Même en politique, où l’arithmétique est rarement en odeur de sainteté, les chiffres sont des indicateurs imparables pour avoir une idée précise de l’état d’esprit de nos concitoyens. Cela se vérifie, une fois de plus, quand on regarde de très près les résultats de la dernière élection présidentielle. Et c’est sans appel : si l’on additionne le nombre des abstentions (25 %), plus les votes blancs ou nuls (11 %), plus les votes en faveur de Marine Le Pen (34 %), on arrive à un total de…71 % ! Qui se compose d’opposants farouches à Macron, de ceux qui ne voulaient pas choisir et d’autres qui, sans convictions, quel que soit l’enjeu, le type d’élection ou les circonstances, ne se déplacent jamais. Motivés ou pas, leurs votes ou leurs abstentions mises bout à bout font une majorité ! Bien plus que les 66 % qui ont fait élire Macron… Sauf que, 71 % plus 66 %, ne font pas 100 %… Au-delà de cette logique arithmétique, les chiffres pourraient, tout autant que les mots, avoir un sens…

Mais, notre démocratie veut qu’une élection se décompte uniquement sur le nombre de votants. Soit on participe, soit on passe à la trappe. C’est le jeu, et il a la cohérence d’inciter les citoyens électeurs à prendre parti ou à choisir, pour qu’ils ne se perdent pas dans des considérations présumées secondaires. On ne peut qu’abonder dans ce sens, mais en même temps, il faut bien reconnaître que quelques fois le choix peut sembler impossible. Sérieux dilemme ! Néanmoins, prendre en compte les bulletins blancs et nuls, comme certains le réclament, ne serait peut-être pas une si mauvaise idée. Et même, on pourrait peut-être admettre la nécessité de créer un bulletin spécial pour distinguer ceux qui votent avec leurs pieds et ceux qui veulent vraiment affirmer formellement ne pas vouloir, selon les cas, « choisir entre la peste et le choléra » ou entre « blanc bonnet et bonnet blanc« . Dans ce cas, l’abstention devrait rester sans effet sur une quelconque interprétation. À moins de rendre le vote obligatoire. Et la question ne se posera plus… Tout ceci mérite réflexion.

La plupart du temps, les discours politiques brouillent souvent les chiffres, et les résultats sont toujours noyés dans des flots de paroles, soit pour occulter le vote des électeurs, soit pour glorifier une formation politique ou l’ego démesuré de tel ou telle. N’en doutons pas, ce sera encore vrai au moment des prochaines élections législatives. Qui, plus que jamais, seront regardées avec attention, pour voir quelle tournure va prendre la recomposition du paysage politique. Le nombre de députés, de voix et de suffrages de chacun sera scruté à la loupe. Bien que chaque circonscription exprime la volonté des électeurs, malheureusement, encore une fois, à cause du scrutin majoritaire à deux tours, la représentation nationale sera dénaturée. Sans la proportionnelle intégrale, il y aura toujours un fossé entre la représentation politique à l’Assemblée nationale et la réalité de la représentation populaire. La diversité des opinions y sera forcément mal représentée ou carrément absente.

Malgré tout, et au-delà de l’analyse qui tend à prouver que, même en politique, les chiffres ont un sens, il sera intéressant de voir les nouvelles forces en présence au sein de l’Assemblée nationale. Qui va déterminer l’avenir de notre pays. Pour cinq ans !

C’est long !

Claude PICARD

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