Il avait été décidé, par les services du Vatican, que Jorge Maria Bergoglio prononce un discours sur ces lieux chers à la communauté juive internationale. Mais l’évêque de Rome en a décidé autrement à quelques jours de son départ. Pour rendre plus solennel encore cet événement primordial des Journées mondiales de la Jeunesse, le père Lombardi a communiqué que le pape François visitera le lager d’Auschwitz et Birkenau, le vendredi 29 juillet, mais qu’il ne prononcera pas de discours, il restera en silence et priera en privé : « il ne dira pas de paroles, dans un silence de douleur et de compassion. »
Ensuite, toujours dans le camp, le pape rencontrera 10 survivants d’Auschwitz qui lui remettront une bougie qu’il se devra d’allumer ainsi que « 25 justes des nations » et ira se recueillir seul dans la cellule du Franciscain Maximilien Kolbe.
Cette décision tardive de garder le silence a été applaudie par la communauté juive italienne qui rappelle par ailleurs le devoir « de ne pas oublier le leçon de la Shoah ». Sa représentante, Noémie De Segni, a tenu à manifester sa satisfaction à travers un message adressé au pape François :
« Je tiens à dire que j’ai beaucoup apprécié votre choix de ne pas intervenir avec un discours formel mais de concentrer l’émotion de cette visite, si significative, dans un long et intense silence. Une forme de prière qui frappe et qui sera l’écho des cris et de la douleur de tant d’enfants, mamans, jeunes hommes qui de cette terre ne sont pas revenus.»
« Votre visite, écrit-elle au détenteur du trône pétrinien, devient l’emblème d’un parcours introspectif de redécouverte et de défense des valeurs plus profondes, respect de l’autre et respect de la vie, qu’aujourd’hui de nouveaux et terribles ennemis semblent mettre en discussion ainsi que les formidables conquêtes que l’Italie, l’Europe, le monde entier ont su conquérir depuis l’après-guerre.
Fruits d’un pacte entre les générations, né des cendres d’Auschwitz-Birkenau et des autres lieux de mort de cette époque, la démocratie, l’intégration Européenne et l’existence d’Israël, sont la preuve du long chemin parcouru pour ne pas oublier la dramatique leçon de la Shoah et pour garantir à tous, sans exclusion, un futur meilleur et prospère. »
Toujours ce rêve maçonnique d’un monde meilleur, bâti sur les ruines des nations européennes et des identités d’Avant-Guerre, avec comme fondement la démocratie mondiale, le politiquement et historiquement correct, l’Union Européenne, avant-garde de la gouvernance mondiale, et bien sûr l’État d’Israël, le garant de la pensée unique, le gendarme des esprits et des mentalités, le geôlier des déviants et des résistants au formatage idéologique né des décombres de la deuxième guerre mondiale.
« Jamais comme aujourd’hui, conclut-elle, les religions et leurs chefs ne sont autant appelés à être un exemple pour tous les citoyens, sans faire abstraction des propres idéaux, spirituels et culturels. Un long chemin d’engagement et de collaboration nous attend dans la prise de conscience que les éléments qui nous unissent sont plus nombreux et plus significatifs que ceux qui nous divisent. »
Il est singulièrement étonnant qu’une juive puisse adresser de tels mots au représentant du Christ sur terre. Le Christ, le Messie, Fils de Dieu incarné et honnis par les juifs, n’est-il pas l’élément le plus significatif qui divise irrémédiablement, depuis sa mort sur la Croix, sur le Calvaire, à Jérusalem, le monde catholique du monde hébraïque ?
Mais notre Après-Guerre a ses nouveaux dogmes œcuméniques, son suprême dogme shoatique, âme de l’union des religions. C’est notre temps, le temps de Nostra Aetate, le temps de l’église conciliaire qui aspire à la fraternité mondiale au pied d’un Dieu unique.
Pour ce voyage en terre polonaise de François, ces paroles de Noémie De Segni s’harmonisent parfaitement avec le credo œcuménique du pape polonais Jean-Paul II professé le 11 mars 1996 lors de l’audience accordée à une délégation du B’ naï B’ rith International:
« En un temps où les espérances de paix ont à nouveau été mises en danger nous devons renouveler notre prière et nos efforts pour insister sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous sépare. » (L’Osservatore Romano du 12 mars 1996)
A force d’insister sur ce qui unit les hommes des diverses religions, c’est du Christ que cette humanité post-moderne se sépare de plus en plus !
Francesca de Villasmundo
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !