C’est le journaliste italien Marco Tosatti, spécialiste du Vatican, plume de Vatican Insider, en semi-retraite, ce qui lui permet un ton plus libre que celui philo-bergoglien habituel du quotidien vaticanesque, qui en fait l’annonce sur son blog Stilium Curiae : les Franciscains de l’Immaculée sont toujours dans la tourmente et leur fondateur, le Père Manelli, dans le viseur du pape François.

Fin janvier, Marco Tosatti avait déjà évoqué la volonté de Rome de clore définitivement la mise sous tutelle brutale et stalinienne de la branche féminine des Franciscains. Selon les indiscrétions qu’il aurait obtenues, un nouveau décret de commissariat signé par le pape lui-même serait prêt, ce qui aura pour effet immédiat de mettre un terme à l’appel déposé par certaines religieuses auprès du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique. Il ne leur restera comme moyen de défense que la seule supplique au Saint Père. !

Au 2 février, le journaliste remet le sujet sur le tapis en annonçant que le Père Manelli, le fondateur de cette congrégation florissante avant sa mise sous tutelle par le Commissaire délégué feu le Père Volpi, est à nouveau persécuté, le but indirect étant de faire cesser la résistance de certains frères et sœurs :

« La Congrégation pour les Religieux, explique—t-il, présidée par le cardinal brésilien Braz De Aviz et le secrétaire français Carballo voudrait clore le chapitre de la mise sous tutelle cette année, en convoquant un chapitre tout de suite après l’été. Mais il y a des difficultés.

Il y a une forte résistance de la part de beaucoup de religieux et de religieuses envers une mise sous tutelle qui a été vécue comme une forme de violence. A cette date la Congrégation n’a toujours pas fait connaître les motifs à cause desquels l’ordre a été décapité et son fondateur de 83 ans, le Père Stefano Manelli, obligé de vivre dans une sorte de clôture imposée.

Aussi (…) en prévision d’un possible chapitre, les partisans de la nouvelle règle craignent que les fidèles du Père Manelli puisent élire un gouvernement sur leur ligne.

C’est pourquoi ces jours derniers, raconte Marco Tosatti, le Père Manelli a reçu un document, élaboré en audience par les responsables de la Congrégation pour les Religieux avec le pontife, et qui a son assentiment, dans lequel il est spécifié :

« Le Père Manelli est prié de relâcher un communiqué dans lequel il déclare accepter et observer toutes les dispositions du Saint-Siège et exhorter les Frères Franciscains de l’Immaculée et les Sœurs Franciscaines de l’Immaculée à adopter la même attitude.

Le Père Manelli ne pourra faire aucune autre déclaration dans les médias ni paraître en public.

Il ne pourra participer à aucune initiative ou rencontre ni en personne ni via les réseaux sociaux.

Le Père Manelli est prié de remettre, pour la pleine disponibilité des instituts, dans les 15 jours à compter de la réception du présent décret, le patrimoine économique géré par les associations civiles et toute autre somme à sa disposition.

Il est interdit au Père Manelli et au Père G. Pellettieri d’avoir la moindre relation avec les Frères de l’Immaculée à l’exception de ceux des communautés où ils résideront avec la permission de ce Dicastère. Ils éviteront tout contact avec les Sœurs Franciscaines de l’Immaculée”.

Ironique Marco Tosatti conclut :

«Il ne manque plus que les cordes et le masque de fer et le catalogue sera complet. Et tout cela en 2017, dans l’Église de la Miséricorde. Sûrement que le Père Manelli et ses fidèles se sont rendus coupables de crimes horribles mais alors pourquoi ne pas le dire et ne pas les soumettre à un jugement canonique ? La manque de clarté dans les accusations, si elles existent, donnent plutôt l’impression d’une persécution mue par des intérêts d’un autre genre. Idéologiques ou même autres. Dans un pays où les assassins se promènent impunis, la sévérité de ces restrictions suscite un sens d’irréalité.

Le point le plus intéressant est celui qui concerne l’argent. Et il y en a beaucoup: certains parlent d’un patrimoine de trente millions d’euros. Qui cependant ne sont pas dans les mains de Manelli mais de différentes associations de laïcs : l’association “Missione dell’Immacolata”, l’association “Missione del Cuore Immacolato” et l’association “Casa Mariana Editrice”. Et de fait, en juillet 2015 le tribunal d’Avellino avait levé le séquestre des biens appartenant aux associations de laïcs pour une valeur d’environ 30 millions. Lors des batailles légales à la suite de la mise sous tutelle, ces biens avaient été confisqués par le Parquet d’Avellino qui suspectait à l’époque des délits d’escroquerie et de faux et usage de faux.

Comment juger alors de la demande faite au Père Manelli en admettant que la Congrégation [des Religieux, ndlr] soit consciente de la situation légale sanctionnée par la loi italienne? Je n’arrive pas à imaginer autre chose qui ne soit une forme de pression psychologique et morale sur le frère âgé.

Il est curieux de remarquer que ce pas, si sévère, suit de peu une autre manœuvre inédite et, certainement unique : à savoir les pressions exercées personnellement par le Pape sur le Grand Maître de l’Ordre de Malte, Matthew Festing, afin qu’il démissionne. L’Ordre de Malte non plus n’est pas pauvre, par ailleurs. Évidemment, c’est sans aucun doute le froid qui attise ces dérives autoritaires, au-delà des Murs. »  (Traduction de Francesca de Villasmundo)

Francesca de Villasmundo

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