Dimanche 27 juillet 1214, Bouvines, comté de Flandres (Nord).
Saint Louis n’a que quelques mois lorsque son grand père Philippe Auguste va mener les troupes royales Françaises aidé de quelques milices communales contre une coalition composée du Royaume d’Angleterre, du Saint Empire Romain Germanique et du Comté de Flandre.
Après la mort de Richard Coeur de Lion au siège de château Châlus en 1199, Philippe Auguste profitera du changement de règne, Jean sans Terre succédant à Richard, pour partir à la conquête de la Normandie en s’emparant du Vaudreuil puis de Radepont ouvrant alors la route de Rouen par la Seine. La forteresse de Château Gaillard, que Richard avait fait construire pour fortifier la frontière orientale de la Normandie, n’est alors plus un point stratégique à prendre mais Philippe Auguste va en entreprendre le siège afin de s’en emparer car représentant pour lui le symbole de Richard Cœur de Lion qu’il lui faut abattre. La forteresse tombera en 1204 laissant la voie libre au roi de France pour terminer sa conquête de la Normandie qui sera rattachée au royaume de France quelques mois plus tard. Puis Philippe va alors se tourner vers le Poitou, le Maine et l’Anjou qui tomberont entre ses mains.
Il passera les années suivantes à consolider ses conquêtes territoriales prise sur l’Angleterre mais des soucis se profileront du côté de Boulogne et de la Flandre.
A Boulogne, Renaud de Dammartin, pourtant ami d’enfance de Philippe Auguste n’a jamais cessé de louvoyer entre la France et l’Angleterre. Il fini par rendre hommage à Jean sans terre en 1212.
En Flandre, Jeanne de Flandre est élevée à Paris sous la tutelle de Philippe Auguste suite à la mort de ses parents aux croisades. Il s’arrangera pour la marier à Ferrand de Portugal en 1212. Philippe fera appel à lui contre Jean sans terre qui ne répondra que conditionnellement pour des raisons d’approvisionnement en laine (La Flandre étant dépendante pour grande partie des approvisionnements en laine d’Angleterre) et refusera de reconnaître au roi de France ses droits sur le comté. Philippe envahit alors la Flandre jusqu’à Bruges. Jean sans terre expédie le comte de Salisbury accompagné de Renaud de Dammartin afin d’aider Ferrand qui jure alors fidélité à Jean mais doit se replier, Philippe prenant Lille et Gand.
A ceci, s’ajoutera un problème de succession au sein de l’empire Germanique suite à la mort de l’empereur. Philippe de Souabe favori de Philippe Auguste contre Otton de Brunswick, soutenu par Jean sans terre, se fera assassiner. Otton, devenu sans rival, sera couronné en 1209.
C’est dans ce contexte que va se former une coalition contre le roi de France regroupant le Royaume d’Angleterre, le Saint Empire Romain Germanique et le comté de Flandre.
Les coalisés, trouvant que le roi de France agrandissait un peu trop son royaume, imaginèrent un plan d’envergure visant à faire débarquer les Anglais à la Rochelle pendant qu’Otton, Ferrand, Renaud de Dammartin et quelques autres alliés ouvriraient un front sur le nord. L’objectif étant d’attirer les Français vers le sud pendant qu’Otton et ses alliés auraient le champ libre pour envahir le nord et s’emparer de la capitale.
Arrivé à proximité d’un étang qui à droite empêchait tout passage et à gauche d’un bois obstruant l’autre partie, les Français se déployèrent en ligne de façon à effacer la supériorité numérique des coalisés dont le nombre les gênait dans leurs manœuvres. Otton attaqua, ce qui permit à Philippe Auguste de livrer bataille sans en endosser la responsabilité vis-à-vis de l’église et d’ainsi éviter à avoir à transgresser le jour du Seigneur vis-à-vis de ses troupes.
La bataille s’engage alors sur l’aile gauche entre Eudes de Bourgogne et Ferrand de Flandre.
Au centre, l’objectif des coalisés est de tuer Philippe Auguste. Durant la bataille alors qu’Otton est désarçonné par une lance, l’effort de l’aile gauche commandé par Ferrand viendra encercler Philippe ce qui obligera les chevaliers Français à laisser Otton afin d’intervenir pour le sauver. Mais cela fragilisera l’aile gauche des coalisés et les Français profiteront de l’occasion pour prendre Ferrand à revers et le capturer. Sur le centre, les combattants à pied d’Otton trébucheront sur les morts lorsqu’ils essayeront de reculer sous les charges Françaises. C’est le début de la débandade pour les coalisés. Otton est lui-même obligé de fuir.
Sur le flan droit, les Français sont à la peine et sont obligés de défendre le pont de Bouvines pied à pied mais la situation évoluera favorablement. Renaud de Dammartin résistera farouchement mais finira par se rendre lors de la débandade de ses alliés.
La victoire de Philippe Auguste est totale.
Le bilan :
- Otton perd sa couronne.
- Ferrand passe 15 ans en prison.
- Renaud, après avoir refusé de se soumettre à Philippe Auguste sera emprisonné jusqu’à sa mort en 1227.
- Jean sans Terre est affaibli et doit concéder la grande charte suite à une révolte de ses barons.
- Philippe Auguste réussit à unifier le pays autour de lui.
Commémorations
En ce 800ème anniversaire de cette victoire, l’association Bouvines 2014 a réuni plus de 200 bénévoles pour faire revivre la bataille dans un grand spectacle son et lumière de 30 tableaux qui aura lieu à partir de ce soir jusqu’à dimanche. Le spectacle qui accueillera 6 000 spectateurs sur 4 jours affiche déjà complet depuis plusieurs semaines.
Ceux qui n’ont pas réservé pourront quand même se consoler en visitant en marge de cet événement les 5 et 6 juillet, l’ancien champ de bataille qui se verra transformer en village médiéval. Ils pourront entrer dans des tavernes, parcourir le marché, écouter des musiciens, voir des saltimbanques et déambuler autour des campements…
Ils pourront également participer au défilé des géants dont celui de Philippe Auguste prévu le dimanche 6 juillet à 11h00
Le 27 juillet, jour de la commémoration officielle, d’autres manifestations sont prévues par la mairie de Bouvines. Au programme : Messe, dépôt de gerbe et concert chorale composée de plus d’une centaine de participants.
Eglise St Pierre de Bouvines
En passant par Bouvines, ne manquez pas d’entrer dans l’église St Pierre. Construite à la fin du XIXème siècle, celle-ci en pierre blanche contraste avec les habitations en brique rouge caractéristique de la région. Elle a été voulue ainsi par l’architecte Auguste Normand qui s’inspira de l’architecture du XIIIème siècle de manière à ce que celle-ci serve d’écrin à ses 21 vitraux qui retracent les faits principaux de la bataille.
Les vitraux font l’objet d’une classification aux monuments historiques depuis 1981 et l’église elle-même depuis 2010.
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !