Reporters sans frontières vient de rédiger une proclamation sur la liberté d’expression avec pour objectif de la faire signer par les principaux représentants religieux français, toutes confessions confondues.

Elle ne reconnaît ni ne condamne le sacrilège ou le blasphème. Chacun est libre d’exprimer et de diffuser des critiques, même irrévérencieuses, envers tout système de pensée politique, philosophique ou religieux.

La liberté de conscience, qui est celle de croire, de pratiquer une religion, ou de ne pas croire, est aussi garantie par la Convention européenne des droits de l’homme et la Constitution. Elle doit naturellement s’appliquer sans discrimination.

Certains peuvent se sentir offensés ou blessés par la critique de leurs croyances, notamment sous la forme satirique. Mais la liberté d’information et d’expression, celle des journalistes comme des citoyens, ne saurait être contrainte ou limitée par les convictions ou les sensibilités des uns ou des autres.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, tout comme Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman, ont approuvé ce texte. Quant à François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, il a signé des deux mains, se réjouissant car les libertés d’expression et de conscience sont « les fruits du protestantisme ». Tous ces représentants religieux viennent donc d’admettre qu’ils acceptent comme principe l’insulte à Dieu…

La bonne surprise vient de l’Eglise catholique qui a refusé de ratifier ce texte. Ce refus est à souligner, d’autant plus que nous ne nous privons pas par ailleurs de souligner sur MPI les graves manquements des évêques et même pour certains leur complicité avec la culture de mort.

C’est ainsi que Mgr Olivier Ribadeau Dumas, porte-parole de la CEF, répond :

« Nous respectons le travail immense que fait RSF pour la liberté de la presse dans le monde, mais quelle légitimité a-t-elle pour lancer un appel aux responsables des cultes ? Toute association va-t-elle demain sommer l’Eglise catholique de dire quelque chose sur tel ou tel sujet ? Jusqu’où ira-t-on ? Je trouve que ce texte fait peser un soupçon sur les religieux, qui seraient comme responsables du climat du moment et d’un manque de liberté d’expression. »

Même si hélas, les évêques ne rappellent pas les principes et ne dénoncent pas cette vaste supercherie qu’est ce qu’on appelle « la liberté d’expression », la réponde de la Conférence des Evêques de France a l’avantage de dénoncer l’aspect anti-religieux de cette démarche, qui sous prétexte de vouloir défendre la liberté de conscience et d’expression ne veut que mieux la museler au profit d’un laïcisme antireligieux.

Il suffit d’ailleurs de constater qu’Elisabeth Badinter, anti-chrétienne primaire, se situe en tête de gondole des signataires, pour comprendre que cette proclamation n’a rien d’innocente. C’est cette pseudo historienne qui affirmait doctement – et malhonnêtement – que le pape Pie XII avait jugé utile que les femmes accouchent dans la douleur. Menteuse !

Quant aux évêques, ils auraient pu rappeler avec justesse, la doctrine de l’Eglise, si bien résumée par le pape Léon XIII dans son encyclique Libertas du 2 juin 1888:

« Et maintenant, poursuivons ces considérations au sujet de la liberté d’exprimer par la parole ou par la presse tout ce que l’on veut. Assurément, si cette liberté n’est pas justement tempérée, si elle dépasse le terme et la mesure, une telle liberté, il est à peine besoin de le dire, n’est pas un droit, car le droit est une faculté morale, et, comme nous l’avons dit et comme on ne peut trop le redire, il serait absurde de croire qu’elle appartient naturellement, et sans distinction ni discernement, à la vérité et au mensonge, au bien et au mal. Le vrai, le bien, on a le droit de les propager dans l’Etat avec une liberté prudente, afin qu’un plus grand nombre en profite ; mais les doctrines mensongères, peste la plus fatale de toutes pour l’esprit ; mais les vices qui corrompent le cœur et les mœurs, il est juste que l’autorité publique emploie à les réprimer sa sollicitude, afin d’empêcher la mal de s’étendre pour la ruine de la société. Les écarts d’un esprit licencieux, qui, pour la multitude ignorante, deviennent facilement une véritable oppression, doivent justement être punis par l’autorité des lois, non moins que les attentats de la violence commis contre les faibles. »

CQFD.

Xavier Celtillos

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