« Cela ne veut pas dire que le pape leur enlève leur chapeau de cardinal, mais il pourrait le faire »
a-t-il précisé.
Mgr Pinto s’est montré scandalisé : pour lui, demander des éclaircissements sur cette Exhortation concernant certains point contraires à la doctrine concernant le sacrement de mariage revient à douter de l’Esprit-Saint : « on ne peut douter de l’action du Saint-Esprit » durant les deux synodes d’évêques sur le mariage et la famille, « pas seulement un mais deux, un ordinaire et un extraordinaire! » En somme, tous les actes émanant de François ne sont ni discutables ni réformables car conformes totalement à l’inspiration du Saint-Esprit. Fermé le ban. Circulez, il n’y a rien à voir. L’actuel pontife peut nier les décisions infaillibles du concile de Trente en louant Luther comme étant un médicament pour l’Église, son Exhortation sur la famille, qui n’est pas magistérielle mais qui mine radicalement l’indissolubilité du mariage et permet la réception des sacrements à des personnes en état objectif de péché mortel, est quant à elle à appliquer comme étant infaillible.
Mgr Pinto par ailleurs confirme que le pape, qui n’a pas répondu directement aux Dubia, l’a fait indirectement dans l’entretien accordé au quotidien italien Avvenire dans lequel il a dit :
« Certains, – je pense à certaines critiques d’Amoris Laetitia – continuent à ne pas comprendre, ou c’est blanc ou c’est noir, même si c’est dans le flux de la vie qu’il faut discerner. »
Le doyen de la Rote a également souligné la volonté du pape François que l’Eucharistie soit accessible à tous :
« La réforme de la procédure matrimoniale du Pape François veut toucher davantage de gens. Le pourcentage de personnes qui demandent la nullité matrimoniale est très petit. Le pape a dit que la communion n’est pas seulement pour les bons catholiques. François dit : comment atteindre les personnes les plus exclues ? Beaucoup de gens, avec la réforme du pape, pourront demander la nullité, mais d’autres, non »,
a-t-il dit. Aussi, donner les sacrements à tous sans distinction, sans discrimination diront les bonnes consciences morales qui acceptent toutes les dérives immorales, est la réponse toute trouvée :
« Une religieuse m’a dit qu’il y a des personnes divorcées ou qui vivent ensemble et qui communient. Alors que doit faire l’Église : dire toi oui, et toi non ? Le pape François veut une Église très proche du peuple. »
Après le mariage pour tous dans le monde profane, c’est donc l’ère du « sacrement pour tous » dans le monde ecclésial. L’Église conciliaire toujours à la remorque du monde…
Pour soutenir la position du pape François, Mgr Pinto se barricade derrière la fausse conception de la miséricorde divine développée, tout au long de cette année jubilaire, par le pape argentin. La théorie bergoglienne sur la Miséricorde s’inspire en effet plus de la doctrine protestante que des Pères de l’Église catholique. C’est un copié-collé de la conception luthérienne sur la miséricorde christique imaginée comme le manteau de la Passion du Christ recouvrant les épaules du pécheur à qui on ne demande plus de ne pas pécher, à qui on ne demande pas le détachement du péché, que l’on n’envisage pas capable de s’extraire de son péché. La miséricorde promue par le jésuite en blanc interdit de définir le mal et le bien, de condamner le pêcheur impénitent, de lui dire la vérité sur son état de pêcheur. D’ailleurs lors de son discours aux missionnaires de la charité au début de l’année jubilaire, le pape avait professé que même si un pénitent n’avoue pas son péché ou n’en veut pas sortir, le Seigneur lui pardonne de toute façon. Idée purement protestante.
L’Exhortation Amoris Laetitia, et « sa morale nouvelle », en permettant l’accès aux sacrements pour les divorcés-remariés ou les concubins ne fait que mettre en pratique cette profession de foi de Jorge Maria Bergoglio, contraire à la théologie traditionnelle, mais dans la droite ligne de la théologie conciliaire qui a voulu concilier l’Église catholique avec les maximes du monde moderne afin de la rendre sympathique à l’homme déchristianisé d’aujourd’hui.
Chapeau bas donc devant ces quatre princes de l’Église qui par souci de vérité demandent la clarté au pape au risque d’y perdre leur chapeau de cardinal. Que cette lutte courageuse leur ouvre les yeux sur la nocivité de l’esprit du concile, cause des maux de Notre Temps post-conciliaire.
Francesca de Villasmundo
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