Un tremblement de terre dévastateur, des répliques qui continuent de secouer les maisons et un bilan encore terriblement incertain. Une immense tragédie qui a frappé deux nations frontalières, la Turquie et la Syrie, une Turquie musulmane conquérante coqueluche d’une certaine intelligentzia politique et médiatique, et une Syrie de Bachar el Assad toujours debout malgré la guerre mais vouée aux gémonies par décret de l’oncle Sam et aux sanctions occidentales.

Tremblement de terre, n’oubliez pas la Syrie

Les médias occidentaux ont les projecteurs braqués sur la Turquie, mais « la lumière s’est éteinte sur la Syrie ». Cependant, le nombre tragique de personnes touchées autour de la région d’Alep par le tremblement de terre est tout aussi dramatique que dans le pays du croissant : environ 2300 morts pour l’instant mais le bilan ne fera que s’alourdir dans les prochains jours, plusieurs milliers de blessés. Des chiffres aussi crus qu’incertains, parce que les nouvelles claires n’arrivent pas des différentes régions syriennes, on pourrait dire que les nouvelles n’arrivent même pas.

Des informations arrivent au compte-gouttes, parfois peu fiables, notamment en provenance de la province d’Idlib, encore largement contrôlée par des extrémistes islamistes. D’autres viennent de Lattaquié et d’Alep. La première ville côtière jamais occupée par les djihadistes, la seconde, reconquise par l’armée syrienne en décembre 2016.

Le fait est qu’une nation tourmentée par des années de guerre est aujourd’hui également frappée par un tremblement de terre dévastateur, sans toutefois recevoir la même attention de la presse internationale que la Turquie voisine. Un traitement qui risque de générer un drame dans un drame : moins d’aide, moins de solidarité, moins d’interventions humanitaires. Car la Syrie pourrait bientôt tomber dans l’oubli, également à cause d’un isolement diplomatique absurde qui la relègue encore parmi les « États voyous ». Après le couperet fanatique d’Isis et la galaxie jihadiste, le danger est désormais représenté par l’inaction occidentale et les sanctions iniques.

Le silence sur la Syrie risque de générer un drame dans un drame : moins d’aide, moins de solidarité, moins d’interventions humanitaires

L’embargo que subit la Syrie depuis douze ans freine l’aide humanitaire, désormais indispensable en raison de ce tremblement de terre dévastateur. Faudra-t-il un tel drame pour qu’enfin les yeux s’ouvrent sur la honte des sanctions imposées par l’UE, à l’instar de celles voulues par les États-Unis, et que l’on comprenne que quoi que l’on pense du gouvernement de Damas, c’est la population qui est touchée dans ces cas, déjà opprimée par la guerre et la pauvreté ?

Il faut lever les mesures restrictives qui durent depuis le 9 mai 2011 avec la décision 2011/273/PESC et qui ont été prolongée en mai 2022 par le Conseil de l’UE jusqu’en juin 2023.

Le Conseil de l’Union européenne a précisé que les sanctions « visent à éviter d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire. Par conséquent, l’exportation de denrées alimentaires, de médicaments ou de matériel médical n’est pas soumise aux sanctions de l’UE et un certain nombre d’exceptions spécifiques sont prévues à des fins humanitaires ».

En réalité, l’embargo provoque toute une série de problèmes logistiques, dont le manque de moyens de transport, l’absence de vols internationaux et la difficulté d’accéder à la Syrie même depuis le Liban pour les organisations humanitaires. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui quelques importantes associations chrétiennes lancent un appel à la levée des sanctions.

SOS Chrétien d’Orient s’active pour venir en aide aux sinistrés

Benjamin Blanchard, directeur de SOS Chrétiens d’Orient, souligne que les dirigeants français « font comme si la Syrie était rayée de la carte, comme si elle n’existait pas :

« C’est la grande oubliée, or la situation y est catastrophique. » Seule association à intervenir pour l’instant en Syrie, Benjamin Blanchard continue : « C’est la double peine ; non seulement, la France n’apporte aucune aide à la Syrie mais, en plus, elle empêche quiconque d’en apporter — un Syrien ne peut même pas envoyer d’argent là-bas — au prétexte de dire qu’on se cache derrière le gouvernement de Bachar al-Assad ».

« SOS Chrétiens d’Orient espère que l’aide française et européenne ne se limite pas à la Turquie mais soit fournie à toutes les victimes, sans discrimination » communique l’association en réponse à un tweet de Gérard Darmanin se vantant d’envoyer des secouristes en la seule Turquie.

« Nous pensons que le moment est venu de suspendre les sanctions pour permettre aux secours d’arriver en abondance et le plus rapidement possible, pour aider la population épuisée par la guerre et le tremblement de terre », lit-on pareillement dans une note de la Communauté de Sant’Egidio. De même, le chef du Croissant-Rouge syrien, Khaled Haboubati, dans un discours diffusé par l’agence Sana, invite « tous les pays de l’Union européenne à révoquer les sanctions économiques contre la Syrie ».

Comment aider les personnes touchées par le tremblement de terre

L’équipe de SOS Chrétiens d’Orient s‘active en Syrie pour venir en aide aux sinistrés. Vous pouvez les aider en faisant un don :  https://jedonne.soschretiensdorient.fr/urgence/seisme/~mon-don

Francesca de Villasmundo

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