Un « parti du pape » pourrait bien voir le jour prochainement en Italie. Le père jésuite Antonio Spadaro, a lancé une appel programmatique sur la revue de la Compagnie de Jésus La Civiltà Cattolica dont il est actuellement directeur.

Qu’El papa argentin fasse partie de l’opposition au « populisme » n’est pas une nouveauté. Comme le fait qu’une partie de l’Église conciliaire soit en train d’étudier la question d’un parti en mesure de prendre place au centre de l’échiquier politique. Mais si Antonio Spadaro, que certains voient comme le « conseiller en communication » de François, lance un ballon d’essai, alors la question commence à prendre du relief. Le théologien progressiste a choisi l’historique revue des jésuites, La Civiltà Cattolica, pour partager une série de mots d’ordre et de lignes de conduite politique ; pour publier le « manifeste » de ce que certains appellent déjà « le parti du pape ».

Le titre en lui-même est plus qu’explicite : pour le père Spadaro il est nécessaire de « redevenir populaire » à travers une formation centriste, progressiste et anti-souverainiste. Il est urgent de « réagir » pour lutter contre « la rhétorique de la peur », en clair les « populismes ». Il faut empêcher l’ascension des partis souverainistes qui risquent de gagner aux prochaines élections européennes et seront alors selon lui facteur de « chaos » :

« Plus que jamais, lit-on sur ce manifeste, le désordre demande une solide place internationale pour l’Italie et une activité politique extérieure en Méditerranée, point de rencontre entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Peut-être est-il important d’évoquer un « nouvel ordre méditerranéen. »

Bien entendu, un passage du texte programmatique concerne le thème qui divise, plus que tous les autres, l’opinion publique italienne mais aussi internationale : la gestion des flux migratoires, le « vivre-ensemble ». Sans surprise, on découvre que ce « parti du pape » mettrait au centre de son action l’accueil des migrants ! Pour Spadaro et pour le pape argentin, les conséquences de l’immigration sont un problème qui doit être affronté « avec discernement ». Et pour « discernement » il faut entendre « intégration ».

Et afin de bien enfoncer le clou, Spadaro saupoudre le tout d’un peu de bluff anxiogène : il n’est pas à exclure, prophétise-t-il, que le populisme ne finisse par se transformer en une bête noire totalitaire. C’est pourquoi les centristes, les « populaires » en italien, doivent revenir sur le devant de la scène politique « parce que l’on ne peut réduire la question du peuple au ‘populisme’ ». Et de s’appuyer sur une citation de 2010 de l’ancien archevêque de Buenos-Aires, le cardinal Bergoglio :

« Cela ne sert à rien un projet de peu et pour peu de personnes, d’une minorité illuminée ou de témoins, qui s’approprient un sens collectif. Il s’agit d’un accord sur le vivre-ensemble. C’est la volonté expresse de vouloir être peuple-nation dans le monde contemporain. »

Si le père jésuite se penche sur la question du chômage, la suite de sa réflexion est dédiée globalement à la défense de la démocratie représentative parlementaire mise à mal par Internet, les ‘populismes’, et la défiance des peuples à l’égard des élites de la démocratie-libérale. Le manifeste s’étend pareillement sur ce que le pape appelle de ses vœux pour soutenir l’actuelle démocratie et l’existence même de l’ Union européenne : « la participation sociale à la vie publique » en passant « d’habitants européens » à « citoyens européens ».

S’il n’est pas encore certains qu’un « parti du pape » voit le jour, il est clair cependant que, dans le cas d’une création effective, cette formation porterait en avant les thèmes de prédilection de Bergoglio : européisme, démocratie participative et immigrationnisme. Car « en somme, il faut se reconnecter, redevenir ‘populaire’ » est la conclusion d’un Antonio Spadaro totalement déconnecté de la réalité… Si les Italiens ont voté massivement pour La Ligue de Salvini lors des dernières élections, si bien des peuples européens approuvent les politiques anti-immigration de leur gouvernement ’populiste’, c’est bien parce qu’ils sont sevrés des discours humanitaristes et immigrophiles que l’intelligentzia démocratique et européiste leur sert depuis des décennies ! Une intelligentzia, à laquelle se rattache Spadaro, et qui est de plus en plus impopulaire…

Francesca de Villasmundo

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