Chers parents et familles,
Chers élèves,
Chers fidèles,
Chaque année, le Temps pascal est marqué par la cérémonie des communions solennelles.
On peut se demander : pourquoi une telle solennité avec une retraite préparatoire de trois jours, puisqu’il ne s’agit pas d’un huitième sacrement, et que la première communion a déjà eu lieu il y a plusieurs années ?
La communion solennelle a été introduite en France, en particulier, à une époque où beaucoup trop d’enfants arrêtaient de pratiquer après la première communion, qui était plus tardive, ou après la confirmation. On ne les retrouvait à l’église que pour le mariage, et ensuite les obsèques ! C’était bien triste ! Alors les évêques ont mis au point une nouvelle cérémonie – la communion solennelle – qui permettait de prolonger les années de catéchisme, et d’avoir les enfants plus longtemps, espérant qu’ainsi, ils auraient davantage de convictions pour persévérer toute leur vie.
Finalement, la communion solennelle est entrée dans la coutume, même lorsque la question de la persévérance ne se posait plus dans les mêmes termes. Et si elle n’entoure pas un sacrement supplémentaire, elle est une cérémonie dont on se rappelle toute sa vie, et qui est une occasion de magnifier ce trésor que Notre-Seigneur nous a légué, et qui sont les sacrements de l’Eglise, spécialement le baptême et la sainte eucharistie puisqu’on y renouvelle les promesses de son baptême, et qu’on entoure de solennité la communion de ce jour.
Et c’est au Temps pascal qu’a lieu habituellement cette cérémonie, parce que c’est justement à l’époque de Pâques, il y a deux mille ans, que les sacrements sont apparus dans la vie des hommes.
Plus précisément, c’est le Vendredi saint, sur le Calvaire, lorsque le centurion a percé de sa lance le Cœur de Jésus, et qu’il en est sorti de l’eau et du sang, symboles du baptême et de l’eucharistie, disent les Pères de l’Eglise.
Nous le chantons d’ailleurs en ce moment tous les dimanches avant la grand-messe :
« Vidi aquam egredientem de Templo a latere dextro » : j’ai vu une eau sortir du Temple (le Corps de Jésus), du côté droit ; et tous ceux à qui cette eau est parvenue furent sauvés, et ils chantent Alléluia, Alléluia !
Bien sûr, le Vendredi saint, tous les amis de Notre-Seigneur étaient dans la consternation. Humainement, c’était la fin, l’échec total de toute la mission de Jésus. Seule la Vierge Marie connaissait, par la foi, la victoire que son Fils avait remportée.
Mais pour nous, il ne fallait pas que tout s’arrête là. Le Vendredi saint devait être suivi du matin de Pâques, où Jésus apparaîtrait glorieux, vainqueur pour toujours du péché, de la mort, et du démon ; mangeant avec ses Apôtres, se faisant toucher par eux pour montrer qu’il était vraiment ressuscité.
Chers fidèles, comprenons bien que, le jour de Pâques, c’est un monde nouveau qui s’est levé, qui a commencé.
Cependant, ce n’est pas le monde entier qui a été renouvelé. Le plan de Dieu sur les hommes est un plan d’amour, qui demande une réponse d’amour libre de la part de la créature. N’entrent donc dans ce monde nouveau que ceux qui le veulent !
Mais quel est donc cette nouvelle réalité qui est apparue au matin de Pâques ?
C’est le Corps Mystique de Notre-Seigneur : c’est- à-dire l’ensemble des hommes qui répondent au message de l’Evangile, et que Notre-Seigneur unit en un seul Corps dont il est la Tête, et dont les hommes sont les membres, qu’il fait vivre de sa vie divine ; et qui tous ensemble, forment l’Eglise : société visible et hiérarchique sur terre, qui est appelée à triompher pour toujours au Ciel, après les purifications du purgatoire lorsque c’est nécessaire.
Le baptême
Et la porte d’entrée dans ce monde nouveau, c’est le baptême, qui nous greffe sur Notre-Seigneur.
Il faut toujours revenir à ce trésor extraordinaire qu’a été notre baptême ; et c’est le but de la retraite qui a été prêchée ces jours derniers à vos enfants : réaliser toujours plus ce qu’ils ont reçu au jour de leur baptême, avec les conséquences qui s’en suivent pour toute leur vie ; et par là vous être encore plus reconnaissants de leur avoir fait ce premier don peu de temps après leur naissance, puis de les avoir mis dans une école catholique pour protéger leur âme et faire grandir ce trésor qu’ils ont reçu.
Oui, au jour de leur baptême, ils ont reçu – et nous tous – la grâce sanctifiante, qui est une participation à la nature divine, qui a élevé leur nature au-dessus de la nature humaine.
Lorsque l’eau coule sur le front de l’enfant et que le prêtre dit «Je te baptise au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit », la grâce sanctifiante entre dans l’âme, en chassant la tache du péché originel héritée d’Adam. Le bon Dieu, la Trinité tout entière peut alors y faire sa demeure. Votre enfant est devenu la maison de Dieu, le Temple de Dieu. On raconte que le père d’Origène, après le baptême de son enfant, se levait la nuit pour baiser la poitrine de son enfant, afin d’y adorer le Dieu trois fois saint qui y habitait.
Les premiers chrétiens, d’ailleurs, avaient une conscience très vive de cette présence de Dieu dans leur âme, qui est le grand trésor de l’Eglise ; et que les autres religions sont bien sûr incapables d’apporter. On avait même coutume d’appeler les chrétiens du nom de « porte-Dieu ». C’est ainsi que les appelait Tertullien.
Pensons-y dans la journée, ou quand on parcourt les rues de nos villes :
« Celui qui a créé ce monde, et qui le maintient dans l ’existence à tout instant, qui a créé toutes les personnes que je croise, Il habite là, dans mon âme. Je peux m ‘appuyer sur lui, Il est ma force ! »
Bien sûr, une telle présence entraîne des devoirs de notre côté : le bon Dieu vient dans notre âme pour nous conduire au Ciel ; mais pour y arriver, il faut croire en tout ce que Dieu nous enseigne par l’Eglise qu’il a fondée ; et il faut obéir à ses commandements.
Pour cela, le baptême nous apporte encore deux dons précieux :
+ la foi, qui nous permet de croire ;
+ et tout un organisme spirituel qui nous permet de vivre en chrétiens : des vertus infuses, qui sont des capacités de faire le bien ; les dons du Saint-Esprit qui nous permettent de recevoir le secours de Dieu en toute occasion.
Et pour couronner le tout, si l’on peut dire, le baptême imprime dans l’âme ce qu’on appelle un caractère, un signe spirituel ineffaçable, qui a mis vos enfants à part des autres hommes, puisqu’ils étaient devenus enfants adoptifs du bon Dieu et frères de Jésus-Christ.
La confirmation
Et puis, quelques années après, vous les avez conduits à l’évêque pour recevoir le sacrement de confirmation.
Comme l’indique son nom, ce sacrement vient confirmer, renforcer, perfectionner, les grâces reçues au baptême. C’est ce que dit d’ailleurs l’évêque en l’administrant : « Je te marque du signe de la Croix, et je te confirme du chrême du salut ».
Le baptême est le sacrement de l’enfance de l’âme ; la confirmation la fait déjà passer à l’âge adulte, même si on la reçoit très jeune.
Et elle imprime dans l’âme un nouveau caractère ineffaçable : le caractère de soldat du Christ. Pourquoi soldat ? Eh bien ! parce que la vie chrétienne est un combat :
Déjà au baptême, le prêtre avait fait des onctions avec l’Huile des catéchumènes sur la poitrine de l’enfant, et entre ses deux épaules. A l’époque où le baptême a été institué, les lutteurs se revêtaient d’huile pour leurs jeux du stade. Saint Paul compare d’ailleurs les chrétiens aux athlètes du stade, qui luttent pour obtenir une couronne. Alors les onctions d’huile du baptême annoncent les combats que l’enfant aura à mener pour rester fidèle à Jésus-Christ, et elles donnent les premières grâces pour cela.
Au jour de la confirmation, l’évêque fait une onction sur le front du confirmand avec le Saint-Chrême. C’est le même symbole, avec des grâces proportionnées. Ce jour-là, l’évêque est comme un général qui marque les hommes de son armée pour les préparer à la bataille. L’Eglise de cette terre est d’ailleurs appelée l’Eglise militante, l’Eglise qui combat !
C’est qu’il nous faut :
+ d’abord combattre contre nous même, eh oui ! Le baptême a, certes, effacé la tache du péché originel ; mais le péché originel a fragilisé notre nature, qui reste très sensible aux tentations ; nous le savons bien !
+ et puis aussi combats extérieurs :
pour garder la foi d’abord, surtout à notre époque, où la foi est minée sans cesse par ce monde qui a rejeté le Règne de Notre-Seigneur ; et la foi, hélas, que même les autorités de l’Eglise mettent en danger depuis le dernier Concile. Alors il faut faire des choix : choix du lieu où l’on va à la Messe, choix de pasteurs fidèles à ce que l’Eglise a toujours enseignée.
combats aussi contre les occasions de péché que ce monde multiplie pour faire perdre aux chrétiens l’état de grâce et la présence divine dans leur âme, les deux grands trésors que leur avait donné le baptême. On reconnaît bien derrière cela la rage du démon, furieux du plan de Dieu.
Oui, ce monde athée qui s’est mis en place depuis la Révolution, est une incitation continuelle au péché : dans les publicités, dans les médias, sur Internet. On peut dire que ce monde moderne est une immense conjuration pour mettre les âmes en état de péché mortel. Malheur aux chrétiens qui manquent de prudence, qui « louchent » en regardant d’un côté Notre-Seigneur Jésus-Christ, et de l’autre, regardent surtout vers les plaisirs que leur propose ce monde, en essayant d’aller à la limite de ce qui ne leur fera pas perdre la grâce ; et se contentent d’une vie chrétienne tiède. Mais c’est un jeu dangereux : le jeu de la mondanité, du libéralisme. Le diable est plus rusé que nous à ce jeu-là. On ne joue pas avec le démon !
On comprend avec tout cela, et on remercie Notre-Seigneur, d’avoir institué ce sacrement de la confirmation, qui nous donne la force du Saint-Esprit pour mener les combats de la vie.
Cependant, et nous le savons tous, nous sommes si faibles et si fragiles. Alors Jésus a voulu, non seulement instituer le sacrement de pénitence, la confession, pour retrouver et entretenir dans notre âme la pureté de notre baptême ; mais il a voulu aller plus loin encore, plus loin que tout ce que nous aurions pu imaginer : il a inventé le sacrement d’eucharistie.
L’eucharistie
+ La Messe
A la Messe, lorsque le prêtre prononce les paroles de la consécration, d’abord la consécration du pain et ensuite la consécration du vin, Notre-Seigneur renouvelle son Sacrifice du Calvaire, et nous distribue, pour aujourd’hui, les grâces qu’il nous a méritées par ses souffrances et sa mort sur la Croix il y a deux mille ans.
+ La Présence réelle
Jésus est maintenant sur l’autel, dans les mêmes dispositions où il était sur la Croix, suppliant son Père pour tous nos besoins et pour ce pauvre monde.
Il est monté au Ciel au jour de son Ascension, mais il veut en même temps faire sa demeure dans le tabernacle de nos églises, pour être au milieu de nous, au milieu de son peuple. Nous pouvons aller le trouver, lui dire nos difficultés, nos soucis, nos projets ; et il portera toutes nos prières à son Père. C’est lui qui a la solution, qui est la solution de tous les problèmes des hommes. Beaucoup de choses iraient mieux dans notre vie, si nous allions lui demander plus souvent ses conseils, son aide.
+ La sainte communion
Mais il veut aller encore plus loin, il ne veut pas rester au tabernacle, il veut venir dans chacun de nous, à la communion ; venir au plus intime de nous -mêmes, s’unir à nous pour nous transformer en Lui, ne plus faire qu’un avec nous, nous donner sa force pour que nous marchions plus sûrement vers le Ciel au milieu des difficultés de la vie : « Je suis la nourriture des forts, dit Notre-Seigneur à saint Augustin, grandis, et tu me mangeras. Mais tu ne me changeras pas en toi comme la nourriture de ton corps ; c ’est toi qui sera changé en moi » (Confessions, Livre VII, ch. X).
Nous avons été greffés sur Notre-Seigneur au jour de notre baptême pour vivre de sa vie divine, et devenir d’autres Christ. C’est la communion qui est l’aboutissement du baptême, qui réalise ce que le baptême avait commencé.
La cérémonie de communion solennelle, instituée dans notre pays, est une occasion de rendre grâces à Notre-Seigneur pour la communion eucharistique.
Alors, chers élèves, il est temps, maintenant, de renouveler les engagements de votre baptême, de tout votre cœur, devant votre école, devant vos familles, devant les fidèles de cette paroisse ; engagements de garder la foi, de combattre contre Satan, toutes ses tentations et les vanités de ce monde, afin de vous attacher à Jésus-Christ pour toujours, et de lui dire que vous voulez vivre et mourir pour Lui seul.
Et comme à la fin de la cérémonie de baptême, vos parents vous ont consacré à la sainte Vierge pour qu’elle vous protège et vous défende, pour qu’elle vous ramène à Notre-Seigneur si vous veniez à vous égarer, c’est vous, maintenant, chers élèves, qui allez-vous donner à Notre-Dame, pour continuer et confirmer le geste de vos parents. Vous le ferez tout à l’heure aux pieds de la statue de la Vierge, après la Messe, après un temps d’action de grâce.
Eh bien ! procédons maintenant à cette cérémonie.
Un Père Dominicain
Avrillé, Jeudi 9 mai 2024, en la fête de l’Ascension de Notre-Seigneur
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