trop « sévère » et « souvent associée à un moralisme excessif ».
Ce texte contribuera à la rédaction de l’Instrumentum laboris qui servira de base pour le Synode. Les jeunes du pré-synode demandent qu’il y ait un « débat ouvert » « indépendamment du niveau de compréhension des enseignements de l’Église » sur la contraception, l’avortement, l’homosexualité, le concubinage, la contraception, le mariage mais aussi le sacerdoce dans les différentes réalités de l’Église. Deux tendance se sont faites jour au sein des jeunes : ceux qui veulent « que l’Église change ses enseignements » et accepte celui qui, même s’il est « en opposition » avec le magistère traditionnel, « désire être partie de l’Église » ; et ceux qui, plus conservateurs, « acceptent ces enseignements et trouvent en eux une source de joie » et « souhaiteraient que l’Église, bien qu’ils soient impopulaires, les proclament avec plus de vigueur ».
Les deux factions se sont en revanche entendues sur le « style » d’Église auquel ils aspirent :
« une Église authentique », « une communauté transparente, accueillante, honnête, communicative, accessible, joyeuse et interactive. (…) Pour cela l’Église devrait être empressée et sincère dans la reconnaissance de ses erreurs passées et présentes, en se présentant comme composée de personnes capables de fautes et d’incompréhension. »
Les jeunes demandent donc à l’Église de faire repentance sur « les différents cas d’abus sexuels et sur la mauvaise administration des richesses et du pouvoir ». Ils revendiquent aussi que leur soit accordée une participation plus importante « dans les processus décisionnels » de l’Église qui doit « leur offrir davantage de rôles de leadership » dans « les paroisses, les diocèses, au niveau national et international, et même au niveau des commissions vaticanes ». En avant les délégués des classes du Vatican, comme dans les lycées de notre république laïque et maçonne ! Le pouvoir par le bas…
« Nous sommes fermement convaincus, écrivent-ils, que nous sommes prêts à devenir des responsables qui peuvent grandir et être aidés par les personnes plus âgées de l’Église, que ce soit des religieux ou des laïcs, hommes et femmes. »
La question de la place de la femme au sein de l’institution revient également régulièrement dans le texte publié. Malheureusement les rédacteurs du document la traitent à travers le prisme du féminisme ambiant qui dénature la belle réalité de la vocation de la femme tant au sein de l’Église que de la société : « Les jeunes ont également l’impression que les femmes ont un rôle peu clair dans l’Église » est-il écrit. C’est pourquoi les jeunes encouragent « l’Église à approfondir sa compréhension du rôle de la femme et à valoriser les jeunes femmes » tout en déplorant qu’« il y a[it] un manque de modèles féminins de leaders au sein de l’Église ».
Bien entendu, le sujet primordial de la vocation est abordé mais de manière plurielle : si la vocation religieuse est citée, le document propose aussi la vocation comme un engagement social : « Les jeunes de croyances diverses voient la vocation comme ouverte à la vie, à l’amour, aux aspirations, comme une contribution pour le monde et une manière d’avoir un impact. »
Dans ce vaste fourre-tout, il ressort que ces jeunes, animés par une bonne volonté certaine, ont cependant une vision quasiment naturaliste de l’Église vue ainsi uniquement comme une institution humaine et sociale, avec donc ses défaillances d’hommes.
Savent-ils seulement ce qu’est l’Église Corps mystique du Christ ? Il est fort à craindre que non et qu’ils adhèrent, par ignorance probablement, à ce « naturalisme commun, qui, dans l’Église de Dieu, ne considère et ne veut voir que des liens purement juridiques et sociaux » et qui fut condamné par Pie XII dans son encyclique Mystici Corporis Christi. De cette fausse notion de l’Église qui abolit le surnaturel, les sacrements et la grâce sanctifiante, nécessaires au progrès spirituel des âmes, découle cette réflexion des jeunes du pré-synode purement humaine et naturelle, où les enseignements traditionnels de l’Église sur les questions existentielles comme l’homosexualité, le gender, l’avortement, etc. ne peuvent être appréhendés que comme des préceptes humains et non divins, subordonnés donc à la loi du relativisme, de l’évolution idéologique actuelle et des non-valeurs contemporaines.
Avec une tel document comme fondement, le prochain Synode sur les jeunes risque de pondre une réflexion tout aussi dommageable que celle du Synode sur la famille…
Francesca de Villasmundo
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