La Vierge « n’est pas Co-Rédemptrice », elle ne partage pas avec le Christ la puissance de sauver l’humanité du péché, et cela ne sert à rien de « perdre du temps » avec des nouveaux dogmes qui établissent de nouveaux titres. Le pape François, au cours de la messe du 12 décembre dédiée à Notre-Dame-de-Guadalupe sous le dôme de Saint-Pierre, en usant de son habituel langage malsonnant et de ses expressions incongrues, a dévoilé sa théologie mariale, si éloignée de la mariologie traditionnelle et si alignée sur l’esprit conciliaire :
« Quand certains viennent avec des histoires qu’il faut l’appeler ceci ou cela, qu’il faut de nouveaux dogmes la concernant. Ne perdons pas de temps avec ces histoires : Marie est femme, Dame, mère de son fils et de la Sainte Mère l’Église hiérarchique, et elle est métis, femme de nos peuples qui a fait Dieu métis. »
Pas Co-Rédemptrice mais « métis » : le politiquement et religieusement corrects se « métissent » prodigieusement bien en François !
Ce rejet d’un revers de parole brutal d’attribuer à Marie ce privilège de Co-Rédemptrice tout en l’affublant du titre saugrenu de « métis », et ce refus d’étudier la possibilité d’un nouveau dogme mariologique n’a rien d’étonnant chez un pape totalement endoctriné par l’esprit du monde contemporain et la mentalité conciliaire, et souligne à nouveau à quel point la ligne théologique du dernier concile s’harmonise avec le monde et est en rupture avec l’enseignement des siècles pré-Vatican II.
Ce n’est point un secret de polichinelle, depuis le second concile du Vatican, la théologie mariale est en effet dictée non par l’intelligence des mystères de Dieu mais principalement par l’œcuménisme moderniste et le souci de ne pas froisser les sectes protestantes avec qui marche béatement l’Église conciliaire « sur le chemin de l’unité dans la diversité ».
En 1996, Jean-Paul II régnant, le Saint-Siège institua, lors du XIIe Congrès Marial de Czestochowa en Pologne, une Commission théologique composée de quinze théologiens auxquels leur furent adjoints quelques théologiens non catholiques afin d’étudier la possibilité et l’opportunité de la définition des titres mariaux de Médiatrice, Co-Rédemptrice et Avocate. Dans sa déclaration en conclusion de son travail, la Commission écrivit :
« Les titres, tels qu’ils sont proposés, se révèlent ambigus, puisqu’ils peuvent être compris de manières très différentes. Il est aussi apparu qu’il ne fallait abandonner la ligne théologique du concile Vatican II qui n’a voulu définir aucun de ces titres. (…)
« Même si on attribue aux titres un contenu dont on pourrait accepter l’appartenance au dépôt de la Foi, leur définition, dans la situation actuelle, ne serait cependant pas perspicace théologiquement car les doctrines qui correspondent à ces titres nécessitent encore un autre approfondissement dans une nouvelle perspective trinitaire, ecclésiologique et anthropologique. »
Et last but not the least :
« Enfin, les théologiens, spécialement les non catholiques, se sont montrés sensibles aux difficultés œcuméniques qu’impliquerait une définition des titres susdits. »
Pour surenchérir sur cette fin de non-recevoir, l’Académie Pontificale Internationale commenta ainsi cette déclaration que fit sienne le Saint-Siège :
« La réponse de la Commission, intentionnellement brève, fut unanime et précise : il n’est pas opportun d’abandonner le chemin tracé par le concile de Vatican II et de procéder à la définition d’un nouveau dogme. (une définition des) titres mariaux de Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate n’est pas dans la ligne des orientations du grand texte mariologique de Vatican II. (…)
« Donc, le mouvement actuel qui prône la définition n’est de toute évidence pas dans la ligne et les orientations de Vatican II en ce qui concerne soit la requête d’un nouveau dogme mariologique, soit le contenu proposé pour l’hypothétique définition dogmatique. (…) »
El papa argentin poursuit sur le même chemin conciliaire relativiste, et ses paroles sans fard reflètent incontestablement cette ambition œcuménique d’union avec les protestants, supérieure pour les hiérarques conciliaires à la Gloire de Dieu et de la Vierge.
En ce domaine de la mariologie, tout autant que dans les autres domaines théologiques, l’Église conciliaire, la secte conciliaire comme la qualifie certain évêque, Mgr Tissier de Mallerais, est en rupture avec la Tradition séculaire de l’Église catholique et avec les papes d’avant Vatican II. Depuis les premiers siècles de l’Église, la dévotion des fidèles a attribué à la Mère de Dieu ce beau titre de Co-Rédemptrice, des saints éminents l’ont propagé, des papes l’ont officialisé.
De nombreuses fois Pie XI lui donna ces titres de Co-Rédemptrice, d’Avocate, de Médiatrice. En 1928 :
«…Elle fut aussi Réparatrice et porte à juste titre ce nom… …Il a voulu cependant s’adjoindre sa Mère comme Avocate des pécheurs et comme dispensatrice et Médiatrice de ses grâces…»
Le 30 novembre 1933 :
«…Le Rédempteur se devait par la force des choses, d’associer sa Mère à son œuvre. C’est pour cela que nous l’invoquons sous le titre de Corédemptrice. Elle nous a donné le Sauveur. Elle l’a conduit à son œuvre de rédemption jusqu’à la croix…».
En 1935 :
«…O Mère de piété et de miséricorde, qui assistiez votre doux Fils tandis qu’il accomplissait sur l’autel de la Croix la Rédemption du genre humain, vous notre Co-Rédemptrice et associée de ses douleurs…»
Pie VII, en 1805, l’appelle lui-aussi « Avocate » auprès de son divin fils, ce que réitéra Pie XII, un siècle plus tard :
« Nous avons la Vierge pour Avocate universelle en toute chose…»
«…Il l’a établie Mère de miséricorde, notre reine et Avocate très aimante, Médiatrice de ses grâces…»
Saint Pie X l’appelle « Notre Avocate » dans sa célèbre prière à l’Immaculée.
Les saints ne furent pas en reste pour honorer Marie. Alphonse de Liguori et Bernardin de Sienne n’avaient de mots assez grands pour célébrer les privilèges de la Vierge, Saint Thomas d’Aquin les explicita. Saint Bernard de Bustis, au XVe siècle, contribua à développer le thème de Marie Co-Rédemptrice dans la Tradition catholique. Les exemples de saints qui appellent ainsi la Mère de Dieu foisonnent tout au long des siècles.
Le Saint Office, le 26 juin 1913 et le 22 janvier 1914, approuva l’invocation à « Marie, Co-Rédemptrice du genre humain ».
Le Père Garrigou-Lagrange dans son ouvrage La Mère du Sauveur et notre vie intérieure lui donne pareillement ce titre de Co-Rédemptrice.
Voici enfin ce qu’on peut lire dans le Dictionnaire de Théologie catholique, à l’article Marie, col. 2396 :
« Le mot corédemptrice signifiant par lui-même une simple coopération à la rédemption de Jésus-Christ, et ayant reçu, depuis plusieurs siècles, dans le langage théologique, le sens très déterminé d’une coopération secondaire et dépendante, selon les témoignages précités, il n’y a point de difficulté sérieuse à s’en servir, à condition que l’on ait soin de l’accompagner de quelques expressions indiquant que le rôle de Marie, dans cette coopération, est un rôle secondaire et dépendant. »
Au XIX siècle, Léon XIII condamnait déjà cette mentalité protestante de négation des privilèges de Marie qui infestait les catholiques libéraux de son époque, ancêtres des conciliaires d’aujourd’hui :
«…(ils) n’honorent pas Marie et ne l’ont pas pour Mère; pour ceux aussi qui, participant aux croyances saintes, osent taxer les bons d’outrance et d’exagération dans le culte qu’ils ont pour Marie; par cela, ils blessent grandement la piété filiale…»
Depuis lors, depuis le révolutionnaire concile Vatican II, ces libéraux ont réussi à s’emparer des commandes à Rome où ils règnent en maître avec leur doctrine néo-protestante et néo-moderniste condamnée par Saint Pie X, et le pape François est notoirement et positivement l’un d’eux.
Francesca de Villasmundo
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