Bruno Bioul, historien et archéologue, chargé d’enseignement à l’université de Bourgogne, est le rédacteur en chef de la revue d’archéologie et d’histoire Archéothéma.

Dès les premières lignes, il rappelle que la controverse récurrente qui anime chaque année les débats à propos des crèches placées dans les espaces publics pour célébrer Noël est l’un des symptômes les plus patents d’une société qui a perdu ses repères. Que l’on soit pour ou contre les crèches, la question sous-jacente est celle de l’acceptation du sacré chrétien, ouvertement et délibérément placé au vu et au su de tous pour afficher un attachement à une histoire, à une foi, à une coutume ou à une pratique multiséculaire qui a façonné le paysage politique, économique et socioculturel des pays de traditions chrétiennes. Certains sont hostiles à ces crèches par pure idéologie sectaire, mais beaucoup s’en accommodent, car à leurs yeux, il ne s’agit que d’une belle et pieuse légende qui participe du merveilleux de Noël : un enfant nouveau-né, emmailloté dans une mangeoire, placé entre un âne et un bœuf, entouré de sa mère et de son père nourricier, est adoré par de pauvres bergers et de riches rois mages.

Ce livre de Bruno Bioul s’adresse à ces sceptiques. Les Evangiles sont-ils des légendes pieuses ou des récits véridiques ? Il leur répond non pas en tant que chrétien mais en tant qu’archéologue et historien suivant les recherches les plus récentes en cette matière.

Bruno Bioul lève une à une les objections anciennes et nouvelles et démontre par les découvertes archéologiques que les Evangiles sont d’une cohérence insoupçonnée.

Ainsi, pour quelqu’un qui n’a initialement pas la foi mais qui a l’honnêteté de s’intéresser à l’historicité des Evangiles en s’en remettant aux découvertes archéologiques, ce livre démontre que les récits évangéliques peuvent être considérés a minore comme vraisemblables lorsqu’ils sont mis en perspective avec ce que nous connaissons du contexte général du 1er siècle de notre ère, alors que leur rejet a priori sous prétexte qu’ils mentionnent des miracles inexplicables, donc impossibles, est scientifiquement irrecevable. On peut relever dans ces récits évangéliques – dont le texte a été établi selon des critères scientifiques extrêmement rigoureux -, leur conformité avec le milieu géographique, sociologique, religieux, politique et culturel.

D’un point de vue archéologique, il faut donc considérer que rien de ce que nous savons aujourd’hui grâce aux disciplines scientifiques exégétiques et historiques ne permet de contredire les Evangiles. Et sur les auteurs des Evangiles, rien ne permet de soutenir qu’ils ne sont pas ceux dont ils portent le nom.

L’auteur rappelle aussi que la science n’a pas réponse à tout. Le fait qu’un événement soit « extraordinaire » ou « inexplicable » n’en fait pas ipso facto un phénomène « impossible ». La présence de miracles dans les Evangiles ne peut donc être un obstacle à leur étude en tant que documents historiques : le Jésus de l’Histoire peut retrouver le Christ de la Foi sans que l’un porte préjudice à l’autre. Il faut simplement accepter qu’il y a des choses qui nous dépassent, des phénomènes que la science n’est pas en mesure d’expliquer, mais qu’elle doit reconnaître comme tels.

Les Evangiles à l’épreuve de l’histoire, Bruno Bioul, éditions Artège, 428 pages, 21,90 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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