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Le RN, ses méthodes, ses apparatchiks, ses dettes… Pascal Gannat raconte !

Exclu du Rassemblement National, Pascal Gannat explique la situation délétère de ce parti dans un entretien publié par le magazine L’Incorrect :

Paradoxalement, l’élément déclencheur, c’est mon entrée au bureau politique du FN, à la fin de l’année 2014 alors que je n’étais même pas adhérent. Au lendemain des élections départementales de mars 2015, j’ai fait remarquer que la droite ne s’est pas reportée sur nos candidats dans les cantons où nous étions opposés à la gauche au second tour. Bruno Bilde m’avait répondu qu’à son avis les « riches » ne voteraient jamais pour nous, amalgame surprenant entre l’électorat traditionnel de droite, majoritairement classes moyennes, voire populaire, et la grande bourgeoisie. Après le désastre des élections présidentielles de 2017, je cesse de siéger au bureau politique comme l’a fait également Marion Maréchal. C’est évidemment mal vu et je suis l’objet en interne d’agressions politiques permanentes dans ma fédération et mon groupe.

Je fini par être convoqué disciplinairement pour avoir retwitté l’élu LREM de Saint-Germain-en-Laye Agnès Cerighelli et critiqué Sébastien Chenu au sujet de l’agression d’un transsexuel.

Ils m’ont donc collé une histoire de prêt non remboursé au parti pour payer un kit de campagne facturé plus de 6 000 euros et que je n’ai même pas utilisé, car livré trop tard. Mon entreprise a connu de nombreuses difficultés suite à mon investissement au sein du FN puis du RN : être un professionnel indépendant expose. J’avais un accord sur ces questions financières, avalisé en interne, que je respecterai. C’est de la basse politique alliée à une dénégation du réel sur les conséquences personnelles de l’engagement militant. Au sein de la commission de discipline ne siègent pas une majorité de militants désintéressés, mais bien des apparatchiks vivant de la politique.

Le RN est-il réellement en difficulté financière ?

Les comptes du RN sont publics et publiés chaque dans le Journal Officiel comme la loi l’impose. Le calcul est simple : le parti à un passif de 20 à 25 millions d’euros pour des recettes de 5 à 6 millions d’euros par an. Du fait de la liquidation programmée du micro-parti de Jean-Marie Le Pen, Cotelec, la dette du FN-RN à son égard va être exigible prochainement.

L’emprunt fait en Russie n’est pas intégralement remboursé et celui qui a racheté la créance est un étrange loueur de voitures moscovite. Marine Le Pen pourra toujours faire des appels aux dons mais il existe néanmoins un risque d’assèchement financier du parti. De plus, l’affaire Sylvie Goulard est une autre mauvaise nouvelle pour le RN car le traitement de l’affaire des assistants parlementaires du Parlement européen peut entraîner une condamnation de Marine à l’inéligibilité avant 2022. Sans argent et sans candidate, le parti serait très mal en point. Pourquoi ce silence sur la réalité de la situation ?

Quelle est selon vous la stratégie politique à mettre en œuvre pour relever la droite nationale ?

Pour les municipales, dans la suite de l’Appel d’Angers pour l’Union des Droites, une liste d’union s’est constituée au Mans, intitulée « Bâtissons ensemble l’avenir du Mans » derrière le conseiller municipal RN sortant Louis de Caqueray-Valmenier, rejoint par un conseiller LR. J’espère qu’elle pourra aller au bout même si je n’y figurerai pas. La question stratégique à laquelle nous sommes confrontés est beaucoup plus vaste : l’union des droites doit se faire sur un programme commun concret. Il faut réfléchir à des propositions de fond sur des sujets aussi concrets que la fiscalité, le logement, les retraites, la redistribution sociale obsolète, le centralisme étatique, la fiscalité et les institutions européennes, que même Salvini ne rejette pas par principe. Bruxelles et l’immigration plus le mantra souverainiste ne font pas une politique sociale et économique. Dans un premier temps, j’ai apprécié le côté social de Marine Le Pen mais il masquait en fait une fascination pour le socialisme technocratique à la sauce Mélenchon. C’est évidemment une impasse qui explique pourquoi le RN, bien que Philippot soit parti, est passé à côté des Gilets Jaunes, qui réclamaient avant tout la reconnaissance de leurs libertés, de la valeur travail et de leur dignité, et non la proportionnelle intégrale ou le RIC.
Il s’agit au contraire aujourd’hui de faire émerger un vrai conservatisme alliant traditions et libertés. En région, il faut promouvoir les libertés locales face à la métropolisation. Nous devons faire évoluer nos finances publiques vers une véritable fiscalité locale adaptée aux spécificités régionales. De même je me sens plus proche de Bruno Retailleau que de certains parlementaires RN sur la PMA, ceux qui n’ont pas voté contre la loi lors du débat à l’Assemblée nationale. Sur ce sujet Marine déclare être contre la PMA pour des raisons juridiques et non morales. C’est une absurdité : le droit n’a pas à être coupé de la morale. Ma conviction est qu’au-delà des tactiques locales d’union des forces vives, l’avenir de la France passe par l’élaboration d’un programme commun, suscitant l’adhésion des Français en leur proposant une espérance, et en premier des classes moyennes, populaires et de la France des indépendants et des entrepreneurs, et obligeant les états-majors à s’en emparer lors des prochaines élections, ou à devoir disparaître, faute de former une majorité alternative.

Sans quoi après 2022, Macron réélu, le RN connaîtra le sort du PS et des LR.

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