fellayEnième annonce et pas de rebondissement dans les rapports entre Rome et la FSSPX fondée par Mgr Marcel Lefebvre et dirigée jusqu’en 2018 par l’évêque suisse Mgr Bernard Fellay.

Dans une conférence donnée en anglais le 24 août 2016 en Australie, l’actuel Supérieur Général de la FSSPX explique aux fidèles ce qu’est la prélature personnelle proposée par Rome à la FSSPX. Profitant de cette explication canonique, Mgr Fellay donne son opinion sur la proposition romaine :

« […] Rome nous offre une nouvelle structure. A sa tête, un évêque. Cet évêque, choisi par le pape, parmi trois noms proposés par la Fraternité et issus de ses membres. Cet évêque aura autorité sur les prêtres, sur les religieux qui veulent être membre (de cette structure) et sur les fidèles. Tous les sacrements ; les fidèles qui appartiendront à cette structure auront le droit absolu de recevoir tous les sacrements des prêtres de la Fraternité. Tous les sacrements, y compris le mariage.

L’évêque aura le droit d’avoir des écoles, des séminaires, d’ordonner (des prêtres), et même d’établir de nouvelles congrégations religieuses et d’accepter en son sein celles qui le souhaiteraient.

C’est quelque chose comme un super diocèse, indépendant à l’égard des évêques locaux. Autrement dit, pour vous, aucun changement par rapport à ce dont vous bénéficiez actuellement. La seule différence sera que vous serez reconnus officiellement comme catholiques.

Vous pouvez imaginer que cela créera beaucoup de conflits avec les évêques locaux, vous pouvez facilement l’imaginer. Donc nous devons demeurer prudents, mais en soi, vous ne pouvez pas imaginer quelque chose de mieux que ce qui nous est offert là. Et l’offre est telle que vous ne pouvez pas penser que c’est un piège.

Ce n’est pas un piège et si quelqu’un nous offre quelque chose comme cela, ce ne peut être que parce qu’il veut notre bien. Il veut le bien de la Tradition, il veut que la Tradition se développe dans l’Eglise.

Il est impossible qu’une telle offre puisse provenir d’ennemis. Les ennemis ont beaucoup d’autres manières de nous écraser, mais pas de cette manière.

Maintenant, vous pourriez dire : si c’est le cas, pourquoi n’acceptez-vous pas ?

Parce que je veux être sûr que cela est vrai. Je n’ai pas le droit de vous entraîner dans un rêve et donc je dois en vérifier chaque aspect. […] »

Source : leforumcatholique.org

D’un point de vue canonique, rien de bien nouveau sous le soleil, la description étant celle d’une prélature personnelle aux pouvoirs élargis telle que l’a déjà évoquée Mgr Guido Pozzo. C’est d’ailleurs cette possibilité qui a été refusée par une majorité des supérieurs majeurs réunis à dans un hôtel près d’Ecône à la fin juin 2016.

La nouveauté des propos de Mgr Fellay, s’il y en est une, réside dans le syllogisme qui achève l’exposé. Il est « impossible qu’une telle offre puisse provenir d’ennemis » ; il ne peut donc s’agir que d’amis de la Tradition de l’Eglise : « si quelqu’un nous offre quelque chose comme cela, ce ne peut être que parce qu’il veut notre bien. Il veut le bien de la Tradition, il veut que la Tradition se développe dans l’Eglise ». Par voie de conséquence, une telle proposition ne peut qu’être acceptée, si elle s’avère véritable.

En un tel raisonnement, la Tradition de l’Eglise semble s’identifier à la FSSPX, puisque vouloir le bien de cette dernière, c’est vouloir le bien de la Tradition, nonobstant les coups dramatiques que par ailleurs Rome peut lui porter. Le réel de l’Eglise semble comme évaporé par ces bonnes intentions dont la Rome actuelle semble se parer.

D’ailleurs, ces bonnes intentions, même supposées entièrement réelles, suffisent-elles à rendre par elles-mêmes nécessaire l’acceptation d’un accord canonique dans les conditions présentes de l’Eglise ? L’intention bienveillante ne suffit point ; il faut encore à la rectitude de l’acte sa bonté intrinsèque. Or comment envisager aujourd’hui une dépendance concrète de la FSSPX à l’endroit de Rome, alors même que les plus hauts tenants de l’autorité ecclésiastique, pape en tête, se font les destructeurs de l’Eglise ?

Vivre une dépendance concrète vis-à-vis d’une autorité réclame de poursuivre le même but, l’inférieur se mettant au service du supérieur pour y accéder. Le moins que l’on puisse dire hélas est que la Rome moderniste ne poursuit pas le même but que l’Eglise de toujours, et que la FSSPX à sa suite. Sans cette unité de but, et donc de foi, tout accord pratique s’avérera des plus périlleux pour la FSSPX. C’est sans doute cela que voulait dire le chapitre général de 2006 lorsqu’il disait : « pas d’accord pratique sans accord doctrinal ».

Christian LASSALE

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