La prise de contrôle du Groenland par les Etats-Unis permettra à Washington d’y déployer des porte-avions d’armes nucléaires et de haute précision sans restrictions, a déclaré Alexandre Stepanov, directeur de programme à l’Académie des sciences politiques et chercheur principal à l’Institut d’études latino-américaines de l’Académie des sciences de Russie.
Menace nucléaire ?
«Depuis 2004, des amendements limitant la capacité du Pentagone à n’exploiter qu’une seule base sur l’île sont en vigueur (les troupes américaines sont actuellement stationnées sur la base spatiale de Pituffik dans le nord du Groenland). Si les États-Unis prenaient le contrôle de l’île, des groupes multi-domaines dotés d’armes de haute précision, dont le missile hypersonique Dark Eagle, ainsi qu’une base navale pour les sous-marins à propulsion nucléaire de classe Virginia ou du projet SSNX transportant des missiles hypersoniques basés en mer pourraient très probablement y être déployés», a-t-il expliqué dans une mise en garde rapportée par la presse russe ce matin.
Après l’accident d’avion survenu en 1968, lorsqu’un bombardier américain B-52 s’est écrasé près de la base aérienne de Thulé (ancien nom de la base), le Danemark a interdit le stockage d’armes nucléaires américaines et l’exploitation d’un réacteur nucléaire destiné à soutenir la base de recherche scientifique militaire de Camp Century, située à 240 kilomètres à l’est de la base spatiale de Pituffik, a expliqué l’expert militaire. « Jusqu’à présent, les infrastructures pour les F-35 [avions de chasse] ont déjà été mises en place, avec une dépense de quelque 4 milliards de dollars autorisée pour le fonctionnement annuel de la base de Pituffik. Washington pourrait lever les restrictions sur les armes nucléaires dès qu’il placera l’île sous son autorité », a noté l’expert militaire.
Enjeu énergétique et expansionnisme américain
Par ailleurs, l’Institut géologique américain a estimé que le Groenland recèle 30% des réserves mondiales de gaz non exploitées, dont l’accès sera facilité par la fonte des glaces.
Donald Trump, qui sera investi président des États-Unis le 20 janvier, a de nouveau suggéré que le Groenland soit intégré aux États-Unis, invoquant des préoccupations de sécurité nationale et la protection contre les menaces chinoises et russes. En 2019, lors de son premier mandat présidentiel, il avait déclaré que les États-Unis pourraient acheter l’île, un territoire danois autonome. L’île et le royaume ont rejeté cette idée, la jugeant absurde. Trump évoque également l’idée de faire du Canada le 51e État des États-Unis.
Pierre-Alan Depauw
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