Natalie Livingstone vient de publier un livre sur les femmes des Rothschild. Visiblement fascinée par ce qu’elle nomme « la plus célèbre dynastie au monde », l’auteur de ce livre a compulsé de nombreux documents internes à la famille Rothschild.
« La découverte la plus étonnante, je l’ai faite dans les archives Waddesdon, à Windmill Hill. Là-bas, j’ai trouvé toute une collection de lettres échangées entre les femmes de la famille qui avaient été écrites juste au début de la Première Guerre mondiale, dans lesquelles elles discutaient du sionisme et de leur passion pour l’idée de la création d’un État juif. Elles évoquent beaucoup dedans leurs relations avec Chaïm Weizmann. A partir de là, j’ai pu reconstituer le lien incroyable qui avait uni les femmes de la famille Rothschild à la déclaration Balfour. », explique Natalie Livingstone
« L’épouse d’un Rothschild avait un si grand nombre d’obligations, elle était si sollicitée. Elles devaient avoir de nombreux enfants et elles devaient absolument donner un fils qui puisse devenir l’héritier. C’était incroyablement stressant pour elles. Les femmes devaient gérer des maisons immenses à la ville et à la campagne ; elles devaient organiser la vie sociale et elles devaient être à la disposition totale des hommes. C’était ingrat, parce que ces femmes étaient extraordinairement brillantes et qu’une grande partie de leur travail intellectuel, une grande partie des contributions artistiques et scientifiques dont elles ont été à l’origine ne leur ont jamais été attribués. », déclarait récemment Natalie Livingstone à Times of Israël. Et de signaler, par exemple, que la Bibliothèque juive bon marché, un projet qui avait été jusque-là attribué au rabbin David Aaron de Sola, était en fin de compte l’ouvrage de deux femmes de la famille Rothschild.
Le livre de Natalie Livingstone contient donc quantité d’informations intéressantes et méconnues.
Ainsi, au sujet de Hannah Barent Cohen (1783-1850), qui avait épousé Nathan Rothschild et dont ce livre nous apprend qu’elle avait commencé à acheter et à vendre des titres du gouvernement français au cours de l’été 1830, alors qu’elle se trouvait à Paris. « Elle avait des dons de voyance s’agissant du marché financier et elle écrivait à son époux, en le conseillant sur ce qu’il devait faire. Elle savait ignorer les fluctuations à court-terme et regarder le marché à long-terme. Nathan avait réalisé que son atout le plus précieux était son épouse et elle était devenue absolument indispensable à ses affaires – au point que sur son lit de mort, Nathan avait dit à ses fils qu’ils ne devaient pas prendre de décision sans consulter leur mère au préalable. Ce n’est pas une histoire qui nous est racontée. Ce n’était pas une histoire convenable à raconter. », affirme Natalie Livingstone, qui ajoute que c’est aussi cette Hannah Barent Cohen, épouse de Nathan Rothschild, qui joua le rôle principal pour que son fils Lionel Rothschild, devienne le premier membre juif [non-converti] du Parlement britannique.
Pour en revenir à la déclaration Balfour et au soutien de la Grande-Bretagne à la création d’un foyer juif en Palestine, Natalie Livingstone fait la lumière sur le rôle joué par Rózsika Rothschild (1870-1940) qui avait été frappée par sa rencontre avec le leader du mouvement sioniste Chaim Weizmann. Rózsika Rothschild écrivit dans l’un de ses essais : « J’adore les fanatiques et les idéalistes. Je les trouve très séduisants. Chaim Weizmann fait partie de ces hommes ». C’était elle qui en avait parlé à son mari Charles, et à son frère Walter. C’était elle qui avait mis en relation Weizmann et les Rothschild, et qui avait aidé à développer cette relation.
« Quand Rózsika et sa cousine Dolly (Dorothy) Rothschild (1895-1988) avaient rencontré Weizmann, c’était un rustre. Il portait avec beaucoup de fierté ses origines, c’était un enfant du shtetl. Pour convaincre de la nécessité de créer un État juif, pour frapper son auditoire, il racontait ces anecdotes incroyablement sanglantes au sujet de pogroms horribles et autres massacres à la table du dîner. Ce qui entraînait une forte répugnance dans l’élite politique anglaise, qui n’était pas habituée à une telle violence dans le langage. Rózsika et Dolly lui avaient appris comment communiquer, comment moduler le ton qu’il utilisait dans les salles à manger, dans les salons, dans le contexte politique. Si elles ne l’avaient pas fait, jamais Weizmann n’aurait été en mesure de faire avancer sa cause comme il est parvenu à le faire. », assure Natalie Livingstone.
Ce livre nous fait également découvrir Miriam Rothschild (1908-2005), végétarienne, qui a préparé le mouvement vegan et a aussi apporté sa contribution au rapport Wolfenden, en 1957, qui a entraîné à terme la dépénalisation de l’homosexualité en Grande-Bretagne.
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