Le match se déroule donc à sens unique. Dès la 9e minute, l’ailier gauche rwandais de Saint-Etienne Kevin Monnet-Paquet glisse le ballon entre les jambes de Lopes. Les Verts doublent le score à la 23e minute par leur ailier droit algérien Romain Hamouma. Complètement dépassés, les Lyonnais vont totalement disjoncter. A la 92e minute, le milieu de terrain algérien de Lyon Rachid Ghezzal s’embrouille avec le milieu de terrain français de Saint-Etienne Fabien Lemoine et écope d’un rouge. Une minute plus tard, le milieu défensif togolais de Lyon, Corentin Tolisso, se livre sur le même Lemoine à un tacle de boucher. Carton rouge bien mérité… Ce cher Corentin est décidément le bienvenu à Geoffroy Guichard : il s’est illustré dans les trois défaites de Lyon sur les trois derniers derbies, avec une boulette qui devient une passe décisive pour Renaud Cohade lors de la saison 2014-15, une autre boulette qui devient une passe décisive pour Alexander Söderlund lors de la saison 2015-16, et maintenant un rouge direct ! Les Lyonnais écumeront leur rage dans les vestiaires de Saint-Etienne, brutalisant notamment un innocent radiateur qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, mais aussi laissant des traces de crampons sur les murs et détériorant les toilettes. Les dégâts se montent à 1.000 € que le club lyonnais assure qu’il va payer. D’après des supporters de l’ASSE, l’équipe U19 de Lyon aurait déjà fait de même le 4 novembre 2016 au stade Aimé Jacquet de l’Etrat, « fêtant » ainsi leur victoire 1-0 lors de la 11e journée du groupe D contre l’équipe U19 des Verts.
Mais la polémique ne s’arrêta pas là… Fabien Lemoine quitta le match avant même le coup de sifflet final. Il déclarera ultérieurement : « Je ne joue pas au foot pour me faire agresser comme ça. Si c’est ça, je préfère arrêter le football ». Comme si les Lyonnais ne s’étaient pas assez ridiculisés comme ça, l’ancien arrière gauche de Lyon, Jérémy Berthod en rajouta une couche dans ses commentaires sur OLTV, la chaîne du club rhodanien :
« Lemoine est rentré pour provoquer. Lemoine, je ne comprends pas, il a eu de gros soucis physiques sur un terrain, ce n’est pas possible qu’il se comporte comme cela maintenant… Un jour ou l’autre, il faudrait qu’il prenne vraiment Lemoine. » Quelques seconde après, Tolisso commet son attentat… Réaction du consultant d’OL TV ? Un rire glaçant de satisfaction. « Regardez, il se relève… Il veut arrêter, il rentre au vestiaire. Pour qui se prend-il ? Oui, c’est violent, mais au moins il tombe pour quelque chose. ».
Propos d’autant plus blâmable que Fabien Lemoine a été victime d’un grave accident sur le terrain à l’époque où il jouait au Stade Rennais. Le 10 août 2010, lors d’un Nancy-Rennes comptant pour la 2e journée de championnat, il reçut accidentellement un violent coup de genou dans le ventre de la part de l’arrière gauche Reynald Lemaitre, ce qui lui fit éclater un rein.
Le 7 février, Berthod adresse ses excuses :
«Mes propos dans le temps additionnel du derby relèvent d’une colère mal maitrisée et je m’en excuse auprès de ceux qui en ont été choqués. Je pense avoir eu un comportement exemplaire pendant toute ma carrière de joueur et c’est avec ce même état d’esprit que je me suis engagé dès ma reconversion dans la voie de la formation aux métiers d’entraineur. Je n’ai jamais souhaité la blessure d’aucun joueur et je regrette profondément mes propos impulsifs de dimanche. J’essaie d’apporter dans mes commentaires mon expérience de joueur professionnel tout en laissant transparaitre ma passion pour l’OL qui est mon club depuis mon plus jeune âge. Je n‘aurais pas dû perdre mon sang froid dimanche après l’entrée en jeu de Fabien Lemoine et le premier accrochage avec Rachid Ghezzal. Actuellement en stage de BEF, j’ai pu m’excuser auprès des autres stagiaires dont de nombreux sont supporters stéphanois. J’apprends de mes erreurs et celle-ci me servira, j’en suis convaincu. Je garderai la passion pour mon club que je transmettrai dans le respect du jeu et des adversaires et, comme sur le terrain, avec une meilleure gestion de mes émotions ».
Le pire, est que Berthod est employé d’un club… partenaire de l’AS Saint-Etienne ! En effet, il est éducateur des U19 du club de Doumtac, dont les équipements sont fournis par les Stéphanois. Hier, sur son compte Tweeter, Héloïse Basson, présentatrice de la chaîne OLTV, confirmait que Jérémy Berthod ne commenterait pas Lyon-Nancy le 8 février. Selon, la présentatrice, son absence de n’aurait rien à voir avec les propos choquants tenus à l’antenne, mais « était prévue de longue date ». Version démentie par le quotidien Ouest France qui révèle que « quand on consulte la grille de programmation de la chaîne, le nom de Jérémy Berthod figure bien en face du match de mercredi à 19 h ».
Le président de Lyon, Jean-Michel Aulas, déclare vouloir prendre des sanctions financières contre les deux expulsés du match. Il serait plus avisé de ne pas monter ses joueurs dans la haine anti-stéphanoise primaire.
On peut aimer le football mais ne pas être dupe sur son instrumentalisation. Jusqu’aux années 80, il était un excellent moyen de canaliser l’enthousiasme populaire. Il n’est pas étonnant de voir que certains clubs ont été fondés pour les employés d’une entreprise, que ce soit Sochaux (Peugeot) ou Saint-Etienne (Casino, fondé je le rappelle par un certain… Geoffroy Guichard), voire même par le clergé tel Auxerre (fondé par un prêtre qui donna son nom au stade, l’abbé Ernest-Théodore Deschamps). Des villes ouvrières ont hissé leur club jusqu’à la 2e division, voire la 1re, et lui doivent leur renommée : Gueugnon, Lucé, Blénod, Tavaux, Montluçon, Corbeil-Essonnes… Ce football paternaliste a été dénoncé dans plusieurs films, tel Coup de Tête (visant explicitement les clubs d’Auxerre et de Guingamp via le club imaginaire de Trincamp) ou Le Corps de mon ennemi (visant l’AS Saint-Etienne via le club imaginaire du Sporting Club de Cournai). Dans ce dernier film, le narrateur (qui est aussi le héros) dit cette phrase résumant bien cette politique : « Serge Cojac, la star du football hongrois, 16 fois international, transféré au Sporting pour 500 millions, même pas le coût d’une grève… ». Ce qui allait lui succéder allait être infiniment pire.
Vient ensuite le football fric, aux vedettes douteuses touchant des millions et aux présidents véreux, dont le symbole caricatural en France fut Bernard Tapie. Un football devenu l’organe de propagande de la Matrice, avec promotion du métissage, de l’antiracisme à sens unique, de la mise en avant de vedettes dopées et exotiques au QI d’huîtres. Football-spectacle, version modernes des jeux du cirque romain, sport décadent pour peuples avachis, dénoncé de manière caricaturale par Enki Bilal dans Hors-jeu, avec humour par les excellents Inconnus dans un sketch (https://youtu.be/6aAIkhcvQ0w) – où l’on reconnaît sans peine un mixage entre Bernard Tapie, alors président de l’Olympique de Marseille et son rival des Girondins de Bordeaux Claude Bez – et dans le film Trois zéro montrant la vénalité des agents : « Le pauvre [président du Paris Saint-Germain], il croit toujours que le stock d’Estoniens que je lui refilé était la ligne d’attaque du Spartak de Moscou ».
Et si finalement, le film qui résumait mieux les tares du football actuel, sa haine, son culte du fric, son vedettariat imbécile, sa corruption à tous les niveaux était le sympathique film de zombies Goal of the Dead, où un docteur croyant injecter un produit dopant à son fils pour un 32e de finale de Coupe de France entre l’Olympique de Paris et les amateurs de Capelongue, lui injecte en fait une version du virus de la rage hautement contagieux. Les joueurs, le public, deviennent des bêtes fauves, et la volonté des locaux de « faire la peau » à leur ancien avant-centre passé à Paris ne sera pas métaphorique… Le scandale de l’attribution des ballons d’or au duo de bellâtres Lionel Andrés Messi Cuccitini (Argentin) et Cristiano Ronaldo dos Santos Aveiro (Madérien) au détriment de joueurs plus performant mais desservis par leur poste – tel Manuel Neuer, gardien de but de l’Allemagne – ou leur laideur – Franck Ribéry, attaquant français défiguré par un accident de voiture à 2 ans, est un signe que le football peut mourir de cette déviance médiatique, tout comme basket et football américain commencent à péricliter aux Etats-Unis. Le footballeur idéologisé façon LICRA ne vaut pas mieux, mais alors vraiment pas, que le footballeur politisé façon Squadra Azzura 1934 (bras tendu pour le Duce) ou Krasnaya Armiya 1960 (poing tendu pour le Parti)…
Hristo XIEP
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