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Le point de bascule, par Gilles Colroy

Changer l’Union européenne de l’intérieur

est une parole verbale qui résonne depuis 1984…

A quelques semaines des élections européennes, il est temps d’ouvrir les yeux sur les nouveaux contours d’un monde occidental en sérieuse déroute intellectuelle et, subséquemment, en sérieuse décomposition politique, économique et sociale.

La décomposition économique de ce monde est manifeste depuis que les Etats-Unis ont fait de la Chine leur agent manufacturier exclusif, embarquant dans la perte de contrôle de son navire amiral les navires secondaires européens. Dans les années 90, avec la chute de l’URSS, La Chine devait être le ressort de l’économie occidentale pour la faire triompher dans l’Histoire. Or, 30 ans après, la Chine est devenue non seulement son créancier mais son huissier. Pire, elle est aujourd’hui son exécuteur « testamentaire » : l’occident a donné les clés de son appareil de production à la Chine, qui se sert, exécutant ainsi ses dernières volontés. En transférant les savoir-faire industriels occidentaux vers les usines chinoises, les américains et leurs supplétifs européens ont plus que sacrifié leurs ressources industrielles et leurs ressources humaines, ils ont manifesté leur déroute intellectuelle. Emmanuel Todd est le seul intellectuel français à avoir bien saisi cette « défaite de l’occident »[1], initiée aux USA et portée par eux. La chute du protestantisme outre atlantique et de l’intellectualisme qu’il véhiculait dans le monde s’est abîmée dans le nihilisme. Ceci n’est pas pour nous déplaire. Mais ce nihilisme destructeur de la matrice américaine, engendre un nihilisme destructeur de la pensée occidentale et plus spécialement de la pensée européenne. Un nihilisme qui précipite les nations de l’occident dans des guerres absurdes, dans des guerres sans fin, dans des guerres gâchis, dans des pertes d’alliance.

Le nihilisme occidental renforce la puissance de ceux qu’il croyait dominer. La Russie, immense et peu peuplée, et loin de se défaire, se construit, se développe, accroit ses liens avec la Chine, accroit ses liens avec les BRICS qui seront plus nombreux demain. Un monde eurasiatique grossit, sans ambition hégémonique territoriale, aux dépens d’un monde occidental qui s’affaisse sans autre ambition que de se déconstruire.

Dans ce contexte, les élections européennes doivent nous alerter. La France doit-elle demeurer aux amarres d’une union européenne en déroute ou en pure perte des nations qui la compose ou doit-elle s’en affranchir ? Doit-elle continuer de danser avec les fous ou retrouver ces accents d’indépendance et de souveraineté qu’à différentes périodes de son Histoire sa survie lui a permis de recouvrer ?

Ne comptons pas sur Bellamy, Maupassant sans génie politique, pour nous aider. Ne comptons pas sur Bardella, artefact du nihilisme américain et Gibbs tout sourire, pour nous servir. Ne comptons pas davantage sur Marion Maréchal, égérie bleu méditerranéen à la  sauce Melloni, pour nous sauver. Tous les trois veulent nous faire croire que la maison sera plus belle lorsqu’elle sera repeinte; tous les trois veulent nous faire croire qu’ils nettoieront l’intérieur de l’auberge pour la rendre moins glissante ; tous les trois veulent nous faire croire que le Parlement européen peut réfréner l’appétit gargantuesque de la Commission à dévorer les nations. Ils nous trompent. Changer l’Union européenne de l’intérieur est une parole verbale qui résonne depuis 1984…

Si la France veut demeurer la France, il faut lui donner les moyens de le dire haut et clair, de le répéter et de le répéter encore. Dans l’hémicycle européen d’abord afin de le quitter un jour, puis dans l’arène politique française aujourd’hui, encore et toujours. Jusqu’à ce que la Macronie tressaille, que LFI se pende, que les écolos virent au noir et que les bobos filent chez leurs confrères outre-atlantique, outre-Manche ou outre-Rhin.

Le point de bascule est entre les mains de chaque français s’il n’a pas honte de s’affirmer tel devant les ennemis de la France, s’il n’a pas honte de le prier, à genoux, devant l’autel.

Gilles Colroy

[1] Emmanuel Todd, « La défaite de l’Occident », Gallimard 2024.

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