Les services secrets américains ont-ils un accès direct aux informations collectées par les services secrets français ? Le sujet commence enfin à être abordé par quelques médias. Le nœud du problème : la société américaine Palantir, considérée comme experte dans l’analyse des données et de la prédiction, et qui a pour clients en France des entreprises stratégiques telles qu’Airbus ainsi que la DGSI, direction générale des services de renseignement intérieur.
Fondée en 2004, la start-up Palantir, créée par Peter Thiel (qui siège au conseil d’administration de Facebook et est un entrepreneur proche de Donald Trump) et dont le lancement a été soutenu financièrement par la CIA, s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux du traitement massif de données via des algorithmes et travaille désormais avec de nombreuses agences de renseignement américaines telles que la National Security Agency (NSA).
Or, en mai 2016, Palantir décroche un contrat de 10 millions d’euros auprès du renseignement intérieur français, la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure).
De quoi susciter des questions essentielles au sujet du risque qu’une porte dérobée soit cachée dans le logiciel américain et permette de s’emparer des secrets français.
Thomas Gassilloud, député LREM et corédacteur d’un rapport parlementaire sur la numérisation des armées, tire enfin la sonnette d’alarme :
« Ne pas contrôler ses outils peut avoir de graves conséquences technologiques »
« Nous l’avons vu avec le système GPS : c’est un outil performant et gratuit, mais qui peut être coupé ou bridé sur décision des Etats-Unis, et c’est pourquoi nous avons développé Galileo en Europe. Sans compter qu’il existe toujours un risque de fuites d’informations : même si on pouvait être certains que le logiciel de Palantir ne comporte aucune porte dérobée, il restera toujours le fait que vous dites à leurs employés ce sur quoi vous travaillez (…) »
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