Benoît XVI avait lancé en son temps une commission d’enquête sur Medjugorie. Elle vient de communiquer ses résultats : les sept premières « apparitions » de la Vierge Marie entre le 24 juin et le 3 juillet 1981 seraient véridiques. En revanche toutes celles qui seraient arrivées par la suite jusqu’à aujourd’hui ne sont pas retenues comme surnaturelles.

La commission, composée des cardinaux Ruini, Tomko, Puljic, Bozanic, Heranc et Amato, et de 11 laïcs, experts et théologiens, a publié son avis aujourd’hui 16 mai 2017. Elle s’est réunie 17 fois et est allée une fois à Medjugorie pour une visite. Elle dit avoir analysé tous les documents présents dans la paroisse de Bosnie et les rapports des services secrets de l’ex-Yougoslavie.

La commission a décrété que  les supposés « voyants » étaient « psychologiquement normaux » au moment des sept premières apparitions et qu’il n’y eu aucune influence externe de la part de la paroisse et d’autres personnes. Elle nie aussi toute interférence diabolique. Par la suite, la commission admet que les luttes entre la paroisse de Medjugorie et l’évêque du diocèse auraient pesé sur la suite des événements. Les enquêteurs restent en revanche sceptiques sur la véracité des autres apparitions à cause du caractère répétitif du message « marial ». Par ailleurs les « voyants » avaient annoncé que les apparitions prendraient fin à un certain moment, or elles continuent. D’où ce résultat mi-figue, mi-raisin qui départage les événements en deux temps : un premier temps avec un phénomène marial véridique, un deuxième temps avec des fausses apparitions.

Le problème de taille, en l’occurrence, est que ce sont les mêmes « voyants » dans les deux cas. Un tel résultat ne peut que laisser sceptique sur la véracité du tout : comment croire que des « voyants » qui trompent leur monde et font croire à de fausses apparitions mariales aujourd’hui ont bien dit la vérité hier ?

Il est certain que nier la véracité de Medjugorie constituerait un manque à gagner conséquent : le business autour de ce « sanctuaire » est estimé à plus de 11 milliard d’euros depuis le début du phénomène ! La Commission a donc décrété par 13 voix sur 14 que le pape devrait lever l’interdiction des pèlerinages organisés et elle a voté à une large majorité pour que la paroisse devienne un sanctuaire de droit pontifical. Une décision dictée par les nouvelles normes pastorales qui n’impliquent pas ainsi que les apparitions soient reconnues comme surnaturelles. 

Un autre obstacle majeur est que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sous la tutelle du cardinal Gerhard Müller, n’approuve pas les résultats de l’enquête menée par la commission dirigée par le cardinal Camillo Ruini. Déjà en 2016, la Congrégation s’était penchée sur Medjugorie.

L’évêque du diocèse dans lequel se situe Medjugorie, monsignor Ratko Peric, émet lui-aussi un jugement défavorable : il soutient fermement, preuves à l’appui, qu’aucune des « apparitions » n’est authentique. Sur la base des enregistrements des premiers jours du phénomène il affirme notamment :

« C’est une figure ambiguë. La figue féminine qui serait apparue à Medjugorie se comporte d’une façon tout à fait différente que la vraie Sainte Vierge, Mère de Dieu, dans les apparitions reconnues jusqu’à maintenant comme authentiques par l’Église. Habituellement elle ne parle pas en premier ; elle rie de manière étrange ; elle disparaît à certaines questions et revient ensuite ; elle obéit aux « voyants » et au curé qui la font descendre de la colline à l’église même si elle ne veut pas. Elle ne sait pas avec certitude combien de temps elle va apparaître ; elle permet à certains présents de piétiner son voile étendu par terre, de toucher sa robe et son corps. Ce n’est pas la Sainte Vierge de l’Évangile. »

Le pape, face à une Église conciliaire de plus en plus divisée sur de nombreux sujets, a donc décidé que tous les avis de la Congrégation et de la commission devaient lui être envoyés. Il a également dépêché l’archevêque polonais Henryk Hoser comme envoyé spécial en Bosnie dont il attend un avis détaillé pour cet été. Avant de prendre une décision finale sur Medjugorie. Cependant dans l’avion de retour de Fatima, le 13 mai dernier, le chef de l’Église catholique a laissé entendre qu’il pourrait bien souscrire à cet étrange résultat de la Commission qui distingue deux phases dans ce phénomène apparitionniste :

“Ces présumées apparitions n’ont pas tant de valeur, je le dis comme une opinion personnelle. Mais c’est clair, qui pense que la Vierge dirait :’donc venez demain à partir de telle heure et je dirai un message à tel voyant ’ ?” a-t-il déclaré en premier pour ensuite précisé concernant les premières apparitions de 1981. “Sur les premières apparitions, qui étaient celles des enfants, l’enquête dit, plus ou moins, qu’il faut continuer à enquêter là-dessus.”         

Il n’est pas impossible donc que cette apparition aux « périphéries » reçoive une approbation du pape des périphéries… à la périphérie de la doctrine traditionnelle catholique !

Francesca de Villasmundo

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