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Le protestantisme, principe du libéralisme économique et du capitalisme

Comment restituer les communes au Christ-Roi ? Vaste question qui sera traitée à la prochaine UDT de Civitas qui aura lieu cet été.

Il est cependant possible de réfléchir dès à présent sur cette question en relisant quelques passages du magistral ouvrage de Mgr Lefebvre Ils l’ont découronné. Il est indispensable de le lire ou de le relire pour comprendre le libéralisme politique intrinsèquement lié au libéralisme religieux, pour en saisir les causes profondes qui sont à rattacher à la grande et première révolution européenne : la révolte protestante.

« Chapitre 1 – Les origines du libéralisme

(…) On ne peut, en effet, ni comprendre la crise actuelle de l’Église, ni connaître le véritable visage des personnages de la Rome actuelle, ni par conséquent saisir l’attitude à prendre vis-à-vis des événements, si on n’en recherche pas les causes, si on n’en remonte pas le cours historique, si on n’en découvre pas la source première dans ce libéralisme condamné par les papes des deux derniers siècles.

Notre lumière : la voix des papes

Nous partirons donc des origines, comme le font les Souverains Pontifes quand ils dénoncent les bouleversements en cours. Or, tout en accusant le libéralisme, les papes voient plus loin dans le passé, et tous, de Pie VI à Benoît XV, ramènent la crise à la lutte engagée contre l’Église au XVIe siècle par le protestantisme, et au naturalisme dont cette hérésie a été la cause et la première propagatrice.

La Renaissance et le naturalisme

Le naturalisme se trouve auparavant dans la Renaissance, qui, dans son effort de recouvrer les richesses des cultures païennes antiques, de la culture et de l’art grecs en particulier, a abouti à magnifier exagérément l’homme, la nature, les forces naturelles. En exaltant la bonté et la puissance de la nature, on dépréciait et on faisait disparaître de l’esprit des hommes la nécessité de la grâce, la destination de l’humanité à l’ordre surnaturel et la lumière apportée par l révélation. Sous prétexte d’art, on a voulu introduire alors partout, jusque dans les églises, ce nudisme – on peut parler sans exagération de nudisme – qui triomphe dans la chapelle Sixtine à Rome. Sans doute, envisagées du point de vue de l’art,ces œuvres ont-elles leur valeur, mais elles ont hélas pardessus tout un aspect charnel d’exaltation de la chair bien opposé à l’enseignement de l’Évangile : « car la chair convoite contre l’esprit, dit saint Paul, et l’esprit milite contre la chair »(Gal.5, 17). Je ne condamne pas cet art s’il est réservé aux musées profanes, mais je ne vois pas en lui un moyen d’exprimer la vérité de la Rédemption, c’est-à-dire l’heureuse soumission de la nature réparée à la grâce. Mon jugement sera bien autre sur l’art baroque de la contre-réforme catholique, spécialement dans les pays qui résistèrent au protestantisme : le baroque fera encore appel aux angelots joufflus, mais cet art tout de mouvement et d’expression parfois pathétique est un cri de triomphe de la Rédemption, un chant de victoire du catholicisme sur le pessimisme d’un protestantisme froid et désespéré.

Le protestantisme et le naturalisme

Précisément, il peut sembler étrange et paradoxal de qualifier le protestantisme de naturalisme. Il n’y a rien chez Luther, de cette exaltation de la bonté intrinsèque de la nature, puisque, selon lui, la nature est irrémédiablement déchue et la concupiscence invincible. Néanmoins, le regard excessivement nihiliste que le protestant porte sur soi-même aboutit à un naturalisme pratique : à force de déprécier la nature et d’exalter la force de la foi seule, on relègue la grâce divine et l’ordre surnaturel dans le domaine des abstractions. […]

Et ce naturalisme s’appliquera spécialement à l’ordre civique et social : la grâce étant réduite à un sentiment de foi fiduciaire, la Rédemption ne consiste plus qu’en une religiosité individuelle et privée, sans prise sur la vie publique.L’ordre public : économique et politique, est donc condamné à vivre et à se développer en dehors de Notre Seigneur Jésus-Christ. A la limite, le protestant cherchera dans sa réussite économique le critère de sa justification aux yeux de Dieu ; c’est en ce sens qu’il inscrira volontiers sur la porte de sa maison cette phrase de l’Ancien Testament : « Fais honneur à Dieu de tes biens, donne-lui des prémices de tous tes revenus, alors tes greniers seront abondamment remplis et tes cuves déborderont de vin » (Prov. 3. 9-10).

Jacques Maritain a de bonnes lignes sur le matérialisme du protestantisme,qui donnera naissance au libéralisme économique et au capitalisme : « Derrière les appels de Luther à l’Agneau qui sauve, derrière ses élans de confiance et sa foi au pardon des péchés, il y a une créature humaine qui lève la tête et qui fait très bien ses affaires dans la fange où elle est plongée par la faute d’Adam ! Elle se débrouillera dans le monde, elle suivra la volonté de puissance, l’instinct impérialiste, la loi de ce monde qui est son monde. Dieu ne sera qu’un allié, un puissant » (Trois Réformateurs, p. 52-53).

Le résultat du protestantisme sera que les hommes s’attacheront davantage aux biens de ce monde et oublieront les biens éternels. Et si un certain puritanisme vient exercer une surveillance extérieure sur la moralité publique, il n’imprégnera pas les cœurs de l’esprit véritablement chrétien qui est un esprit surnaturel, qui s’appelle primauté du spirituel. Le protestantisme sera conduit nécessairement à proclamer l’émancipation du temporel vis-à-vis du spirituel. Or c’est justement cette émancipation qui va se retrouver dans le libéralisme. Les papes eurent donc bien raison de dénoncer ce naturalisme d’inspiration protestante comme l’origine du libéralisme qui bouleversa la chrétienté en 1789 et1848. Ainsi Léon XIII :

« Cette audace d’hommes perfides, qui menace chaque jour de ruines plus graves la société civile et qui excite dans tous les esprits l’inquiétude et le trouble,tire sa cause et son origine de ces doctrines empoisonnées qui, répandues en ces derniers temps parmi les peuples comme des semences de vices, ont donnée n leur temps des fruits très pernicieux. En effet, vous savez très bien,Vénérables Frères, que la guerre cruelle qui depuis le XVIe siècle a été déclarée contre la foi catholique par les novateurs, visait à ce but d’écarter toute révélation et de renverser tout l’ordre surnaturel, afin que l’accès fût ouvert aux inventions ou plutôt aux délires de la seule raison » (Encyclique Quod apostolici, du 28 décembre 1878.)

Et plus près de nous, le pape Benoît XV :

« Depuis les trois premiers siècles et les origines de l’Église, au cours desquels le sang des chrétiens féconda la terre entière, on peut dire que jamais l’Église ne courut un tel danger que celui qui se manifesta à la fin du XVIIIe siècle. C’est alors, en effet, qu’une Philosophie en délire, prolongement de l’hérésie et de l’apostasie des Novateurs, acquit sur les esprits une puissance universelle de séduction et provoqua un bouleversement total, avec le propos déterminé de ruiner les fondements chrétiens de la société, non seulement en France, mais peu à peu en toutes les nations » (Lettre Anno jam exeunte, du 7 mars 1917.) »

(Mgr Lefebvre, Ils l’ont découronné, Partie I, Le libéralisme – Principes et applications).

Francesca de Villasmundo

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