Née du concile Vatican II et de son ouverture au monde moderne et à ses us et coutumes fussent-ils ces derniers ennemis du catholicisme, l’Eglise conciliaire œcuméniste et relativiste poursuit sur cette lancée : pour ne pas paraître « ringarde », ne pas être taxée « d’obscurantisme », ce qui serait le grand drame pour les hiérarchies cléricales en place, la mise à jour, pour bien et toujours être accordée avec le progressisme dominant dans le monde post-moderne, est quasi quotidienne. Pour être agréé par le camp du « bien », et s’y éterniser, des gages sont à fournir, continuellement, la révolution ne laissant aucun répit. Pas d’état d’âme possible ni tolérable pour la conscience morale universelle qui s’est substituée, tyranniquement et subversivement, depuis plus d’un demi-siècle, à la morale chrétienne mais aussi au simple bon sens.
En nos temps d’égalitarisme des sexes, et de transformation des « genres », la mode idéologique étant au féminisme, jusque dans l’écriture qui y perd sa grammaire, le monde ecclésial, mitres et crosses en tête, après deux mille ans de souveraineté masculine rejette cette dernière, vestige d’un passé révolu et phallocrate, et indigne des esprits éclairés de l’ère conciliaire. Féminiser un Vatican qui a des yeux de Chimène pour la révolution arc-en-ciel est une mission du pape François.
Si pour l’instant, -pour ne pas effrayer les modérés conciliaires ?-, il garde la porte fermée au « sacerdoce » des femmes malgré les appels du pied de ses amis progressistes, la révolution féministe, un des aspects de la révolution arc-en-ciel globale inconditionnelle de la culture du choix, n’en avance pas moins au sein de cette Rome néo-moderniste. Un « ministère » des femmes, calqué sur les pratiques des sectes protestantes, a été officiellement reconnu récemment dans le nouveau Code de droit canonique de 1983, celui du pape Jean-Paul II.
Autre pas notable : le pape argentin a nommé la semaine dernière, et c’est une première à cette charge, une femme, sœur Nathalie Becquart, qui ressemble entre nous soit dit plus à une carriériste qu’à une religieuse, au poste de sous-secrétaire au synode des évêques. C’est le nouveau tournant pris par Jorge Maria Bergoglio pour accroître le rôle des femmes dans l’Église. Ancienne directrice du service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations de la Conférence des évêques de France, sœur Nathalie Becquart, Française, qui travaille avec le synode en tant que consultante depuis 2019, aura ainsi dorénavant le droit de vote dans l’assemblée des évêques.
Avec elle « une porte a été ouverte », commente le Cardinal Secrétaire Général du Synode des évêques Mario Grech qui a évoqué un pas de grande importance pour renforcer le secrétariat général du Synode et donner un nouvel élan à l’engagement en faveur d’une Église synodale et missionnaire. Le mandat « de Sr Nathalie Becquart en tant que sous-secrétaire nous aide à nous rappeler de manière concrète que dans les voyages synodaux la voix du Peuple de Dieu a une place spécifique et qu’il est fondamental de trouver des moyens pour y favoriser une participation effective de tous les baptisés ». Cette perspective « a caractérisé la manière dont le pape François a interprété le synode tout au long de son pontificat. Nous l’avons vu au Synode sur les jeunes, puis au Synode sur l’Amazonie : l’écoute et la participation des jeunes et des peuples autochtones a eu un impact crucial dans leur préparation et leur développement ». Sur le fait qu’en tant que sous-secrétaire Sr. Nathalie aura le droit de vote au prochain Synode consacré à l’Église synodale, la cardinal Grech rappelle que « dans les derniers Synodes, de nombreux pères synodaux ont souligné la nécessité pour toute l’Église de réfléchir à la place et aux rôles des femmes en son sein. Le Pape François a également, à plusieurs reprises, souligné l’importance d’une plus grande implication des femmes dans les processus de discernement et de prise de décision ecclésiale; et déjà lors des derniers synodes, le nombre de femmes participant en tant qu’experts ou auditeurs a augmenté. Avec la nomination de Sœur Nathalie et sa possibilité de participer avec droit de vote, une porte a été ouverte, nous verrons alors quelles autres mesures peuvent être prises à l’avenir ».
En choisissant Sr Nathalie, El papa n’a pas pris n’importe qui : c’est une figure de ce féminisme « clérical » qui a eu sa bénédiction.
Participant à la rédaction de Femmes Eglise Monde, le magazine de l’Osservatore Romano dirigé par Rita Pinci, dans un article de juillet 2019, intitulé Le rôle des femmes pour réparer l’Église, elle écrivait que « la crise actuelle, consciente de la gravité de la question des abus sexuels et de l’urgence de lutter contre toutes les formes d’abus, est aussi un kairos, un moment particulièrement propice pour relever le défi de surmonter le cléricalisme. Parce que tant de fidèles, en particulier les jeunes et les femmes, sont profondément conscients que l’Église ne peut plus continuer comme avant et qu’elle doit devenir plus synodale, en confiant aux fidèles des rôles et des responsabilités plus importants ». Et les femmes, « qui introduisent immédiatement l’altérité dans le système clérical et apportent un désir de collaboration dans la réciprocité avec les hommes pour une plus grande fécondité pastorale – mais aussi les religieuses, pour leur expérience de vie communautaire fraternelle, de discernement communautaire, d’une obéissance vécue comme ‘écoute commune de l’Esprit’, ont un rôle fondamental à jouer pour promouvoir, avec de nombreux laïcs qui souhaitent faire partie de cette Église synodale, de nouvelles pratiques ecclésiales dont les maîtres mots sont l’écoute, le service de tous, l’humilité et la conversion, participation et coresponsabilité ».
La féminisation de l’Eglise conciliaire est en marche…
Francesca de Villasmundo
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