Voilà une élection qui ne présente pas le moindre suspense: après dépouillement de 90,2% des bureaux de vote, le projet de réforme constitutionnelle de Matteo Renzi a été massivement rejeté par 59,7% des suffrages exprimés, avec une participation de 68,4% des inscrits, soit presqu’autant qu’aux dernières élections législatives de février 2013 (72,2%).

Au moins 17 des 20 régions italiennes ont rejeté le projet: le suspense demeure pour la région Emilie-Romagne, l’ancien fief historique du parti communiste italien, et actuel fief du parti démocrate de Renzi, où le non obtient pour l’instant 49,7% des voix alors que 6% des bureaux de vote n’ont pas encore donné leurs résultats. Dans cette région, la petite ville de Brescello, où ont été tournés les Don Camillo, très marquée à gauche, a nettement rejeté le projet de Renzi, par 57,6% des suffrages exprimés. Suprême échec pour celui-ci.

Les deux autres régions qui ont voté en faveur du projet de Renzi sont le Trentino-Alto-Adige et la Toscane, ces deux régions sont très marquées à gauche.

Le critère gauche-droite n’est pas le seul à avoir joué. La distinction traditionnelle en Italie entre le Mezzogiorno (sud), plus pauvre, moins industriel, mais plus touristique, et le Nord de l’Italie, plus industriel (notamment la Lombardie) et plus riche, a eu une grande influence dans ce scrutin, ce qui a eu comme conséquence d’atténuer la victoire du non dans des régions traditionnellement à droite, et de permettre la victoire du non dans des régions habituellement à gauche.

Deux exemples, la Lombardie (au nord), très marquée à droite, n’a pourtant voté non qu’à 55,5% (après le dépouillement de 80% des bureaux de vote); la Basilicata (au sud) très marquée à gauche, a pourtant rejeté le projet par une majorité très importante de 65,7% (après le dépouillement de 79% des bureaux de vote). Le sud a très massivement rejeté le projet de Renzi, parfois à plus de 70% (régions de Sardaigne et Sicile, province de Naples). Deux raisons peuvent être envisagées.

La première est que le projet prévoit une réduction de l’autonomie des régions au profit du pouvoir central. Le sud a craint d’en faire les frais, notamment dans l’hypothèse d’une réduction des subventions versées par l’Etat aux régions du sud.

La deuxième est que ce projet prévoyait de renforcer le pouvoir du Président du Conseil, donc de Renzi. Or, celui-ci est immigrationniste et le sud de l’Italie est particulièrement submergé par les vagues actuelles d’immigration massive en provenance de Syrie, certes, mais beaucoup plus encore de pays qui ne sont absolument pas en guerre. Le sud espérait donc lutter plus efficacement contre cette immigration en faisant « émigrer » loin du Palazzo Chigi (siège de la présidence du Conseil italien) son titulaire actuel, c’est-à-dire Renzi.

Ils y sont parvenu : celui-ci vient d’annoncer sa démission.

Reste à savoir si cela va déclencher des législatives anticipées. Nous le saurons dans les prochaines semaines.

G. Paume

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