Une séduisante exposition, intitulée « Les fêtes galantes, de Watteau à Fragonard » est présentée en ce moment, au musée Jacquemard-André à Paris.
Au fil de la soixantaine d’œuvres issues d’importantes collections internationales, le visiteur est plongé dans un univers festif et attrayant, celui des « fêtes galantes ». Ce genre pictural éclos au début du 18e siècle, autour de la figure de Jean-Antoine Watteau (1684-1721), s’approprie les « pastorales » des deux siècles précédents qui aimaient mettre en scène un monde champêtre idéalisé où figurent des ruines antiques, des nymphes et des dieux.
Le genre de la fête galante est né des deux impératifs auxquels Watteau étaient soumis : plaire aux particuliers qui souhaitaient être représentés et satisfaire aux exigences de l’Académie royale de peinture qui considéraient comme inférieur tout tableau de la vie quotidienne. Le compromis fut un véritable triomphe et Watteau fut à l’origine d’un style pictural repris par Pater (1695-1736), Lancret (1690-1743), Boucher (1703-1770) et Fragonard (1732-1806) tout au long du siècle.
Les « fêtes galantes » mettent en scène, avec beaucoup de délicatesse, l’amour et la joie de vivre à travers des personnages réels -il n’y a plus de nymphes- dans un décor champêtre luxuriant. Élégance et légèreté, grâce et raffinement sont les maîtres mots du genre.
La poésie qui se dégage de ces œuvres, prémices du rococo, s’épanouit grâce aux lignes courbes et couleurs claires. L’agréable mélange de fantaisie et de réel contribue à le rendre surprenant et fascinant.
L’exposition débute par le fameux Pierrot content de Watteau, une des œuvres à l’origine du succès du genre, et se poursuit avec les plaisirs du bal et la Camargo dansant avec un partenaire de Lancret, dont les robes merveilleuses et chatoyantes des femmes, à la mode de l’époque feront rêver les petites filles. La musique et le théâtre sont très présents dans les œuvres de Watteau, les instruments récents permettent d’ancrer les scènes dans le réel.
Les plaisirs du bal de J-A WatteauSouvent les parcs parisiens et les domaines environnants offrent un cadre idéal aux fêtes galantes comme les Tuileries ou le parc Saint-Cloud. Cependant les commanditaires éprouvent souvent un véritable attrait pour l’Orient. Aussi, s’adaptant à la mode, l’insertion de figures exotiques va devenir un élément courant des fêtes galantes sous les pinceaux des artistes comme la Pêche chinoise de Boucher.
La pêche chinoise de BoucherLes peintres de fêtes galantes de la fin du 18e s tel Fragonard vont ajouter au style une note d’extravagance. Ce ne sont plus les élégantes parisiennes en robes chatoyantes qui sont représentées mais des bergères fantaisistes. Les artistes aiment jouer avec l’invraisemblance. Avec Fragonard, la nature tient une place prépondérante dans des toiles de plus en plus grandes. Dans la Fête à Saint-Cloud, les couleurs sont lumineuses, l’écume des jeux d’eau vaporeuse, la fête joyeuse.
Fête à Saint-Cloud de Fragonard
L’exposition ne manquera pas de charmer et de ravir les amateurs d’art autant que les touristes. La fraîcheur raffinée et le bon goût des scènes exposées évoque une citation bien connue de Talleyrand : « Qui n’a pas vécu avant 1789, n’a pas connu la douceur de vivre ».
Exposition « De Watteau à Fragonard, les fêtes galantes » au musée Jacquemard-André (Paris, 8e) du 14 mars au 21 juillet 2014.
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !