Au vu de la mobilisation générale contre le pacte migratoire qu’il est prévu de signer à Marrakech, le JT de la 2 s’est improvisé pédagogue pour expliquer à la masse de doux crétins ignorants que sont les Français ce qu’est le pacte migratoire. Un expert de ces questions dont personne n’avait entendu parler jusqu’alors a insisté : ce pacte est absolument anodin et laisse les pays souverains de leur politique migratoire.

Alors peut-on nous expliquer pourquoi il faut signer un pacte qui n’a aucune incidence? Si ce pacte ne change rien, pourquoi mobiliser un président, un avion présidentiel (combien de CO2 au fait pour l’aller retour Marrakech ? ) peut-être une nouvelle tenue soigneusement choisie pour Mme Macron si elle accompagne son jeune époux. En un moment qui réclame tout de même la présence du Président de la République. Quand un pays s’effondre, ou en court le risque, aller signer un pacte qui ne change rien, n’apparaît pas comme un acte de grande intelligence politique.

La presse, comme l’expert recruté pour rassurer le petit peuple, ne semblent pas tout à fait informés que d’autres experts ont un autre avis sur la question, et ce, depuis quelques années. Nous, oui…

En 2007, Jacques Dupâquier, le grand historien spécialiste de l’histoire des populations et de la démographie historique, dépose sur le bureau de l’Assemblée, lors de la séance du lundi 14 mai 2007, un ouvrage récent faisant le point sur le problème des migrations Immigration. Sortir du chaos. L’ouvrage date d’un an déjà. L’auteur, Maxime Tandonnet est un ancien conseiller au ministère de l’Intérieur pour la question des migrations. Il n’est pas publié chez un obscur petit imprimeur mais aux Editions Flammarion.

On y apprend ce qu’on sait aujourd’hui mais ce qu’on se gardait bien de dire alors : que la France accueille chaque année des centaines de milliers de migrants au titre du travail, du droit d’asile, du droit au logement et au regroupement familial. Mais les bien-pensants qui ont dix and moins trouvent qu’elle n’en fait pas assez et refusent de voir les problèmes posés.

Les causes de ce chaos – c’est le terme employé – sont clairement identifiées : les errements, hésitations et faiblesses des gouvernements, de l’administration et de la justice en matière d’immigration sous la pression d’une opinion mal informée. En 2007, les migrants et leurs descendants représentent environ 23 % de la population française, proportion qui doit tendre vers 30 % dans les prochaines décennies.

L’explication traditionnelle de ce phénomène apparaît insuffisante à l’auteur : les inégalités de développement, la croissance différentielle et la soif de liberté, tout cela ne suffit plus. Le grand exode planétaire résulte aussi pour lui d’une idéologie mondiale qui privilégie l’individu sur les nations et les frontières. Une partie de la jeunesse des pays du Sud, enlisée dans la misère, le désœuvrement, l’archaïsme des mœurs, le droit des coutumes familiales et claniques, les violences et les guerres, la corruption, s’enivre de l’image d’un monde occidental qui incarne l’opulence et la liberté individuelle, et est prise d’une frénésie de fuite.

Devant cette pression colossale aggravée par les déséquilibres démographiques, et émaillée parfois d’événements tragiques, – c’est hallucinant d’actualité — certaines organisations humanitaires, et même plusieurs spécialistes, fermant les yeux sur le rôle des trafics mafieux dans l’organisation de l’immigration et refusant d’aborder les problèmes posés par l’accueil des migrants ainsi que le risque de pillage des cerveaux, proposent alors de baisser les bras et d’ouvrir les frontières au nom d’un droit fondamental et universel à la mobilité et à la liberté de s’établir partout à son gré.

Mais, souligne l’auteur, c’est l’un des aspects les plus spectaculaires des mouvements de population sur la France. l’origine de ces migrants a radicalement changé : parmi ceux qui arrivent en France, les Européens ne sont plus qu’une minorité. La plupart viennent du Maghreb, d’Afrique noire et de Turquie : ils beaucoup plus difficiles à intégrer.  Face à ce déferlement, qui risque de déstabiliser la société française et qui menace son identité, les marges de manœuvre des gouvernements ne cessent de se restreindre du fait de l’opposition plus ou moins larvée des grands corps de l’Etat (Conseil constitutionnel, Conseil d’Etat, INSEE, Commission Informatique et Libertés) et surtout, surtout, de la Commission européenne.

En 2007, on le savait donc déjà : la politique française avait rompu à la fois avec la tradition républicaine et avec la pratique courante des États ; elle avait brouillé le clivage fondamental entre immigration légale et immigration irrégulière ; il était devenu tolérable et toléré que le migrant entre en France sans avoir été autorisé à s’y établir durablement, sur la base d’un visa de court séjour ; il était admis qu’il s’incruste, pétitionne, manifeste, finisse par obtenir des papiers, puis acquière la nationalité française ; qu’il conserve des liens avec son pays d’origine, s’y marie, fasse venir son conjoint en France au titre du regroupement familial.

Ce système a culminé en 2003.

Les lois de 2003 et 2006 avaient réduit les abus et commencé à porter leurs fruits. Nous le savons aujourd’hui, d’autres lois sont venues corriger voire empêcher une régulation pourtant urgente et implacablement nécessaire. Maxime Tandonnet proposait plusieurs scénarios pour l’avenir : entre le dogme irrecevable de  l’immigration zéro et l’ouverture générale des frontières, une troisième voie. Laquelle ? Il ne le disait pas. Mais il soulignait que les années à venir étaient cruciales. Elles le furent en effet…

En 2007, un grand spécialiste de la démographie jugeait ce livre suffisamment important pour le déposer sur le bureau de l’Assemblée. L’un de ces distingués parlementaires l’a t-il lu? On ne voit pas souvent Maxime Tandonnet sur les plateaux de télévision. Dommage…

Il est vrai que la presse ne lit pas beaucoup, et pour une raison simple. Dans les écoles de journalisme, on apprend à ne pas utiliser les temps « complexes », comme par exemple le « passé simple » qui implique l’alternance passé simple/imparfait. Ils ont d’ailleurs de telles difficultés d’élocution qu’on a vu apparaître (beaucoup l’ont sans doute noté) des tropes de diction qui consistent à appuyer vigoureusement sur certaines syllabes, pratique qui rend pénible voire insupportable de les écouter.

Pour lire des ouvrages un peu sérieux, il faut encore maîtriser le passé simple et l’imparfait. J’ai appris que cet apprentissage a disparu des programmes scolaires du primaire.

Une rumeur sans doute…

Une de plus sans nul doute… Personne ne contestera qu’un formidable marché se développe sous nos yeux : celui des cours privés. Signe éclatant de la faillite de l’Education Nationale. Euh… une ruse de la raison  peut-être ?

Quand on prive de jeunes intelligences de culture, quand on les gave de mensonges, d’idéologie, de propagande, comment s’étonner qu’ils se mettent à casser et à détruire autour d’eux. Quand on leur bourre le crâne à longueur de journée au lieu de les instruire, de les éduquer, de leur donner la solide culture à laquelle ils ont droit, comme s’étonner de la réponse d’une jeunesse qui répercute des discours politiques creux et vains : ceux qu’on lui a ressassé depuis des lustres au lieu de l’envoyer faire ce qu’on doit faire à cet âge : étudier, apprendre, travailler.

Soljenitsyne, qui fut une grande lumière dans la ténèbre marxiste qui a bien failli détruire la Russie en des temps pas si lointains plaidait pour le droit de ne pas voir nos âmes immortelles polluées de ragots inutiles. Il consacra les dernières années de son existence à restituer aux Russes la mémoire dont ils s’étaient vu spoliés.

C’est ce qui attend les Soljenitsyne de France, si la France est encore capable de susciter du courage et de l’intelligence.

La France ou l’Eglise…

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