Les patriarches et chefs des Églises de Jérusalem ont publié une déclaration commune condamnant indirectement la proposition du président Trump de chasser de force les Palestiniens de Gaza : « Nous sommes obligés de nous exprimer contre la grave menace d’un déplacement massif. »
« Le peuple de Gaza, les familles qui vivent depuis des générations sur la terre de leurs ancêtres, ne doivent pas être forcés à l’exil »
Cette déclaration brève mais puissante exprime la « tristesse » face à la « profonde tragédie morale et humanitaire » qui se déroule à Gaza aux mains de l’armée israélienne.
« Le peuple de Gaza, les familles qui vivent depuis des générations sur la terre de leurs ancêtres, ne doivent pas être forcés à l’exil, dépouillés de ce qui reste de leurs maisons, de leur héritage et de leur droit de rester sur la terre qui constitue l’essence de leur identité », peut-on lire.
Le document appelle également à la libération de « tous les captifs des deux côtés » du conflit tout en exhortant les dirigeants politiques et la communauté internationale à mettre un terme immédiat à cette « catastrophe ».
Ce n’est pas la première fois que des chefs religieux de Jérusalem s’unissent pour lancer un appel à la paix. En août 2024, ils avaient publié une lettre commune appelant à des discussions immédiates pour « promouvoir une paix juste et durable » via une « solution légitime à deux États ». Ils ont également publié d’autres déclarations similaires.
Les Patriarches et chefs des Églises de Jérusalem sont une association commune des représentants du clergé de diverses Églises protestantes, orthodoxes et catholiques du Moyen-Orient. Le cardinal catholique Mgr Pierbattista Pizzaballa, qui sert le Patriarcat de Jérusalem, est l’un de ses membres les plus éminents.
Mgr Pizzaballa dénonce régulièrement les crimes de guerre commis par Israël et les autres attaques antichrétiennes depuis octobre 2023, date du début du conflit. Il s’est même proposé en échange d’otages israéliens.
La déclaration dans son intégralité peut être lue ci-dessous :
UN APPEL HUMANITAIRE DES ÉGLISES DE JÉRUSALEM : DÉFENDRE LA DIGNITÉ ET LA PRÉSENCE DU PEUPLE DE GAZA
Jérusalem, Terre Sainte
14 février 2025
En tant que gardiens de la foi et de la conscience chrétiennes sur cette terre sacrée, nous élevons nos voix dans la tristesse et la détermination inébranlable face aux souffrances qui continuent à Gaza. La dévastation qui se déroule sous les yeux du monde est une profonde tragédie morale et humanitaire. Des milliers de vies innocentes ont été perdues et des communautés entières sont en ruine, les plus vulnérables – les enfants, les personnes âgées et les malades – subissant des épreuves inimaginables.
Au milieu de cette angoisse, nous sommes contraints de dénoncer la grave menace des déplacements massifs de population, une injustice qui frappe au cœur même de la dignité humaine. Les habitants de Gaza, des familles qui vivent depuis des générations sur la terre de leurs ancêtres, ne doivent pas être contraints à l’exil, dépouillés de ce qui reste de leurs maisons, de leur héritage et de leur droit de rester sur la terre qui constitue l’essence de leur identité. En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas rester indifférents à une telle souffrance, car l’Évangile nous ordonne de défendre la dignité de chaque être humain. Les paroles de notre Seigneur nous le rappellent : « Malheur à ceux qui font des lois injustes, à ceux qui édictent des décrets oppressifs, pour priver le pauvre de son droit, et pour priver l’opprimé de justice » (Isaïe 10, 1-2).
En ce moment critique, nous reconnaissons et soutenons la position de Sa Majesté le roi Abdallah II de Jordanie, du président El-Sisi d’Égypte et d’autres, dont la position ferme et fondée sur des principes est restée claire et inébranlable dans le rejet de toute tentative visant à déraciner la population de Gaza de sa terre. Leurs efforts incessants pour fournir une aide humanitaire, faire appel à la conscience du monde et insister sur la protection des civils illustrent un leadership au plus haut niveau de responsabilité.
Dans le même esprit, nous appelons également à la libération de tous les prisonniers des deux camps afin qu’ils puissent retrouver leurs familles en toute sécurité. Nous appelons également tous les croyants, les gouvernements et la communauté internationale à agir rapidement et avec détermination pour mettre un terme à cette catastrophe. Que rien ne justifie le déracinement d’un peuple qui a déjà souffert au-delà de toute mesure. Que le caractère sacré de la vie humaine et l’obligation morale de protéger les personnes sans défense l’emportent sur les forces de destruction et de désespoir. Nous appelons à un accès humanitaire immédiat et sans entraves à ceux qui en ont désespérément besoin. Les abandonner maintenant équivaudrait à abandonner notre humanité commune.
Alors que nous élevons nos prières pour les personnes en deuil, pour les blessés et pour ceux qui demeurent fermes sur la terre de leurs ancêtres, nous nous souvenons de la promesse des Écritures : « L’Éternel soutient tous ceux qui tombent, et relève tous ceux qui sont courbés » (Psaume 145:14). Que le Dieu de miséricorde fortifie les affligés, adoucisse le cœur de ceux qui détiennent le pouvoir et fasse naître une paix qui maintienne la justice, préserve la dignité humaine et protège la présence de tous les peuples sur la terre à laquelle ils appartiennent.
Les patriarches et chefs des Églises de Jérusalem
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